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Actualités - ANALYSE

Toujours la même lutte d'influence entre les pouvoirs ...

Pour meubler le temps en attendant la reprise — et le démarrage de la période active des présidentielles-, les politiciens s’attardent sur les dernières propositions du camp hraouiste. On sait, en effet, qu’un ministre proche de Baabda avance l’idée d’une immense table ronde regroupant les principales composantes du paysage public pour passer au crible Taëf et tenter d’en gommer les failles par une révision consensuelle de la Constitution. Ce ministre, évoquant l’échéance présidentielle, a affirmé qu’elle doit sonner le glas du système actuel. Il souligne, qu’à l’ombre de ce système, aucun chef de l’Etat, mais aussi aucun président du Conseil, ne peut initier un quelconque changement de fond. Et il rappelle au passage que M. Rafic Hariri lui-même est visiblement parvenu à la même conclusion,puisqu’il appelle maintenant de ses vœux un régime qui procéderait à une vraie réforme, en corrigeant une trajectoire de l’appareil d’Etat qui ne cesse de dévier. Mais pour nombre de politiciens comme d’observateurs, le système se confond finalement avec les personnes mêmes de ceux qui en sont les pôles. Autrement dit, si deux des trois présidents, comme cela semble presque certain, vont rester en place on ne pourra pas échapper après l’élection d’un nouveau troisième partenaire à la reconduction de la troïka en tant que telle. Car les moindres faits et gestes des dirigeants continuent à prouver que cet attelage tient toujours bon, plutôt d’ailleurs pour le côté négatif que pour le côté positif de la chose, malgré les dénégations de M. Nabih Berry qui soutient que la troïka est morte et enterrée. En d’autres termes, si cette disparition était effective, il n’y aurait tout simplement pas eu de bras de fer autour de la présidentielle (et de ses suites) entre le président de la Chambre et le chef du gouvernement… C’est donc toujours la lutte d’influence à couteaux tirés. On aura noté dans ce cadre la brillante campagne de promotion menée du côté haririen où l’on a mobilisé des figures historiques du pays pour soutenir le chef du gouvernement. Et pour affirmer, en visitant le Grand Sérail qu’il a fastueusement redoré pour en faire son fief, que c’est là «le centre même du pouvoir» au Liban.La fierté communautaire poussée à ce point risque de susciter des froissements chez autrui. On a ainsi pu entendre hraouistes et amalistes se récrier en chœur en commentant les déclarations des admirateurs du Grand Sérail (et de l’Arabie séoudite): «Est-ce à dire que nous ne sommes plus en démocratie et que les autres présidences comptent pour de la roupie de sansonnet… Et, à partir de là, la polémique sur le Grand Sérail rebondit de plus belle. Non seulement parce qu’il a coûté trop cher (56 millions de dollars) mais surtout parce qu’on en fait le siège du Conseil des ministres, alors que cette instance devrait, selon Taëf, avoir des pénates bien à elle. Et devrait également disposer de son propre cabinet (secrétariat général), non plus de celui qui sert au chef du gouvernement, comme c’est actuellement le cas. On en est à un tel point d’animosité que certains cercles beyrouthins estiment qu’il n’y aurait aucun inconvénient à ce que le chef de l’Etat se déplace et vienne au Grand Sérail pour présider le Conseil des ministres quand l’envie lui en prend! Une dépréciation qui offusque, il faut le dire, les haririens eux-mêmes. L’un d’eux rappelle à ce propos que «c’est justement par égard pour la présidence de la République que M. Hariri a préféré que le Conseil des ministres n’ait pas son siège propre. On évite ainsi de forcer le chef de l’Etat à se déplacer pour le présider et il peut donc continuer à le convoquer à Baabda quand il veut en diriger les débats». Un baume léger pour l’amour-propre des hraouistes et qui ne calme pas, tant s’en faut, leur irritation à l’encontre du chef du gouvernement. On sait en effet que M. Hariri a récemment déclaré (probablement à l’adresse du prochain chef de l’Etat) que le président de la République n’est plus aux termes de Taëf un arbitre, mais un simple partenaire — et non la tête — de l’Exécutif. Un constat que M. Elias Hraoui, mais dans une tout autre intention, ne manque d’ailleurs pas de tirer, quand il souligne que le Liban est un corps qui a trois têtes, pour réclamer qu’il n’en ait plus qu’une seule, à savoir un président de la République qui serait élu au suffrage universel… Toujours est-il que, pour la présente édition, c’est évidemment trop tard. Et, dès lors, retour à la case départ, le système de la troïka semble devoir garder toutes ses chances pour les six prochaines années…
Pour meubler le temps en attendant la reprise — et le démarrage de la période active des présidentielles-, les politiciens s’attardent sur les dernières propositions du camp hraouiste. On sait, en effet, qu’un ministre proche de Baabda avance l’idée d’une immense table ronde regroupant les principales composantes du paysage public pour passer au crible Taëf et tenter...