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Actualités - ANALYSE

Une envie maîtrisée, la prorogation

«Ils sont trop verts», dit le renard de la fable qui renonce à grappiller les raisins d’une treille trop haut placée… Aujourd’hui, les visiteurs de Baabda en rapportent des propos qui justifient pourquoi le maître de céans ne veut pas d’un nouveau bail. Que personne ne songe à lui imposer… «M. Hraoui, indique l’un de ces témoins, souhaite se reposer, se délester des accablantes responsabilités que, durant neuf ans, il a dû assumer». «Il a par ailleurs tant de griefs contre certains dirigeants qu’il estime tout à fait impossible de continuer à coopérer avec eux si la prorogation apparaissait comme une inévitable nécessité». «Le chef de l’Etat n’est pas du tout d’accord avec ceux qui proposent qu’on le proroge d’année en année. Il dit en substance: «S’il est indispensable que je reste et si le président Hafez el-Assad me le demande, je demanderais qu’on me réélise pour un nouveau mandat de six ou de trois ans car je refuse la prorogation année après année pour la présidence de la République». M. Hraoui pense en effet que cette formule sporadique rend le poste par trop instable et l’affaiblit face aux deux autres présidences qui seraient plus solidement assises». Ce qui, notons-le en passant, n’est pas tout à fait exact: un chef de gouvernement peut sauter à tout moment comme on sait; et quant au président de la Chambre, si son mandat est de quatre ans, il est sujet à réexamen au bout des deux premières années. Mais ce n’est là qu’un détail et le visiteur de Baabda signale que «le chef de l’Etat pense qu’aussi fort, aussi intègre que l’on soit, on ne peut rien changer à la situation. A son avis il faudrait pourtant modifier la Constitution et les mécanismes établis dont les ratés se sont multipliés durant le rodage de neuf années qui a suivi Taëf…». A cet effet, des ministres proches de Baabda proposent que l’on organise une immense table ronde autour de laquelle prendraient place les théoriciens représentant les différentes composantes socio-politiques du pays, pour passer au crible les accords de Taëf et retoucher en profondeur la Constitution qui en est issue. Un projet pour le moins irréaliste et qui tournerait sans doute à la tour de Babel s’il devait prendre corps. Toujours est-il que, selon une personnalité indépendante et néanmoins écoutée, «les indiscrétions que Baabda laisse filtrer actuellement en direction des médias montrent que le palais souhaite barrer la route à certains candidats. Et se dit que le plus sûr moyen serait encore de décrocher un nouveau mandat. Tant qu’on y est, on parle de six années d’un seul trait. Durée assez longue pour justifier qu’on veuille la placer sous le signe d’un nouveau système de pouvoir, plus gratifiant pour le chef de l’Etat. Cependant, par un réflexe de prudence élémentaire, l’intéressé laisse entendre qu’en cas de réélection il ne faut pas s’attendre à des miracles, que le changement ne saurait être que relatif et apporterait une simple amélioration aux conditions actuelles, non une véritable solution aux difficultés fondamentales du pays». «M. Hraoui, tout en répétant qu’il ne veut pas de la prorogation, laisse assez clairement entendre qu’il se ferait douce violence comme en 1995 si on la lui proposait. Il pose des conditions, laisse entendre qu’il ne veut plus faire équipe avec M. Hariri mais on peut supposer que, confronté à une proposition sérieuse de maintien, il se montrerait de bonne composition. En tout cas, le chef de l’Etat semble jouer ses cartes avec habileté. Il ne demande pas qu’on le reconduise dans ses fonctions et ne risque donc pas d’essuyer le camouflet d’un refus. En même temps, puisque techniquement rien n’est encore décidé, il laisse la porte ouverte en faisant comprendre aux décideurs que ce n’est pas lui qui rendrait la prorogation impossible, le cas échéant…». «Il se trouve cependant, conclut cette source, que le président Hariri, qui lui aussi sait manier les allusions, laisse entendre qu’on ne doit pas compter sur lui pour rendre la reconduction possible… Ni pour partager le surplus de pouvoir qu’il a et dont on voit les notables de sa communauté se féliciter les uns après les autres en défilant au Grand Sérail».
«Ils sont trop verts», dit le renard de la fable qui renonce à grappiller les raisins d’une treille trop haut placée… Aujourd’hui, les visiteurs de Baabda en rapportent des propos qui justifient pourquoi le maître de céans ne veut pas d’un nouveau bail. Que personne ne songe à lui imposer… «M. Hraoui, indique l’un de ces témoins, souhaite se reposer, se délester...