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Actualités - CHRONOLOGIE

Clinton voulait ramener Monica à la Maison-Blanche

Critiques, nouvelles révélations: les médias américains, mais aussi une partie du monde politique se sont de nouveau lancés à l’assaut de la Maison-Blanche, les propos tenus mercredi à Moscou par le président Clinton au sujet de l’affaire Monica Lewinsky risquant ainsi de se retourner contre lui. A en croire le très sérieux «New York Times», le président américain a affirmé au «grand jury» qu’il avait été troublé par le départ de l’ancienne stagiaire de la Maison-Blanche et qu’il avait discuté avec ses conseillers des moyens de la faire revenir. Bill Clinton a témoigné le 17 août qu’il en avait parlé en juillet 1997 à un haut responsable de la Maison-Blanche, Marsha Scott, également une amie de M. Clinton depuis le lycée, selon des avocats proches de l’enquête cités par le journal new-yorkais. Cette conversation constitue le premier élément indiquant que M. Clinton voulait faire revenir à la Maison-Blanche l’ancienne stagiaire, qui avait été transférée au Pentagone contre sa volonté en avril 1996. Marsha Scott a recontré Monica Lewinsky à deux reprises l’été dernier pour parler de sa carrière, selon les mêmes sources citées par le journal. Plusieurs responsables de la Maison-Blanche n’étaient toutefois pas favorables à un retour d’une stagiaire selon eux toujours à l’affût du président et pas particulièrement compétente, des raisons pour lesquelles ils ont demandé son transfert au Pentagone, toujours selon le journal. Bill Clinton n’a cependant jamais ordonné le retour de l’ancienne stagiaire ou demandé qu’un traitement de faveur lui soit réservé, a déclaré l’un de ses conseillers au courant du témoignage du président. Malgré ses propres demandes, Monica Lewinsky n’a jamais obtenu son retour à la Maison-Blanche. Elle a déclaré devant le «grand jury», qui fait office de chambre de mise en accusation, que Bill Clinton lui avait promis au printemps 1996, lorsqu’elle avait été transférée au Pentagone, qu’il la ferait revenir après les élections présidentielles de novembre de la même année, selon un avocat de Mlle Lewinsky. Par ailleurs, M. Clinton a déclaré, lors de son témoignage sous serment le 17 août, avoir cherché à aider Monica Lewinsky à trouver un emploi dans le privé en janvier, rapporte le «Washington Post» citant des sources proches du témoignage du président. Il a également reconnu avoir demandé à un autre haut responsable de la Maison-Blanche, John Hilley, s’il pouvait recommander Mlle Lewinsky. Il ne lui aurait cependant jamais demandé d’écrire une lettre en ce sens et aucune lettre de ce genre n’aurait jamais été écrite, selon des sources dans l’entourage du président, citées par le journal. Occasion manquée Par ailleurs, le refus du président de se laisser entraîner plus avant dans l’étalage des remords après son mea culpa risque de se retourner contre lui, dans un pays convaincu des vertus rédemptrices du repentir. Dans sa première déclaration publique à ce sujet depuis le 17 août, M. Clinton a à nouveau demandé aux Américains de tourner la page et de le «laisser retourner à son travail pour le pays», lors de sa conférence de presse mercredi à Moscou. Ce refus d’aller plus loin dans la contrition a été immédiatement critiqué par les commentateurs et abondamment souligné dans la presse américaine, unanime à remarquer jeudi que M. Clinton avait «à nouveau manqué une occasion de demander pardon». «Le président Clinton a encore évité de présenter des excuses directes pour sa relation illicite et pour ses mensonges à sa famille, ses collaborateurs et la nation», écrit ainsi le «New York Times». «Clinton a de nouveau refusé de demander pardon» note pour sa part le «Dallas Morning News». «Clinton à nouveau refuse de demander à être pardonné» titrait le «Washington Times», tandis que le «Chicago Tribune» notait que M. Clinton «avait refusé de présenter des excuses formelles pour ses actes». «S’il montrait plus d’émotion, s’il disait j’ai commis une faute, les Américains pourraient alors pardonner le fils prodigue, mais là il offense tout le monde» déclare pour sa part David Rodier, qui préside la chaîne de philosophie et religion à l’American University de Washington. «Ce pays est bâti, depuis l’Amérique coloniale du XVIIIe siècle, sur la notion religieuse de la confession publique de la faute cite-il. Cela fait partie de notre inconscient collectif et est entré dans le domaine politique: si vous confessez publiquement et sincèrement que vous avez fauté, cela doit être suffisant, et les gens sont supposés vous pardonner». M. Clinton, qui va à la messe tous les dimanches, a lu la Bible et prié avec le révérend Jesse Jackson la veille de son témoignage devant le grand jury et sa brève allocution télévisée. Deux choix M. Rodier estime par ailleurs que le taux de popularité de M. Clinton qui continue de dépasser les 60% ne signifie pas que les Américains pardonnent leur président. Les Américains «sont divisés entre une moralité puritaine des années 50 et une moralité post-révolution sexuelle» estime-t-il, mais «qu’ils approuvent ou non sa manière de conduire le pays, ils ne le respectent plus et cela est très dangereux politiquement. Les milieux politiques estiment également que M. Clinton, sur lequel continue de peser la menace d’une possibilité de procédure de destitution après la remise du rapport du procureur indépendant au Congrès, ne montre pas assez de remords. M. Clinton «doit avoir une conversation avec le peuple américain pour définir comment il propose de restaurer la confiance», a ainsi déclaré le sénateur démocrate de Floride Bob Graham. Un ancien conseiller du président Richard Nixon, Charles Colson, estime pour sa part dans un éditorial que, plus le président Clinton attend de s’excuser vraiment, plus le parallèle avec l’affaire Watergate se révélera fatal. «Il y a seulement deux choix honorables: le repentir ou la démission», écrit-il. La communauté religieuse américaine elle-même se montre divisée. Un groupe de représentants de plusieurs confessions a ainsi lancé la semaine dernière un appel «au pardon et à la guérison. «Nous ne sommes pas choqués par la faiblesse humaine, les présidents aussi commettent des fautes, nous sommes tous des pécheurs» indiquent-ils. Mais le directeur d’un séminaire baptiste du Sud — M. Clinton appartient à la religion baptiste — a demandé à ce que la congrégation à laquelle appartient le président dans son Etats de l’Arkansas prenne des mesures disciplinaires contre lui. Et pour la premier fois hier, trois sénateurs démocrates, Joseph Lieberman, Bob Kerrey et Patrick Moynihan, ont critiqué le président devant le Congrès pour avoir menti sur sa liaison. M. Lieberman, un sénateur du Connecticut, a recommandé, à terme, le vote d’une motion de censure à son encontre. Il a toutefois affirmé que la démission du président serait «injuste et inappropriée à ce stade» et a appelé M. Clinton à faire acte de contrition et à «accepter sa responsabilité personnelle» pour ses actions. MM. Kerrey, un sénateur du Nebraska, et Moynihan, un sénateur de New York, ont déclaré qu’ils partageaient l’avis de M. Lieberman. M. Lieberman s’est affirmé «profondément déçu et personnellement furieux» contre M. Clinton.
Critiques, nouvelles révélations: les médias américains, mais aussi une partie du monde politique se sont de nouveau lancés à l’assaut de la Maison-Blanche, les propos tenus mercredi à Moscou par le président Clinton au sujet de l’affaire Monica Lewinsky risquant ainsi de se retourner contre lui. A en croire le très sérieux «New York Times», le président américain a...