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Actualités - CHRONOLOGIE

Seul espoir pour le rouble : un conseil monétaire

Face à la crise économique et financière dans laquelle se trouve plongée la Russie, les experts ne voient d’autre solution que l’instauration d’un conseil monétaire, alors que le rouble a perdu environ 60% de sa valeur depuis la dévaluation décidée le 17 août dernier. Jeudi, la Banque centrale a fixé le cours officiel de la monnaie nationale à 13,4608 pour un dollar, en recul de 4,8% sur celui de la veille. Le marché des changes, fermé depuis une semaine et qui a rouvert ses portes jeudi, avait établi ce même cours pour son fixing. Mais en fin de journée, la dégringolade accélérait son rythme, et le rouble s’échangeait déjà à 16,2-18,7 roubles pour un dollar sur le marché des changes. «Quand ce genre de dévaluation commence, il n’y a aucune raison que cela s’arrête», commente un économiste occidental. Et «à la date du 3 septembre, vu le risque d’hyper-inflation qui se dessine, l’instauration d’un «currency board» est la meilleure solution», ajoute-t-il. M. Viktor Tchernomyrdine n’a donné aucune indication hier sur «les mesures cardinales» qu’il compte présenter aujourd’hui devant le Conseil de la Fédération (chambre haute), se contentant d’affirmer qu’il est «pratiquement impossible de stabiliser la situation par les voies ordinaires». Les mesures urgentes ont été arrêtées par le vice-premier ministre, le monétariste Boris Fiodorov, et par les gouverneurs régionaux. Parmi ces mesures figure l’instauration d’un conseil monétaire. Ces mesures ont été préparées notamment avec l’ancien ministre argentin de l’Economie Domingo Cavallo (un des promoteurs du «currency board» qu’il a implanté en Argentine), ainsi qu’avec l’ex-gouverneur de la Bundesbank Karl Otto Poehl, selon l’agence Interfax. Le FMI, en présentant M. Cavallo à la direction russe, a laissé entendre qu’il serait favorable à l’installation d’un conseil monétaire en Russie, alors qu’il l’avait combattu pour l’Indonésie de Suharto. Les réserves du plus bas Le conseil monétaire est une institution (généralement sous le contrôle de la Banque centrale et d’experts internationaux) chargée de vérifier que chaque émission de monnaie a une contrepartie rigoureuse en devise forte. Ce serait pour la Russie «la moins mauvaise solution». Mais «personne ne sait si le mécanisme peut fonctionner dans ce pays, en raison de sa taille», précise Thierry Malleret, de la société Alfa Capital. Ce mécanisme implique aussi des réserves en devises relativement importantes, et comme celles de la BCR n’entrent pas dans ce cas de figure — elle sont tombées à 12,7 milliards de dollars au 28 août —, il faudrait mettre en place un fonds de stabilisation. En outre en Russie, communistes et nationalistes risquent de rechigner à lier le rouble au billet américain, signe de l’impérialisme à leurs yeux. Le chute continue de la monnaie nationale a entraîné ce qui reste de la Bourse de Moscou vers de nouvelles profondeurs. Son principal indice, RTS, a perdu 6,40%, établissant un nouveau plus bas historique à 61,43 points. L’été dernier, il planait au-dessus des 500 points. Beaucoup de Russes parent à la baisse du rouble (et à la hausse des prix) en faisant des réserves, dépensant leurs billets en produits non périssables: farine, sucre, couvertures... Les magasins quant à eux révisent leurs prix plusieurs fois par jour. Certains responsables russes craignent l’apparition de sérieuses pénuries alimentaires, des entreprises étrangères ayant stoppé leurs livraisons, alors que les sociétés russes importatrices voient les droits de douane augmenter au fur et à mesure que le rouble perd de la valeur. Dans les anciennes républiques de l’URSS (dont les monnaies ne sont plus liées au rouble, mais dont les économies dépendent encore beaucoup de l’économie russe), les monnaies chutent également. Pour les places boursières européennes, l’éclaircie aura été de courte durée. Jeudi, elles ont rechuté à la suite de la dégradation de la tendance à Wall Street, du recul du dollar et de la nouvelle déroute du rouble. Londres a fini sur une perte de 2,23%, Francfort de 3,06%, Amsterdam de 2,77% et Zurich de 3,45%. Les places du sud de l’Europe ont également payé un important tribut à la baisse, Madrid reculant de 1,97% et Milan de 3,11%. Paris a fini sur une perte de 2,23%, effaçant ainsi le terrain regagné la veille (+2,29%). Pour l’instant, les autorités monétaires européennes gardent leur sang-froid face à la crise russe. Jeudi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Wim Duisenberg a estimé que la crise financière en Russie n’aurait pas d’impact sérieux sur l’économie européenne. «L’Europe a réagi jusqu’ici calmement», a déclaré M. Duisenberg. «Je crois qu’on peut s’attendre à ce que cela reste comme cela à l’avenir», a-t-il ajouté. Le président du directoire de Deutsche Bank, Rolf Breuer, a déclaré à Milan qu’il ne voyait «aucun signe précurseur d’un krach boursier, et nos clients n’ont absolument pas paniqué». Toutefois, selon Yves Mersch, président de la Banque centrale du Luxembourg (BCL), la crise en Russie risque de faire perdre aux banques luxembourgeoises quelque 10 milliards de francs luxembourgeois, soit 277 millions de dollars. La dette russe envers les banques luxembourgeoises, a ajouté M. Mersch est concentrée dans une petite poignée d’établissements, la plupart d’origine allemande. La chute du dollar était également jugée préoccupante sur les marchés des actions. Entraîné notamment par la baisse de Wall Street, le billet vert, qui perdait près de 9 centimes à Paris à 5,783 FF contre 5,87 FF la veille au soir, est sous pression face au yen à la veille d’un sommet entre le secrétaire américain au Trésor Robert Rubin, son homologue japonais Kiichi Miyazawa et Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine. Certains investisseurs craignent une intervention concertée en faveur de la devise nippone à l’issue de ces entretiens.
Face à la crise économique et financière dans laquelle se trouve plongée la Russie, les experts ne voient d’autre solution que l’instauration d’un conseil monétaire, alors que le rouble a perdu environ 60% de sa valeur depuis la dévaluation décidée le 17 août dernier. Jeudi, la Banque centrale a fixé le cours officiel de la monnaie nationale à 13,4608 pour un dollar,...