Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Beyrouth relativise la portée des menaces israéliennes

Après avoir eu des sueurs froides pour commencer, la plupart des membres du gouvernement excluent maintenant qu’Israël s’attaque à l’infrastructure libanaise, comme en ont proféré la menace des responsables israéliens. Et cela pour deux raisons: la «ligne rouge» fixée par les Américains; et le tollé mondial que cela provoquerait, surtout après les réactions de colère engendrées par les frappes U.S. au Soudan comme en Afghanistan… Dès lors à Beyrouth, on met ces menaces au compte des pressions qu’Israël exerce pour se retirer du Sud à ses propres conditions. Mais cette guerre des nerfs n’impressionne pas le Liban et n’a aucune prise sur lui. Pour la simple raison, d’abord, qu’il n’est pas autorisé à sortir de la ligne fixée pour lui, d’autant que la légalité internationale étaye une position fondée sur le droit de récupérer son droit sans rien concéder. Ensuite, sur le plan ponctuel, parce qu’il paraît évident que les Américains interdisent à Israël de biffer les «accords d’avril» parce que cela mènerait à une dégradation pouvant provoquer une nouvelle guerre régionale, dans la mesure où la Syrie ne resterait pas les bras croisés si le Liban était sérieusement attaqué, d’autres pays pouvant ensuite se solidariser avec eux. Toujours selon les ministres libanais, un élément essentiel dans la partie qui se joue est que l’opinion israélienne est parfaitement convaincue désormais de la nécessité d’un retrait du Liban, pour que cesse enfin l’hémorragie que la résistance inflige aux troupes d’occupation. Reflétant l’avis de la population, le chef de l’Etat israélien Weizman s’est lui-même posé des questions sur l’utilité d’opérations comme l’assassinat d’un cadre militaire du mouvement «Amal», en se demandant si les instigateurs de cette liquidation ont réfléchi à ses conséquences avant de l’ordonner. Pour ce qui est des garanties de sécurité qu’Israël exige, le Liban répète depuis des années qu’il pourra être considéré comme totalement responsable de l’ordre comme de la sécurité dans la région frontalière, mais après le retrait de l’occupant, pas avant. Le déploiement de l’armée libanaise permettra d’assurer cet ordre et cette sécurité, mais pas de les garantir car il n’est aucun Etat, aucune force au monde capable de prétendre offrir des garanties dans ce domaine. De plus aucun Etat ne peut garantir la sécurité d’un autre Etat quand il s’agit d’infiltrations, de raids de commandos ou d’opérations suicides. Israël est bien placé pour le savoir lui qui, malgré toute sa puissance, militaire ou policière, se trouve désarmé au Sud mais aussi à l’intérieur même de son territoire face à de telles actions. Rapports de force Cependant le président Nabih Berry oriente pour sa part son analyse dans une autre direction. A son avis en effet, il faut se méfier de Netanyahu sinon le redouter. Car ce dernier, sans être nécessairement paranoïaque, peut aujourd’hui penser qu’il est l’homme le plus puissant de la terre, puisqu’il a mis Clinton à genoux par le biais du Monicagate qui serait donc une machination sioniste… Le président de la Chambre souligne également que Netanyahu, contrairement à ses prédécesseurs, est débarrassé de la hantise de la puissance, politique ou militaire, que l’URSS pouvait mettre à la disposition du camp arabe, Moscou étant plongé aujourd’hui dans les affres d’un krach monétaire effroyable. Quant à l’Europe, elle n’est pas capable d’unifier ses positions, plusieurs de ses membres restant favorables, sourdement ou ouvertement, à Israël. De même on ne peut attendre grand-chose d’un Conseil de Sécurité des Nations Unies qui, depuis des années, n’arrive pas à faire appliquer ses résolutions concernant le Proche-Orient. Enfin le monde arabe vit une déliquescence sans précédent et ses rangs sont trop disloqués pour qu’il puisse faire vraiment front à Israël. A partir de ces considérations, Netanyahu se trouve actuellement, selon M. Berry, en position d’avantage et multiplie les menaces tous azimuts en sachant qu’il n’y a personne pour le contrer. Cependant le président de la Chambre souligne que même arrivé à ce degré de force, Netanyahu ne peut imposer la paix telle qu’il la conçoit aux Arabes, ni redessiner la carte de la région car aucune solution de contrainte n’est viable. A son avis, toute tentative dans ce sens ne peut qu’attiser la haine du monde arabe comme du monde islamique pour Israël et resserrer l’étau autour de lui.
Après avoir eu des sueurs froides pour commencer, la plupart des membres du gouvernement excluent maintenant qu’Israël s’attaque à l’infrastructure libanaise, comme en ont proféré la menace des responsables israéliens. Et cela pour deux raisons: la «ligne rouge» fixée par les Américains; et le tollé mondial que cela provoquerait, surtout après les réactions de...