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Actualités - CHRONOLOGIE

Crainte de ralentissement de l'économie mondiale mais pas de récession globale en vue

Les crises russe et asiatique ont porté des coups à l’économie mondiale qui vont provoquer un ralentissement généralisé de la croissance, mais il est trop tôt pour prédire l’arrivée d’une récession globale. Il est cependant déjà certain que les taux de croissance pour cette année seront inférieurs à ce qui était pronostiqué jusqu’à présent. Juste avant le déclenchement de la crise russe, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Michel Camdessus affirmait qu’il serait déjà satisfait si la croissance mondiale cette année ne se situait «pas trop au-dessous de 3%». En avril, le FMI tablait sur une croissance mondiale de 3,1%. «Il y a clairement un risque systémique aujourd’hui», affirme Christian de Boissieu, professeur d’économie à l’Université de Paris. Même s’il est «un peu trop tôt pour parler d’une déflation mondiale», il est vraisemblable que la croissance va ralentir dans l’Union européenne et les Etats-Unis, ajoute-t-il. «En France, on a déjà passé le sommet de la reprise», avertit-il. Paul Atkinson, chef des études par pays à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estime cependant que les économies des Etats-Unis et de l’Union européenne demeurent solides même si les crises en Russie et en Asie se sont révélées pires que prévues. «C’est un peu comme un vacancier sur une île tropicale: un orage est en train de se former sur l’océan, vous pouvez même voir l’eau s’agiter un peu mais vous ne savez pas s’il vous touchera», dit-il. «Jusqu’à maintenant, il n’y a vraiment rien qui ne puisse être résolu par la politique monétaire» et tant l’UE que les Etats-Unis devraient être peu affectés, ajoute ce haut responsable. L’inconnue japonaise Il reste cependant la grande inconnue du Japon, dont le poids est important dans l’économie mondiale, et qui doit accélérer ses réformes économiques pour sortir de la récession. Les récents soubresauts des marchés financiers montrent que la globalisation de l’économie, du fait de la libéralisation des échanges et des nouvelles technologies, a accru l’ampleur et la rapidité de réaction des flux d’investissements sur les nouveaux marchés. «La globalisation signifie qu’avec une information qui voyage autour du globe à la vitesse de l’éclair, les erreurs sont amplifiées et elles sont punies rapidement et souvent très douloureusement», explique Keith Rockwell, porte-parole de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). «Depuis 1995, les crises sont de plus en plus globales», constate Gérard Maarek, économiste au Crédit Agricole, qui explique que les investisseurs ne font guère de différence entre les pays émergents et qu’ils les considèrent comme un simple compartiment de leur portefeuille. Si l’un des pays devient trop risqué, ils se retirent de tous à la fois. La crise financière qui a éclaté la semaine dernière en Russie a des raisons qui lui sont propres mais elle est aussi le résultat des événements économiques mondiaux des douze derniers mois. Lorsque la crise asiatique a démarré l’an dernier, les économistes espéraient bien qu’elle pourrait être contenue à la région. Mais ses effets ont débordé. Elle a sapé la confiance des investisseurs dans tout ce qui ne ressemblait pas à un «havre de paix» pour leur argent tel que les actions et obligations américaines et européennes. Par ricochet, les marchés émergents d’Amérique latine ont été mis sous pression. La confiance déjà bien mise à mal envers la Russie s’est dégradée un peu plus. Et lorsque le rouble a été dévalué à la mi-août, les marchés latino-américains ont été à nouveau malmenés. Certains économistes craignent maintenant que la situation en Russie ne provoque une nouvelle panique en Asie et donc de nouveaux remous monétaires dans la région. Face à une conjoncture éminemment délicate, le Trésor américain, la Réserve fédérale et le fonds monétaire international poursuivaient leurs consultations vendredi pour décider des mesures à prendre. Auprès du FMI et de l’administration américaine, on faisait clairement savoir vendredi, à quelques jours de la visite du président Bill Clinton à Moscou, que la Russie devait maintenir le programme de réformes économiques sur lequel le précédent gouvernement s’était engagé en contrepartie d’une aide financière de 22 milliards de dollars accordée au début de l’été. Cette position est également partagée par les ministres des Finances des pays européens du G7, qui ont exprimé vendredi leur soutien à la poursuite du processus de réforme en Russie dans une lettre adressée à Viktor Tchernomyrdine. Le ministère français de l’Economie et des Finances a réitéré encore plus fermement cette condition en déclarant dans un communiqué que «le soutien de la communauté internationale et le retour de la confiance des investisseurs internationaux passe par la reprise d’un programme de réformes agréé avec le FMI».
Les crises russe et asiatique ont porté des coups à l’économie mondiale qui vont provoquer un ralentissement généralisé de la croissance, mais il est trop tôt pour prédire l’arrivée d’une récession globale. Il est cependant déjà certain que les taux de croissance pour cette année seront inférieurs à ce qui était pronostiqué jusqu’à présent. Juste avant le...