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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine s'accroche, le rouble s'enfonce Les Etats-Unis et l'Europe s'engagent à continuer d'aider la Russie mais Clinton réclame des mesures difficiles (photo)

Boris Eltsine reste. «Je ne démissionnerai pas», a-t-il annoncé vendredi en soirée, dans le même temps qu’il fixait les priorités pour la Russie: le programme économique et politique en cours de préparation et la formation du gouvernement. Les Etats-Unis et l’Occident sont venus à sa rescousse, faisant savoir qu’ils n’arrêteront pas leur coopération avec Moscou et continueront à l’aider. Mais, a précisé le président Clinton, l’Etat devra mettre en œuvre des mesures «difficiles» nécessaires à la remise sur pied de son économie. Des mesures d’autant plus indispensables que le rouble continue à s’enfoncer «Personne ne veut d’une Russie faible», a affirmé Sandy Berger, le conseiller du président Clinton pour la sécurité nationale, tandis que le chef de l’Exécutif qualifiait de «troublants» les derniers développements et confirmait sa rencontre imminente avec Boris Eltsine. Dans une adresse télévisée à la nation, Boris Eltsine a tenu à faire taire les rumeurs insistantes sur sa démission, affirmant publiquement qu’il «travaillerait jusqu’à l’élection d’un nouveau président» en juin de l’an 2000. Le président a également soutenu un revirement total de l’orientation économique du pays, prônant l’adoption d’un programme qui s’éloigne complètement de la rigueur menée jusque-là, dans un discours très confus et embrouillé. «Il faut se concentrer avant tout sur la mise en œuvre du programme qui est déjà rédigé, et résoudre les questions de personnes», a déclaré le chef de l’Etat, en référence à la formation d’un nouveau gouvernement et au texte d’un programme économique et politique en cours de discussions à la Douma. Ce programme prévoit notamment une émission monétaire, des nationalisations, un soutien à la production nationale et aux monopoles. M. Eltsine, dans une intervention dont seuls des extraits ont été diffusés, a également promis qu’«en tant que président (il) ferait tout pour que l’épargne ne soit pas atteinte». La dévaluation en cours touche de plein fouet les épargnants, qui ne peuvent même plus retirer leur argent des banques. «Je ne peux pas dire que les prix ne vont pas augmenter. Mais en tant que président, je dois faire de la sorte d’en minimiser les proportions», a encore dit M. Eltsine. Optimiste «Je suis optimiste», a ajouté le chef de l’Etat, alors que la crise a atteint un niveau sans précédent dans son pays. Le président a assuré en outre qu’il n’avait aucunement l’intention de dissoudre la Douma (Chambre basse du Parlement), qui avait lancé début juin une procédure de destitution du chef de l’Etat à l’initiative du bloc communiste. Cette procédure très complexe n’en est qu’à ses débuts. Dans la pratique, si l’atmosphère politique se calme et si le premier ministre désigné Viktor Tchernomyrdine est prochainement confirmé par la Douma, le prochain gouvernement pourra s’atteler au travail. Mais tard dans la nuit, la chambre basse demandait le report au 3 septembre du débat (prévu à l’origine pour lundi) sur la confirmation du premier ministre. Le programme anti-crise, rédigé communément par le Parlement et le gouvernement, et soutenu vendredi par M. Eltsine, prône ouvertement une utilisation de la planche à billets, des nationalisations, et la protection des monopoles. Autant de mesures prônées par les communistes, et négociées en échange d’un soutien parlementaire à l’investiture de M. Tchernomyrdine. «La profondeur de la crise financière actuelle exige (...) un rôle renfoncé de l’Etat et (une reprise) de l’inflation», a expliqué Alexandre Chokhine, député proche de M. Tchernomyrdine. Ces orientations économiques ont peu de chances de satisfaire les dirigeants et ministres des Finances du G-7 qui ont insisté vendredi auprès de M. Tchernomyrdine pour qu’il mène à bien le processus de réformes en Russie. Le libéral Anatoli Tchoubaïs, figure clef de la rigueur monétaire qui avait négocié en juillet un prêt de 22,6 milliards de dollars du FMI, a d’ailleurs été limogé vendredi de ses fonctions de négociateur auprès des institutions financières internationales. Devant l’effondrement du rouble, les prix dans les magasins de Moscou pourraient à nouveau être prochainement affichés en dollar, comme aux pires époques d’inflation, afin d’éviter le retour de pénuries. Le rouble n’est toujours pas coté sur le marché des changes russe. la banque centrale l’a artificiellement fixé à 7,905 roubles pour un dollar, mais dans la rue, le billet vert vaut déjà 15 à 20 roubles.
Boris Eltsine reste. «Je ne démissionnerai pas», a-t-il annoncé vendredi en soirée, dans le même temps qu’il fixait les priorités pour la Russie: le programme économique et politique en cours de préparation et la formation du gouvernement. Les Etats-Unis et l’Occident sont venus à sa rescousse, faisant savoir qu’ils n’arrêteront pas leur coopération avec Moscou et...