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Actualités - CHRONOLOGIE

Tchernomyrdine tente de stopper la dégringolade du rouble Démenti du Kremlin : pas de démission d'Eltsine

Le rouble dévisse, dans un climat de déliquescence générale: la tourmente atteint de plein fouet les principales places monétaires dans le monde; Moscou bruisse des rumeurs les plus folles dont l’une sur la démission à moyen terme du président Boris Eltsine, ce qui a obligé le Kremlin à opposer un démenti formel à cette nouvelle. Pendant ce temps, imperturbable, le nouveau premier ministre Viktor Tchernomyrdine s’engageait à stopper la dégringolade de la monnaie nationale, fortement encouragé en cela par Washington qui l’exhortait à poursuivre les réformes. «Si (Moscou) changeait son fusil d’épaule sur quelque élément fondamental que ce soit, cela nous inquiéterait sérieusement», a déclaré Sandy Berger, conseiller de la sécurité nationale auprès de Bill Clinton. «Il est très important que Tchernomyrdine mette sur pied aussi vite que possible un gouvernement qui prenne les mesures nécessaires pour régler les problèmes économiques (...), cela stabilisera la situation», a déclaré Berger. «Ce n’est que lorsque la Russie prendra ces mesures, susceptibles de ramener la confiance sur les marchés, que la situation se stabilisera et que nous commencerons à avoir un retournement de la tendance», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Le premier ministre désigné n’avait pas attendu l’encouragement américain pour monter au créneau. Notre première tâche, a-t-il annoncé, est d’empêcher que la chute libre du rouble ne détruise l’économie de la Russie. Viktor Tchernomyrdine a ajouté avoir le plein soutien du directeur du Fonds monétaire international (FMI), M. Michel Camdessus, qu’il a rencontré en Ukraine mercredi. Il a ajouté que, bien que les autorités russes admettent une certaine culpabilité dans la crise, la direction du FMI avait également reconnu «sa responsabilité morale». M. Camdessus, a-t-il affirmé, «ne nie pas sa responsabilité et soutient notre action. Nous apprécions». «La situation dans le pays est compliquée mais elle n’est pas ingérable», a indiqué M. Tchernomyrdine, qui a ajouté se préparer actuellement à prendre plusieurs «décisions importantes», avec ses plus proches conseillers. Le retour de Lebed Dans la soirée, le service de presse du Kremlin démentait, en la qualifiant d’«invention» et de «mensonge», l’information diffusée plus tôt par la chaîne américaine CBS selon laquelle Boris Eltsine aurait signé une lettre annonçant son intention de démissionner. «Le président russe exerce la totalité de ses prérogatives conformément à la Constitution et se prépare à la tenue d’une série de rencontres internationales extrêmement importantes, dont la première aura lieu vendredi avec le président bulgare Piotr Stoïanov», indique encore le Kremlin. La chaîne américaine de télévision CBS a fait état, interrompant ses programmes habituels, d’information non confirmées selon lesquelles le président Boris Eltsine avait signé une lettre non datée annonçant son intention de démissionner. Selon la chaîne, cette démission pourrait devenir effective après confirmation par la Douma du premier ministre désigné Viktor Tchernomyrdine. CBS ajoutait, sur la foi «de sources au Kremlin», que M. Tchernomyrdine sera nommé alors président par intérim et que des élections présidentielles interviendraient en Russie dans les trois mois. La chaîne de télévision ajoutait qu’une commission spéciale du gouvernement russe préparait dans le même temps un projet de loi pour assurer à Boris Eltsine une immunité au cas où ses opposants politiques voudraient s’en prendre à lui après son départ du Kremlin. C’est dans ce climat que le général Alexandre Lebed, l’un des prétendants au trône du Kremlin, a rencontré Viktor Tchernomyrdine pendant une heure et demie au siège du gouvernement. Le général Lebed, bien placé dans les sondages grâce à une image d’homme à poigne, a fait état d’une «unité de vues sur la façon de sortir le pays de la crise» à l’issue de son entretien avec M. Tchernomyrdine. Le général russe, depuis mai dernier gouverneur de la riche région de Kranoïrsk (Sibérie), est l’un des rares politiciens à avoir salué le retour de Viktor Tchernomyrdine, alimentant les rumeurs sur une alliance entre les deux hommes. En cas d’élection présidentielle anticipée, «il n’est pas exclu que le pouvoir en Russie soit assuré par un tandem Tchernomyrdine-Lebed, après un arrangement constitutionnel qui pourrait rétablir le poste de vice-président», écrivait jeudi le quotidien «Sevodnia». Alors que Boris Eltsine, réfugié dans sa résidence de Rous (100 kilomètres de Moscou) est muet depuis son intervention télévisée de lundi, le Kremlin a jugé «excessives» des propositions d’une commission Parlement-gouvernement visant à réduire les pouvoirs du président mais s’est gardé de les rejeter totalement, y voyant même des idées «fraîches et originales». Rumeurs Outre la démission de Boris Eltsine, les rumeurs les plus diverses ont couru à Moscou comme celle de la présence de chars aux portes de la capitale. La panique n’a pas encore gagné la population bien qu’elle se heurte chaque jour davantage à des distributeurs de billets fermés, des points de change dépourvus de dollars, des files d’attente devant les banques ou les portes closes des magasins qui vendent des produits importés dont les prix sont de plus en plus difficiles à fixer. Pour remédier à la crise aiguë des liquidités qui paralyse tout le système bancaire, une commission tripartite, réunissant des représentants du gouvernement et du Parlement, a proposé de faire marcher la planche à billets. Outre une émission de monnaie, qui relancerait l’inflation, ce programme suggère également des nationalisations, un soutien aux producteurs nationaux, une protection des monopoles, toutes choses qui vont totalement à l’encontre du programme du précédent gouvernement qui avait été mis au point en concertation avec le FMI. La Douma a conditionné la confirmation au poste de premier ministre de Viktor Tchernomyrdine, qui rencontrait à nouveau jeudi le chef des communistes Guennadi Ziouganov, à la mise en œuvre d’une nouvelle politique économique.
Le rouble dévisse, dans un climat de déliquescence générale: la tourmente atteint de plein fouet les principales places monétaires dans le monde; Moscou bruisse des rumeurs les plus folles dont l’une sur la démission à moyen terme du président Boris Eltsine, ce qui a obligé le Kremlin à opposer un démenti formel à cette nouvelle. Pendant ce temps, imperturbable, le...