Exprimant leur inquiétude après le dernier embrasement au Liban-sud Paris et Moscou appellent à une reprise sans délai du processus de paix

Un calme précaire et relatif — entrecoupé de tirs sporadiques d’artillerie — a régné au cours des dernières vingt-quatre heures au Liban-Sud, après le grave embrasement intervenu en début de semaine. Mais en dépit du fait que la tension a sensiblement baissé dans la région méridionale, certains hauts responsables demeurent inquiets quant à l’évolution de la situation à plus ou moins court terme. Le chef de la diplomatie Farès Boueiz a ainsi estimé hier que les risques d’attaques israéliennes contre l’infrastructure du pays ne sont pas totalement écartés . En tout état de cause, le dossier du Sud a été au centre d’un entretien d’une heure qui a groupé hier soir au palais de Baabda le président Elias Hraoui et le chef du Législatif Nabih Berry. La diplomatie libanaise, rappelle-t-on, avait entrepris le week-end dernier des démarches urgentes auprès de Washington et Paris dans le but de contrer les menaces proférées par certains hauts responsables israéliens qui avaient appelé ouvertement à des attaques contre les intérêts économiques et l’infrastructure du Liban, en signe de représailles contre les opérations de la résistance anti-israélienne. Les résultats des contacts entrepris à ce propos par Paris avec l’Administration américaine, l’Etat hébreu et le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, ont été communiqués hier après-midi à M. Boueiz par le chargé d’affaires français, M. François Senemaud. Aucune indication n’a été fournie au sujet du bilan des démarches françaises, et M. Senemaud s’est refusé à toute déclaration à l’issue de son entrevue avec M. Boueiz. A Paris, le porte-parole du Quai d’Orsay, Anne Gazeau-Secret, a souligné hier que la France «déplore les affrontements au Liban», affirmant que «la reprise sans délai du processus de paix est indispensable pour que ne s’allonge pas encore la liste des victimes de la violence au Proche-Orient». Abondant dans le même sens, le ministère russe des Affaires étrangères a souligné hier que «le regain de violence au Liban-Sud met en évidence la nécessité de remédier à l’impasse dans laquelle est parvenu le processus de paix au Proche-Orient». «Toutes les parties concernées doivent déployer des efforts conjoints afin de relancer, dans les délais les plus brefs, les pourparlers de paix, sur la base des principes de Madrid», a ajouté le porte-parole russe des A.E. Evoquant le récent embrasement au Liban-Sud, le porte-parole russe a invité Israéliens et Libanais à respecter les arrangements d’avril 1996. Renvoyant dos à dos l’Etat hébreu et le Hezbollah, le ministère russe des A.E. a souligné que les deux parties ont violé les arrangements d’avril du fait que les derniers bombardements ont visé aussi bien «des objectifs civils libanais que le Nord d’Israël, contrairement aux dispositions convenues en avril 1996». La majorité des Israéliens contre un retrait unilatéral Il convient de relever dans ce contexte qu’un sondage publié hier par le quotidien «Maariv» a révélé qu’une nette majorité d’Israéliens s’oppose à un retrait militaire unilatéral du Liban-Sud. 65% des personnes interrogées se déclarent opposées à ce que l’armée se retire sans un accord préalable entre Israël et le Liban, contre 29% qui y sont favorables. 6% ne se prononcent pas. Le sondage indique de plus qu’une large majorité d’Israéliens soutient la dernière opération miliaire au Liban. 69% des Israéliens approuvent l’opération, 20% s’y opposent et 11% sont sans opinion. Le sondage a été réalisé cette semaine sur un échantillon représentatif de 500 personnes. Il a une marge d’erreur de 5,4%.