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Actualités - CHRONOLOGIE

Frappes US : Ben Laden poursuivi par la justice américaine et Clinton par les tribunaux soudanais

La suite des frappes US contre le Soudan et l’Afghanistan semble curieusement prendre une forme légale, chacune des parties au conflit — agresseur et agressés — voulant étoffer son dossier devant l’opinion internationale. Ainsi la justice soudanaise a annoncé son intention de poursuivre le président américain Bill Clinton pour «violation du code criminel soudanais» après le bombardement de l’usine pharmaceutique «al Chifaa» de Khartoum qui, selon Washington, fabriquait des composants d’armes chimiques. (VOIR PAGE 12). Côté américain, Oussama Ben Laden a été inculpé par un «Grand Jury» fédéral (chambre de mise en accusation) pour avoir ordonné et contribué à financer une tentative d’attentat contre le président Bill Clinton en 1994 aux Philippines, a rapporté hier le quotidien «USA Today». Le quotidien, qui cite une source proche de l’enquête, a précisé que cette inculpation a été prononcée il y a trois semaines, avant les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es-Salaam (Tanzanie), dont Ben Laden est soupçonné par Washington d’être le cerveau. Ramzi Youssef, condamné pour l’attentat de 1993 contre le World Trade Center à New York, aurait déclaré à des agents du FBI que Ben Laden avait financé la fabrication d’une bombe devant servir pour une tentative d’attentat à Manille (Philippines) contre le président américain, selon «USA Today». L’attentat avait échoué car les terroristes n’avaient pu se rapprocher suffisamment du parcours emprunté par le cortège de Bill Clinton le 2 novembre 1994, a précisé le journal. Selon le quotidien, cette version des faits aurait été confirmée par Wali Khan Amin Shah, également impliqué dans l’attentat du World Trade Center et qui serait, selon les autorités américaines, un proche lieutenant de Ben Laden. Il aurait affirmé que Ben Laden avait ordonné l’assassinat du président, selon la même source. L’acte d’inculpation de la justice américaine contre Oussama Ben Laden mentionne également l’implication de celui que Washington présente comme le principal financier du terrorisme international dans des complots en vue d’assassiner le président égyptien Hosni Moubarak et dans l’attentat contre la base de Dhahran (Arabie Séoudite), qui avait fait 19 morts en 1996. Par contre, Ben Laden, aux yeux d’autres pays notamment les Philippines, «n’est pas un terroriste». «Les journaux américains désignent Oussama Ben Laden comme étant un terroriste, mais je suis certain que vous avez remarqué qu’aucune agence gouvernementale (philippine) ne l’a encore décrit en ces termes», a déclaré à la presse le secrétaire exécutif de M. Estrada, Ronaldo Zamora, un assistant du président Joseph Estrada. M. Zamora faisait cette déclaration à l’issue d’une réunion avec le président Estrada et son conseiller pour la sécurité, M. Alexander Aguirre, sur les attentats de Nairobi et de Dar es-Salaam et sur la situation d’Oussama Ben Laden. «Nous sommes familiers des activités des groupes associés à Oussama Ben Laden, mais je dois avertir tout un chacun que ces organisations ne sont pas toutes terroristes», a déclaré Ronaldo Zamora qui a ajouté: «En fait, plusieurs d’entre elles ne se consacrent qu’à des activités de type social... et beaucoup sont des organisations charitables en faveur des pauvres dans les parties musulmanes de Mindanao, ce qui explique la prudence de nos déclarations». M. Aguirre a indiqué à la presse à l’issue de la réunion avec M. Estrada qu’il ne disposait d’aucune indication sur une présence récente de Ben Laden dans le pays. Ben Laden «aurait pu» venir aux Philippines au début des années 90. Autre son de cloche intéressant, celui du journal émirati «al-Khaleej» qui estime que le millionnaire séoudien pourrait être livré par les taliban aux Etats-Unis en échange de gains politiques et économiques. «Nous n’excluons pas que Ben Laden se transforme en bouc émissaire et que les taliban s’en lavent les mains, mais cela dépend du prix politique et économique que les Etats-Unis sont prêts à payer en échange», écrit le journal. Al-Khaleej estime que le récent rappel à l’ordre de M. Ben Laden par le chef de la milice fondamentaliste, le mollah Mohammed Omar, «laisse comprendre que les taliban sont prêts à le laisser tomber dès qu’ils penseront qu’il ne leur est plus utile, surtout que les Etats-Unis commencent à leur faire miroiter l’éventualité d’une reconnaissance internationale et d’aides économiques». Le journal souligne qu’il y a déjà eu «des précédents dans lesquels des pays ont livré des personnes recherchées pour terrorisme parfois gratuitement et parfois en échange de quelque chose, comme cela s’est passé pour Ben Laden lui-même, chassé du Soudan à la demande de Washington, ou pour Carlos quand le Soudan l’a livré à la France dans le cadre d’un marché». (AFP, Reuters)
La suite des frappes US contre le Soudan et l’Afghanistan semble curieusement prendre une forme légale, chacune des parties au conflit — agresseur et agressés — voulant étoffer son dossier devant l’opinion internationale. Ainsi la justice soudanaise a annoncé son intention de poursuivre le président américain Bill Clinton pour «violation du code criminel soudanais»...