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Actualités - ANALYSE

Corruption : les laboratoires tardent à livrer le remède ..

Encore un régime d’écoulé sans que la loi dite d’«où-tiens-tu-cela», qui date de quarante-six ans, ne connaisse un début d’application. Parallèlement le projet de loi sur l’enrichissement illicite croupit en commissions parlementaires et ploie sous le poids d’innombrables amendements souvent contradictoires qui en font une chose tout à fait informe, inutilisable… Ce qui n’empêche pas le ministre de la Justice M. Bahige Tabbarah et le député M. Boutros Harb de se livrer à son sujet à une polémique aussi stérile que vénimeuse. Député du nord M. Issam Farès estime qu’il est vain de perdre son temps à discuter présidentielle puisqu’on sait qui décide au dernier moment… Et il se penche dès lors plus volontiers sur le spectacle de dirigeants qui tout en se lançant réciproquement les pires accusations, évitent soigneusement de faire de vraies révélations, afin que l’ opinion sache enfin la vérité. Le parlementaire s’exclame: «n’est-il pas étrange de voir les dossiers se refermer comme par magie avant qu’on ait eu le temps de rien y déchiffrer. Toutes ces menaces de révélations qu’on s’empresse de ranger dans les tiroirs après les avoir proférées. Tous ces scandales qui ne suscitent aucune enquête. Toutes ces infractions qui se produisent sans que personne n’en rende compte. Toute cette corruption qui ronge sans retenue l’Administration, pendant que les dirigeants se rejettent la responsabilité et tirent à boulets rouges les uns sur les autres. Cela alors que la population étouffe sous les contraintes économiques, financières et sociales». Un cri du cœur que M. Rafic Hariri doit comprendre: au cours de sa récente prestation télévisée, le chef du gouvernement a en en effet reconnu que des fautes ont été commises, qu’il y a sa propre part de responsabilité, que l’on ne peut plus continuer sur une telle voie, qu’il faut corriger la trajectoire. Il met l’accent sur le traitement des problèmes économiques, sociaux ou de la jeunesse, en rappelant la nécessité de soutenir l’industrie, l’agriculture et de pomper des investissements étrangers. Prenant verbalement le taureau par les cornes, M. Hariri dit au sujet de l’Administration, des scandales et de l’hémorragie de fonds publics, que l’Exécutif doit prendre des mesures radicales. Prenant les devants avant qu’on ne lui pose trop de questions, il a affirmé sans trop de précisions que «certaines incidences» avaient empêché la mise en place d’une réforme sérieuse de l’Administration. Il a admis qu’il existe nombre de fonctionnaires douteux qui ne devraient tout simplement pas détenir des responsabilités. Et il a pratiquement mis dans le même sac certains ministres, évidemment sans les nommer, en affirmant qu’à l’avenir «le Cabinet ne devra comprendre que des membres au-dessus de tout soupçon». On notera en passant que partout ailleurs dans le monde une telle déclaration s’accompagne forcément d’une lettre de démission. Mais ici c’est tout le contraire puisque M. Hariri s’engage à rester sous le prochain régime, si toutefois on le laisse former le gouvernement à sa guise, ce qui ne lui a pas été loisible jusqu’à présent. Se reprenant ensuite un peu par rapport à ses propres aveux, il soutient que le tapage sur les magouilles est exagéré, en s’abritant derrière le contrôle exercé par la Cour des Comptes et par le Conseil de la Fonction publique. Un certificat de bonne santé d’autant plus étonnant que tout de suite après M. Hariri indique qu’une ordonnance médicale est délivrée à travers «les clauses réformatrices que comporte le projet de loi relatif à l’échelle des salaires dans la fonction publique». Parallèlement M. Hariri, qui est lui-même un spécialiste du BTP (béton travaux publics) a souligné au cours d’une rencontre avec la corporation des entrepreneurs que les soumissionnaires techniquement habilités qui décrochent des contrats publics en concèdent trop souvent l’exécution à prix fortement réduit à des sous-traitants non qualifiés qui bâclent évidemment le travail. Si ce ne sont pas là des magouilles, on se demande ce que c’est… Et surtout on se demande comment espérer le changement, comment extirper le ver du fruit, quand le système, vicié à la base, est appelé à se maintenir, ses composantes étant inamovibles. Enfin, si les choses ne sont pas appelées par leur nom, si les coupables ne sont pas publiquement dénoncés et châtiés, jamais l’on ne pourra changer les mentalités et liquider la corruption.
Encore un régime d’écoulé sans que la loi dite d’«où-tiens-tu-cela», qui date de quarante-six ans, ne connaisse un début d’application. Parallèlement le projet de loi sur l’enrichissement illicite croupit en commissions parlementaires et ploie sous le poids d’innombrables amendements souvent contradictoires qui en font une chose tout à fait informe, inutilisable…...