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Actualités - INTERVIEWS

Il a annoncé son intention de rester au pouvoir Hariri : la présidentielle, une occasion pour le changement dans la pratique politique

Le premier ministre Rafic Hariri a estimé hier que l’échéance présidentielle était «l’occasion pour une réévaluation» des pratiques politiques dans le pays, une réévaluation qui devrait conduire au «changement». Reconnaissant que des «erreurs ont été commises» par les dirigeants, y compris par lui-même, il a néanmoins fait part de son intention de rester au pouvoir après l’élection du nouveau chef de l’Etat. M. Hariri s’exprimait dans le cadre de l’émission «Kalam el-Nass» sur la LBC. «Nous sommes aux portes d’une ère nouvelle», a-t-il dit, en référence à la présidentielle. Pour lui, «le changement est possible», mais cela doit être le résultat d’une «autocritique» de la part de l’ensemble de la classe politique. Tout en admettant qu’il y avait «certains problèmes dans les textes (la Constitution)», il a appelé à «corriger d’abord la pratique politique». Se voulant apaisant et se refusant à toute polémique, il a cependant indiqué qu’une des principales «anomalies à rectifier est le fait qu’on puisse être à la fois ministre et opposant». Interrogé dans ce cadre au sujet de sa relation avec le ministre chargé des populations déplacées, Walid Joumblatt, le chef du gouvernement a souligné que M. Joumblatt représentait «une force politique importante dont il n’est pas question d’abolir le rôle». En clair, M. Hariri a admis qu’on ne pouvait laisser M. Joumblatt hors du gouvernement mais il a ajouté que cela donnait au chef druze des «droits et des devoirs». «S’il s’en acquitte, il n’y a pas de problèmes», a-t-il dit, affirmant que des contacts se déroulent en coulisses pour un rapprochement avec lui. Faisant valoir son attachement au système démocratique, il a affirmé que le «Liban ne peut être gouverné par un seul homme. Il ne peut être géré que par le consensus». Il a reconnu dans ce contexte que la loi électorale était «mauvaise» et qu’il fallait la réformer avant les prochaines élections législatives prévues normalement en l’an 2000. «C’est l’une des erreurs qui ont été commises. Je reconnais que j’y ai moi-même contribué. Il n’est plus question de faire une loi électorale taillée sur mesure», a-t-il dit. Au sujet du rôle du président de la République, il a réitéré son point de vue selon lequel ce dernier, en tant que membre éminent du pouvoir exécutif, n’avait pas le droit d’être un «arbitre» entre les pouvoirs. «Il peut bien sûr être un arbitre dans certaines questions au niveau du pays, mais pas entre les pouvoirs exécutif et législatif», a-t-il dit. Il a indiqué qu’au cours des six années à la tête du gouvernement, il a connu dans sa relation avec le chef de l’Etat Elias Hraoui d’«excellents moments, comme aussi des «jours amers»». «Mais en fin de compte, j’estime que la coopération était bonne entre nous», a-t-il dit. Sur la présidentielle, M. Hariri a assuré que le rôle du peuple libanais dans l’élection est «essentiel» et qu’il était «faux» de dire que le choix du président est imposé de l’extérieur. Il a néanmoins reproché aux candidats potentiels de ne pas présenter leur candidature et leur programme. «Qu’ils fassent comme moi. Je me proclame candidat au poste de premier ministre et mon programme, je l’ai présenté», a-t-il déclaré. Il a promis de mettre la réforme administrative en tête de ses priorités et affirmé vouloir combattre le clientélisme politique au sein de l’administration. Il a toutefois souligné que ce combat devait être «collectif» et qu’il s’agissait de lutter contre une «mentalité politique». En outre, selon lui, «les ministres doivent être au-dessus de tout soupçon». Interrogé par ailleurs sur la possibilité de l’entrée de membres du Hezbollah au gouvernement, M. Hariri a indiqué qu’il n’était pas en mesure avant l’élection présidentielle de répondre par l’affirmative ou la négative, tout en rendant hommage à l’action du Hezbollah contre Israël et au «changement qualitatif» intervenu selon lui au sein de ce parti. Abordant le volet social, M. Hariri a affirmé que l’échelle des salaires pourrait être approuvée dès que les forces politiques dans le pays se mettront d’accord sur les moyens de son financement. Il s’est félicité par ailleurs de la stabilité monétaire et de la graduelle appréciation de la valeur de la livre affirmant que cette stabilité est en train d’encourager les virements et les placements de la diaspora dans la mère-patrie. Pour ce qui est des privatisations, le chef du gouvernement a mis l’accent sur la nécessité de recourir à ce procédé qui est toutefois «inopportun» dans le climat politique qui prévaut actuellement dans le pays. Prié de commenter les propos du député de Tyr, M. Mohammed Abdel Hamid Beydoun, au sujet du gaspillage au ministère des P et T, M. Hariri a, dans un premier temps, refusé de répondre affirmant qu’il ne se décidera de répondre à M. Beydoun que lorsque ce dernier aura réglé «son propre problème». Devant l’insistance des journalistes, M. Hariri a affirmé que le problème du député Beydoun se résume au fait qu’il souhaite devenir ministre. «Ce qui est peu probable tant que je serai à la tête du gouvernement», a-t-il dit. Au sujet des menaces israéliennes d’attaques contre les intérêts économiques au Liban et les forces syriennes, M. Hariri a déclaré: «La violence ne mène à rien». Il a réitéré par ailleurs la position officielle du Liban qui réclame l’application de la 425. Questionné à nouveau sur l’échéance présidentielle, M. Harri devait réaffirmer «qu’aujourd’hui même (hier), le président Elias Hraoui lui a réitéré son désir de se reposer et de céder sa place à un autre». Il a catégoriquement nié soutenir un candidat quelconque.
Le premier ministre Rafic Hariri a estimé hier que l’échéance présidentielle était «l’occasion pour une réévaluation» des pratiques politiques dans le pays, une réévaluation qui devrait conduire au «changement». Reconnaissant que des «erreurs ont été commises» par les dirigeants, y compris par lui-même, il a néanmoins fait part de son intention de rester au...