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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Le colloque des écoles catholiques : un débat de fond sur l'éducation aux valeurs

C’est une sorte d’examen de conscience que les écoles catholiques ont entamé hier à l’école des Sœurs de la Croix, à Bkennaya. Organisé par la Commission épiscopale pour l’éducation et la culture, le colloque annuel des établissements catholiques, qui se poursuivra jusqu’à jeudi, invite effectivement à une réflexion profonde sur le thème de «l’éducation aux valeurs». Rappelons que cette année marque par ailleurs le jubilé d’or du secrétariat général pour l’enseignement catholique. Premier à prendre la parole, le président de la Commission épiscopale, Mgr Youssef Béchara, a mis le doigt sur le danger qui menace de plus en plus l’équilibre de toutes les sociétés modernes, à savoir «la culture de la mort» qui prône par exemple l’avortement, l’euthanasie ou encore le suicide au nom d’une liberté qui, en réalité, est synonyme d’égocentrisme. Selon le prélat, les écoles catholiques n’ont pas le droit d’adopter une attitude de «neutralité» par rapport à ces questions. S’adressant aux prédagogues participant au congrès, Mgr Béchara a ainsi mis en garde contre «tout compromis» à ce sujet. «S’il le faut, n’ayez pas peur d’aller à contre-courant car le but de votre enseignement n’est pas de vous rendre populaires mais de semer dans l’esprit des fils de l’Eglise et de la patrie des principes profonds», a-t-il dit. Dans la foulée de l’évêque maronite, le ministre de l’Education, Jean Obeid, devait affirmer que l’Etat avait à cœur de servir tous les citoyens sans exception. Affirmant que le rôle du ministère était de donner des chances égales aux pauvres et aux riches, il a poursuivi dans ce sens: «Grâce aux missions religieuses, le temps de la discrimination sociale au niveau de l’enseignement est révolu. L’Eglise et les écoles catholiques ont joué et jouent dans ce cadre un rôle déterminant». Les problèmes concrets Représentant les comités de parents des écoles catholiques, l’avocat Michel Aoun a évoqué les différents problèmes de l’heure auxquels sont confrontés les parents d’élèves, en particulier la crise économique qui empêche l’inscription d’un nombre croissant d’enfants dans les établissements catholiques. Appelant dans ce cadre à une plus grande solidarité entre les parents, M. Aoun a évoqué d’autre part un mal dont pâtit la société, au niveau de ses jeunes, à savoir les sectes. «Aux écoles de mettre en garde les élèves contre le danger de ces hérésies», a-t-il dit. Autre problème à traiter, selon M. Aoun: les images de violence dont abusent certains médias et qui influent sur le comportement des jeunes. «Que de fois certains élèves recourent à la violence pour régler leurs comptes entre eux ou même avec leurs enseignants», souligne-t-il. «La musique assourdissante» comme le Hard Rock aurait aussi une mauvaise influence sur les adolescents, «les poussant au suicide ou à la célébration de messes noires», relève encore le représentant des parents d’élèves. D’où, selon lui, la nécessité de reprendre dans les écoles l’enseignement des bases de la musique et du chant. Déplorant d’autre part l’absence de l’instruction religieuse et civique dans certains établissements, M. Aoun a enfin énuméré un certain nombre de problèmes auxquels se heurtent les jeunes générations: la dislocation du noyau familial, le relâchement des mœurs, les films pornographiques, l’absence d’une véritable éducation sexuelle... Les nouveaux programmes Prenant ensuite la parole au nom des enseignants des écoles catholiques, M. Philippe Hajj a évoqué la question des nouveaux programmes scolaires officiels qui entreront en vigueur dès cette année. «Bien qu’ayant contribué à leur élaboration, en tant que délégués des établissements catholiques, (...) nous ne prendrons à l’égard de ces programmes aucune position négative ou positive, et ce, en attendant la publication des manuels qui y correspondent, et leur application d’autre part», a-t-il déclaré. M. Hajj a ainsi invité la direction de l’école à bien examiner les ouvrages qui lui sont proposés et de privilégier, dans son choix, le fond par rapport à la forme. Le secrétaire général des écoles catholiques, Mgr Camille Zeidan, a clôturé la session d’hier par un appel à la méditation au seuil du XXIe siècle. «Nous commençons à appliquer de nouveaux programmes; nous faisons face à des défis considérables dans un monde où les changements ont lieu à une allure folle de sorte que l’on finit par perdre le sens de l’appartenance et de l’identité», a-t-il dit avant de conclure par ces interrogations: «Où sommes-nous donc par rapport à la société de 1948? Et quelle sera celle de 2048?» Deux questions qui résument bien la réflexion à laquelle sont conviés les participants à ce colloque, mais aussi tous les pédagogues du Liban. Remise de médaille A l’issue de ces allocutions, Mgr Zeidan a remis au président de la Commission épiscopale pour l’éducation, Mgr Béchara, une médaille commémorant le jubilé d’or du secrétariat des écoles catholiques. Puis, un certain nombre d’élèves des institutions catholiques, lauréats aux épreuves officielles, ont reçu des prix et des bourses en récompense de leurs efforts. Notons qu’après un cocktail organisé pour l’occasion, le R.P. Jacques Loiselet et M. Georges Kutukdjian ont donné une conférence sur les thèmes suivants: «L’Eglise et la conquête du génome humain», les «Problèmes de bioéthique et d’éducation aujourd’hui». M. Kutukdjian, directeur de l’unité bioéthique à l’UNESCO, donnera ce matin une autre conférence sur la responsabilité des éducateurs. Sœur Aïda Nakhlé enchaînera avec les résultats d’un sondage sur les «jeunes entre la culture de mort et la culture de vie». La troisième séance traitera des «situations favorables et défavorables au respect et au développement de la vie au sein de nos institutions». Enfin, trois directeurs d’école, le R.P. Sélim Daccache, sœur Samira Alwan et le R.P. Simon Faddoul, parleront du «rôle de l’école catholique par rapport au respect et au développement de la vie chez les jeunes».
C’est une sorte d’examen de conscience que les écoles catholiques ont entamé hier à l’école des Sœurs de la Croix, à Bkennaya. Organisé par la Commission épiscopale pour l’éducation et la culture, le colloque annuel des établissements catholiques, qui se poursuivra jusqu’à jeudi, invite effectivement à une réflexion profonde sur le thème de «l’éducation aux...