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Actualités - CHRONOLOGIE

Congo : les rebelles se rapprochent de Kinshasa (photo)

Les événements semblent se précipiter en cette fin de semaine en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) où une nouvelle ville stratégique, Matadi, est tombée aux mains des opposants au président Laurent-Désiré Kabila. Les rebelles banyamulenge se sont ainsi rapprochés de la capitale Kinshasa, tandis que Paris, Londres et Bonn préparent l’évacuation de leurs ressortissants et que le mouvement contre le régime en place assure avoir reçu l’accord «implicite» des Etats-Unis et de la France, ce que le Quai d’Orsay dément formellement. «La France, a fait savoir le ministère des Affaires étrangères, n’est en rien mêlée aux événements actuels en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs». Mais selon une source proche de la rébellion, celle-ci «a agi de concert avec tous les représentants de l’opposition congolaise à l’intérieur et à l’extérieur». «Aux partenaires traditionnels de l’ex-Zaïre, nous avons expliqué que ce pays était un pays locomotive du continent africain, et qu’il y avait urgence de rectifier l’action qui avait conduit à la chute du régime de Mobutu, qui avait échoué de notoriété publique», selon cette source. Selon la source proche de la rébellion, ces contacts étaient «un secret de polichinelle». La rébellion devait seulement «éviter des images sur CNN de colonnes de gueux», donc préparer une «opération très précise, chirurgicale». La nette dégradation de la situation militaire a porté la France à envoyer vendredi un appareil civil à Kinshasa pour permettre le départ des ressortissants français. «La situation est très mouvante et nous suivons son évolution avec beaucoup de vigilance», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Anne Gazeau-Secret. A l’instar de Bonn, Londres pour sa part a demandé à ses ressortissants de quitter «immédiatement» le pays, faisant valoir que «des troupes rebelles approcheraient de la capitale». De fait, la ville de Matadi est tombée aux mains des Banyamulenge et «toutes les forces de Kabila ont été défaites», ainsi que l’a annoncé Bizima Karaha, un des responsables politiques de la rébellion. Les Tutsis congolais d’origine rwandaise contrôlent déjà les principales villes de l’est: Goma (Nord-Kivu), Bukavu et Uvira (Sud-Kivu) en Inga. Ils ont en outre pris le contrôle d’un barrage, vital pour l’approvisionnement en électricité de la capitale, ainsi que de nombreuses autres régions du pays. Désormais, les combats se déroulent à quelque 400 kilomètres de Kinshasa. «Casser du Tutsi» Vendredi, des soldats rebelles étaient rassemblés à Muanda, un port sur l’Atlantique, dans l’ouest du pays, attendant les ordres de leurs supérieurs pour marcher sur Kinshasa. La rébellion partie de l’est espère lancer l’assaut final à partir de Matadi, un port situé sur le fleuve Congo, au sud-ouest de la capitale, où ils renforcent leurs positions. A l’est, quatre avions civils gros porteurs ont embarqué plusieurs centaines de soldats de la rébellion vendredi matin sur l’aéroport de Goma (nord-Kivu). L’accès de l’aéroport était interdit aux journalistes et il a été impossible de savoir où devaient se rendre ces avions. «Le président Kabila se trouve en sa résidence du palais de marbre», à l’ouest de Kinshasa, a indiqué vendredi après-midi son conseiller à la communication, Dominique Sakombi Inongo. «Il avait auparavant séjourné pendant 24 heures à Lubumbashi, dans sa province d’origine, le Katanga (sud-est), avant de regagner Kinshasa vendredi matin», a indiqué une source diplomatique. Le président Kabila a limogé son chef d’état-major de l’armée, Célestin Kifua, nommé en juillet, selon une source proche du gouvernement. Aucun successeur n’a été officiellement désigné. Bien que le «bain de sang» ait été évité jusqu’à présent, une source diplomatique juge que «Kabila crée actuellement le cadre pour une guerre civile» en «distribuant des armes à feu et des machettes à la population de la capitale en disant qu’il faut «casser du Tutsi». «Le risque (d’affrontement ethnique) est (aujourd’hui) cent fois plus énorme que lors du départ de Mobutu», juge la source. La source estime toutefois que pour appeler à des affrontements ethniques, Kabila «a besoin des instruments de propagande que sont la télévision et la radio officielles», ce qui explique que, pour la rébellion, il est important «d’arrêter cette radio-TV qui devient un média de la haine». Du fait du danger d’affrontements ethniques, qu’il y a «urgence absolue d’arrêter Kabila» conclut la source. Selon elle, les deux grandes lignes du programme politique que veulent appliquer les rebelles sont le «métissage politique» et le libéralisme économique. Le «métissage politique» est nécessaire pour régler le problème du Kivu, celui de la sécurité aux frontières des pays voisins, et parce que le Congo «est un pays de 400 tribus». «Il ne faut pas dire: «Une tribu est minoritaire, donc il faut l’écraser», juge cette source. «Nous devons régler d’office le problème des Banyamulenge, qui ne sont pas acceptés au Zaïre, mais pas non plus au Rwanda», a-t-elle ajouté. Une politique économique «libérale» doit être menée dans tous les secteurs, notamment l’agriculture, le secteur minier et les communications, en laissant «fleurir» les initiatives privées, avec un Etat qui se limite à «baliser le chemin». «Dans le secteur minier, il faut passer des accords avec des firmes qui permettent de développer le pays, des firmes mondialement connues et qui ont fait leurs preuves», a précisé cette source.
Les événements semblent se précipiter en cette fin de semaine en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) où une nouvelle ville stratégique, Matadi, est tombée aux mains des opposants au président Laurent-Désiré Kabila. Les rebelles banyamulenge se sont ainsi rapprochés de la capitale Kinshasa, tandis que Paris, Londres et Bonn préparent l’évacuation de leurs...