Risque certain pour le processus de paix

Un risque certain pour le processus de paix au Proche-Orient: telle est la conclusion de plusieurs experts aux Etats-Unis après les frappes militaires contre le Soudan et l’Afghanistan. Ce nouveau coup porté au dialogue entre Palestiniens et Israéliens explique le fait que l’Egypte a pris ses distances avec Washington, bien qu’elle soit l’un des principaux alliés arabes de Washington et que ses relations avec Khartoum soient tendues. Les frappes militaires de jeudi sont susceptibles de conforter les pays arabes dans la certitude que les Etats-Unis pratiquent une politique à deux vitesses au Moyen-Orient, affirme John Esposito, directeur du Centre pour le dialogue islamo-chrétien de l’université de Georgetown. «Les critiques se demanderont pourquoi on ne constate pas la même volonté et la même énergie pour faire progresser le processus de paix, particulièrement en faisant pression sur le gouvernement Netanyahu», dit-il. «Un grand tort a été porté à la position de l’Amérique dans le monde arabe et musulman», a déclaré Hisham Sharabi, président du Centre d’analyse politique sur la Palestine, un cercle de recherche et d’études basé à Washington. «Les chances de voir le processus de paix restauré se sont envolées, a-t-il ajouté. Les attaques vont renforcer une opposition qui s’est développée au cours des deux dernières années contre les accords d’Oslo». Le Caire reproche à Washington d’avoir agi unilatéralement sans autorisation de l’ONU et compte «appuyer», selon l’ambassadeur soudanais en Egypte, la plainte du Soudan au Conseil de Sécurité. Samedi soir, le chef de la diplomatie égyptienne Amr Moussa a haussé le ton contre les Etats-Unis, même s’il a pris soin de ne pas les nommer. «Aucun pays ne doit prendre la place du Conseil de sécurité qui demeure l’autorité chargée de préserver la sécurité et la paix internationales. L’Egypte réclame de l’ensemble de la communauté internationale et non pas d’un seul pays de s’entendre sur des mesures» anti terroristes, a-t-il insisté. La presse gouvernementale de dimanche a déploré de son côté que les Etats-Unis n’aient pas agi d’une manière aussi ferme contre «le terrorisme d’Etat» pratiqué par Israël dans les territoires arabes occupés.