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Actualités - CHRONOLOGIE

Lockerbie : Londres et Washington acceptent un procès à La Haye Les deux pays exigent cependant que le tribunal soit composé de juges écossais (photo)

Dix ans après l’attentat de Lockerbie, Londres et Washington ont fait hier une concession en acceptant que les suspects libyens soient jugés aux Pays-Bas, mais les deux pays exigent que le procès soit conduit par des juges écossais, au risque de s’attirer un refus de Tripoli. Le régime libyen, qui a jusqu’ici toujours défendu l’idée d’une cour présidée par un Ecossais mais composée d’un panel international de magistrats, n’avait pas réagi officiellement hier à la proposition anglo-américaine en forme d’ultimatum. Cependant, en début de soirée, le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Esmat Abdel Meguid, estimait que la proposition anglo-US pourrait constituer «le début d’une solution». «La Libye et la Ligue arabe sont en principe d’accord, mais nous attendons des précisions», a-t-il ajouté. Londres et Washington, poussés au compromis par les familles des victimes du drame impatientes de sortir de l’impasse, ont clairement fait comprendre qu’il s’agissait de leur dernière offre. Cette solution «est à prendre ou à laisser» et ne donnera lieu à aucune négociation ni aucun délai supplémentaire, a affirmé le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright, ajoutant: «Nous demandons une réponse immédiate». Elle a expliqué qu’il s’agissait de «mettre la Libye au pied du mur» après dix ans de tergiversations et d’en finir avec la «frustration» ressentie par les familles des victimes. Le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, moins abrupt dans ses propos, a vient maintenant à la Libye d’honorer sa partie du contrat et de livrer les deux accusés», a-t-il ajouté. L’explosion d’un Boeing 747 de la Pan Am en 1988 au-dessus de Lockerbie (Ecosse) avait causé la mort de 270 personnes et Londres et Washington assurent détenir des preuves de l’implication de deux agents libyens dans cet attentat. Un haut responsable américain a affirmé qu’en cas de refus de livrer les suspects, Washington s’efforcera de convaincre d’autres pays d’imposer un embargo pétrolier à la Libye. Le ministre britannique des Affaires étrangères n’a pas voulu aller jusque-là, se bornant à dire «que le soutien international en faveur des sanctions sera (alors) renforcé». Washington comme Londres ont écarté l’idée d’un tribunal international et exigé que le procès se déroule selon le droit écossais, qui fonctionne selon des procédures distinctes de celles du Royaume-Uni, et sous la direction de magistrats officiant dans la région autonome. M. Cook a toutefois précisé que, contrairement à la pratique, il n’y aurait pas de jury populaire. Le responsable du ministère public en Ecosse, Andrew Hardie, a précisé qu’en cas d’accord de Tripoli, les deux suspects seraient détenus durant la durée des audiences dans des cellules gardées par des officiers écossais, selon la législation pénitentiaire en vigueur dans la région britannique. Dans un geste de conciliation à l’adresse de la Libye, il a ajouté que des «observateurs internationaux» seraient les bienvenus au procès. Les Pays-Bas ont immédiatement fait savoir lundi qu’ils étaient prêts à accueillir le procès dans les conditions fixées par Londres et Washington. «Le procès aura lieu dans un lieu qui reste à déterminer, par un tribunal écossais et selon la loi écossaise», a indiqué le ministère des Affaires étrangères, estimant qu’un «pas en avant a été fait pour trouver la solution d’un long problème». Les premières réactions des familles des victimes de l’attentat ont été très favorables à l’offre anglo-américaine. «Je suis euphorique», s’est extasié Jim Swire, l’un des animateurs de la campagne de mobilisation des familles lancée il y a dix ans. Martin Cadman, dont le fils Bill, un ingénieur du son de 32 ans a été tué dans l’attentat, s’est dit «extrêmement heureux». «Je ne me fais pas trop d’illusions sur la possibilité de voir la justice triompher en fin de compte, mais je pense qu’il s’agit d’un pas en avant», a-t-il commenté. (AFP, Reuters)
Dix ans après l’attentat de Lockerbie, Londres et Washington ont fait hier une concession en acceptant que les suspects libyens soient jugés aux Pays-Bas, mais les deux pays exigent que le procès soit conduit par des juges écossais, au risque de s’attirer un refus de Tripoli. Le régime libyen, qui a jusqu’ici toujours défendu l’idée d’une cour présidée par un...