La confirmation de Tchernomyrdine par la Douma s'annonce difficile (photo)

Plusieurs responsables parlementaires de l’opposition russe ont prédit hier que la confirmation de la nomination de Viktor Tchernomyrdine au poste de premier ministre par la Douma (chambre basse du Parlement) serait difficile. Le président Boris Eltsine a officiellement proposé hier la candidature de Vicktor Tchernomyrdine au poste de premier ministre dans une lettre adressée à la Douma, ainsi que dans une allocution télévisée dans laquelle il a quasiment présenté le nouveau premier ministre comme son futur successeur au Kremlin L’approbation de Viktor Tchernomyrdine «va être beaucoup plus difficile qu’il y a quelques années quand il a été investi pour la première fois», a déclaré Nikolai Ryjkov, le leader du Pouvoir au peuple, une formation alliée au Parti communiste, première force à la Douma. M. Tchernomyrdine, premier ministre de décembre 1992 à mars 1998, a été rappelé dimanche pour remplacer Sergueï Kirienko, limogé après seulement cinq mois à la tête du gouvernement. «Maintenant tout le monde comprend qu’il est impossible de mettre le pays en faillite en seulement cinq mois (...) et on va demander à Tchernomyrdine qu’est-ce que tu as fait? qu’est-ce que tu as transmis à Kirienko?», a ajouté M. Ryjkov. «Même s’il passe (à la Douma) ce sera avec une marge minuscule», a conclu Nikolaï Rijkov, interrogé sur la chaîne de télévision NTV. «L’opposition à la Douma va voter contre Tchernomyrdine. Sa nomination est une décision nuisible et dangereuse pour la Russie parce qu’il a mené le pays à des résultats déplorables», a pour sa part déclaré le communiste Viktor Ilioukhine. «Après cette nomination, une déclaration de Eltsine sur son départ peut suivre», fin septembre ou début octobre, a prédit le député. «Les représentants de l’opposition ont toujours dit que Kirienko n’était pas un cadeau pour la Russie mais ils ont aussi dit que Tchernomyrdine (...) est également incapable de sortir la Russie de la crise», a-t-il ajouté. L’opposition réformatrice représentée par Iabloko a également indiqué hier «n’avoir aucune raison de soutenir la candidature de Tchernomyrdine». «Ce retour ne donnera rien, l’attitude de Iabloko envers Tchernomyrdine et sa politique a toujours été négative», a rappelé Alexeï Melnikov, l’un des responsables de cette formation. Cette nomination est «une décision absolument irresponsable qui témoigne que le pouvoir a épuisé ses possibilités et qu’au Kremlin règne une peur énorme parce qu’ils ne savent absolument pas quoi faire quand le pays est confronté à une grave crise bancaire et à une hausse de l’inflation», a encore estimé M. Melnikov, interrogé par Echo de Moscou. Le leader ultranationaliste, Vladimir Jirinovski (LDPR) a pareillement prédit que Tchernomyrdine ne serait pas confirmé par la Douma. Le LDPR et Iabloko ne vont pas le soutenir «et un soutien des communistes et de leurs alliés n’aurait aucun sens», a-t-il déclaré, cité par l’agence Interfax. «Les communistes comprennent bien que Tchernomyrdine ne changera rien à la situation actuelle même s’il est confirmé, son gouvernement tiendra au plus six mois», a averti Vladimir Jirinovski. L’opposition, majoritaire à la Douma, avait également lors de la nomination par intérim de Sergueï Kirienko affirmé qu’elle ne le confirmerait pas dans ses fonctions. Sous la menace d’une dissolution, elle avait finalement approuvé la candidature du jeune libéral, au troisième tour de scrutin après un mois de débat houleux. (AFP, Reuters)