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Actualités - OPINION

Rebellion libanaise contre Larousse

Le docteur Elie Maalouf, président de l’Union des associations dentaires arabes, entre en rébellion contre les éditions Larousse. Il se déclare prêt à engager des poursuites judiciaires contre elles, si elles ne modifient pas leur définition du mot «libanisation» ainsi que la présentation qu’elles font de la zone de sécurité au Liban-Sud. Réagissant d’abord en tant que citoyen libanais, il a demandé et obtenu l’aval de ses collègues dentistes arabes (francophones ou non) pour soutenir son action. C’est ce terme «libanisation» qui a mis le feu aux poudres. Depuis le mois de mars dernier, une correspondance se poursuit pour tenter de trouver une issue au litige, en évitant la procédure légale. Dans tous les dictionnaires «Le Petit Larousse illustré», le terme est expliqué comme «un processus de fragmentation d’un Etat, résultant de l’affrontement entre diverses communautés ou confessions». L’Ordre des dentistes libanais, fort du soutien de ses confrères arabes, qualifie cette définition de «lapidaire et cavalière», et s’offusque d’une «telle méconnaissance» de l’Histoire libanaise. Les membres de l’Union élaborent leur argumentation selon deux points. Tout d’abord, le Liban a connu, «comme d’autres Etats», des périodes dramatiques dans une région tourmentée par sa situation de carrefour des religions monothéistes. Alors pourquoi prendre le Liban comme référence? Dans un second temps, ils estiment que «l’Histoire du Liban, ancienne et récente, démontre que les Libanais, dans leur majorité pluriconfessionnels, finissent par se mettre d’accord sur une formule de coexistence qui préserve l’entité de leur patrie». Dans ce cas, le mot n’est plus d’actualité. Après avoir consulté leurs spécialistes en linguistique et histoire, les éditions Larousse ont répondu que ce néologisme exprimait quelque chose «à la manière de», remplaçant ainsi le terme de «balkanisation». Se référant à des articles de journaux parus en France dans Le Monde et L’Express, ainsi qu’aux dictionnaires Hachette et Robert, Yves Garnier, directeur éditorial chez Larousse, justifie l’introduction du mot «libanisation» dans les dictionnaires à la fin des années 80, par l’emploi qu’en faisaient les journalistes, et par la réalité historique à laquelle il correspondait. Les éditions reconnaissent cependant que le mot, aujourd’hui, ne se rapporte plus au pays du Cèdre, mais selon elles, il continue d’être employé à propos d’autres régions (la Yougoslavie par exemple). D’où sa présence dans le dictionnaire en ces termes. L’Union des associations dentaires arabes reste néanmoins insatisfaite de cette réponse, car elle considère la définition du mot comme préjudiciable au peuple libanais. Elle souhaiterait que, dans ces documents consultés régulièrement par des millions de personnes, «la vérité» soit enfin rétablie. Avant de décider une action en justice, elle attend une dernière réaction, espérée positive, des éditions Larousse. Le second point de divergence, ancré dans le domaine politique, concerne l’Histoire récente du Liban. Dans la version 1998 du dictionnaire Larousse, la chronologie de la guerre présente ainsi l’année 1985: «L’armée israélienne se retire du Liban, établissant une «zone de sécurité» dans le Sud». Elie Maalouf met en cause l’énoncé, protestant que cette «zone de sécurité» est en réalité une zone d’occupation. Il déplore que le volet de la résolution 425 de l’ONU soit ignoré, rappelant les déclarations du président de la République française, Jacques Chirac, lors de sa visite à Beyrouth en mai 1998: «Israël doit se retirer du Liban conformément à la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU, sans poser de conditions». L’affaire (à suivre) illustre bien une difficulté majeure en matière politique: tout dépend de la définition...
Le docteur Elie Maalouf, président de l’Union des associations dentaires arabes, entre en rébellion contre les éditions Larousse. Il se déclare prêt à engager des poursuites judiciaires contre elles, si elles ne modifient pas leur définition du mot «libanisation» ainsi que la présentation qu’elles font de la zone de sécurité au Liban-Sud. Réagissant d’abord en tant...