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Actualités - CHRONOLOGIE

Série noire pour Clinton Le président mis en cause par le FBI dans un scandale financier La Cour suprême refuse de reporter la déposition de deux de ses avocats dans l'affaire Lewinsky

Alors que les revers légaux continuent pour la Maison-Blanche dans l’affaire Lewinsky, la Cour suprême ayant refusé de reporter la déposition de deux de ses avocats, une nouvelle «affaire» a surgi hier, le directeur du FBI, Louis Freeh, affirmant au Congrès que l’enquête sur le scandale du financement de la campagne électorale de 1996 met en cause le président Bill Clinton et le vice-président Al Gore. «Le sujet de cette enquête (...) porte sur un groupe particulier d’individus», a affirmé M. Freeh, qui témoignait devant une commission de la Chambre des représentants. Interrogé par le président de cette commission, Dan Burton, quant à savoir si ces individus comprenaient explicitement MM. Clinton et Gore, M. Freeh a répondu: «Oui, monsieur». Le directeur de la Sûreté fédérale a rappelé avoir recommandé à l’Attorney General (responsable de la Justice) Janet Reno la nomination d’un procureur indépendant pour prendre en charge l’enquête sur le financement de la campagne électorale de 1996 en raison d’un possible conflit d’intérêt entre Mme Reno, nommée par le président, et la Maison-Blanche. Mme Reno a déjà nommé d’autres procureurs indépendants, notamment Kenneth Starr qui enquête depuis quatre ans dans l’affaire Whitewater, un scandale politico-financier touchant la Maison-Blanche, et, depuis janvier, sur un possible parjure du président dans l’affaire Monica Lewinsky, jeune stagiaire avec qui le président aurait entretenu une liaison. M. Freeh a recommandé la nomination d’un procureur indépendant à Mme Reno l’an dernier et Charles LaBella, responsable pendant 10 mois de l’enquête préliminaire du département de la Justice dans les affaires de financement, a indiqué à la commission avoir fait de même le 16 juillet dernier. M. Burton, qui préside la commission chargée de la supervision des affaires gouvernementales, a menacé de convoquer pour jeudi un vote de sa commission pour faire déclarer Mme Reno coupable «d’outrage» à la législature si elle persiste à refuser de lui remettre copie des deux mémorandums de MM. Freeh et LaBella. Dans ces mémorandums, ils expliquent les raisons qui les ont amenés à réclamer la nomination d’un procureur indépendant. Seul l’Attorney General a pouvoir de nommer un tel procureur s’il juge possible un conflit d’intérêt ou s’il estime que de hauts responsables du gouvernement ont pu se rendre coupables de crimes. En théorie, Mme Reno risque une peine de prison si elle est convaincue «d’outrage» par le Congrès, mais de tels différends sont généralement réglés à l’amiable. Mme Reno, dans une lettre à la commission lue mardi par un des membres démocrates, a affirmé avoir besoin de trois semaines pour analyser le mémorandum de M. LaBella et décider de l’éventuelle nomination d’un procureur indépendant. Elle a également rejeté les demandes de la majorité républicaine pour l’accès aux mémorandums, affirmant que les autorités judiciaires devaient être «au-dessus même de l’apparence de pression politique partisane». Les scandales de financement touchent principalement aux efforts démocrates pour recueillir des fonds pour la campagne 1996, notamment auprès d’intérêts étrangers, en particulier en Asie. L’enquête actuelle, menée conjointement par le FBI et le département de la Justice, a déjà permis 11 inculpations, mais selon M. Freeh, «nous ne voyons pas encore la lumière au bout du tunnel». L’affaire Lewinsky Pour en revenir à l’affaire Lewinsky, et après le refus de la Cour suprême de reporter la déposition des deux avocats de la Maison-Blanche, l’un d’eux, Lanny Breuer, 40 ans, s’est alors rendu au tribunal fédéral à Washington, pour y être entendu par le grand jury (Chambre de mise en accusation populaire). Le second avocat, Bruce Lindsey, confident du président Bill Clinton, n’est pas à même d’être interrogé, se remettant d’une intervention chirurgicale subie la semaine dernière. Dans des documents de justice, les services du procureur indépendant Kenneth Starr ont indiqué qu’ils n’avaient pas «l’intention immédiate» de réclamer son témoignage. Le président de la Cour suprême William Rehnquist n’a donné aucune explication à sa décision, transmise oralement, et qui constitue une victoire légale de plus pour le procureur indépendant Kenneth Starr. M. Rehnquist avait été saisi en procédure d’urgence lundi soir par la Maison-Blanche. Après une bataille de plusieurs semaines, tranchée par la Cour suprême, le procureur Starr avait déjà obtenu le mois dernier le témoignage des gardes du corps du président Bill Clinton, dont leur chef Larry Cockell, une première dans une procédure criminelle. La Maison-Blanche s’est dite «un peu déçue» par la décision du juge Rehnquist, un porte-parole, Barry Toiv, ajoutant qu’elle restait déterminée à défendre le «principe très important» de la confidentialité des relations client-avocat, «non seulement pour ce président mais, ce qui est plus important, pour les futurs présidents». Une Cour d’appel avait estimé la semaine dernière que cette confidentialité ne pouvait être évoquée dans l’affaire Lewinsky par Bruce Lindsey ou les autres avocats de la Maison-Blanche, payés par le contribuable, comme le ferait un avocat privé. Le procureur Starr avait alors immédiatement cité à comparaître Lanny Breuer qui, lors d’une précédente comparution, avait évoqué cette confidentialité pour ne pas répondre à certaines questions. Lanny Breuer fait partie de l’équipe restreinte d’avocats qui, à la Maison-Blanche, s’occupe de l’affaire Lewinsky, qu’il s’agisse des citations à comparaître reçues de M. Starr, ou du «debriefing» de témoins interrogés devant le grand jury. Un accord passé entre certains avocats leur permet en effet de partager leurs informations. La Maison-Blanche a décidé de faire appel auprès de la Cour suprême de la décision de la Cour d’appel. Mais dans l’intervalle, après la décision du juge Rehnquist, rien n’empêche M. Starr de citer à comparaître d’autres avocats de la Maison-Blanche, dont le conseiller du président, Charles Ruff. M. Clinton, dans ce scandale sexuel qui empoisonne sa présidence depuis six mois, n’a plus guère de marge de manœuvre: déjà sa secrétaire personnelle, ses gardes du corps, son ami Vernon Jordan et plusieurs proches collaborateurs ont dû témoigner devant le grand jury. Lanny Breuer a fait de même mardi. Monica Lewinsky s’apprête à le faire peut-être dès cette semaine. M. Clinton ne peut plus guère chercher conseil qu’auprès de ses avocats privés et son épouse Hillary. Il a accepté de témoigner le 17 août sous serment et va passer d’ici là de longues heures à préparer ce témoignage, véritable casse-tête politico-légal: de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours pour lui conseiller de s’expliquer devant la nation, quitte à admettre avoir menti ou éludé des questions sous serment, en niant en janvier avoir eu des relations sexuelles avec Monica Lewinsky. Mais forte des sondages qui montrent un président toujours à plus de 60% d’opinions favorables, la Maison-Blanche ne semble pour l’instant pas disposée à suivre ces conseils. «Le président a dit la vérité sur cette affaire et continuera à le faire», a répété lundi le porte-parole Barry Toiv.
Alors que les revers légaux continuent pour la Maison-Blanche dans l’affaire Lewinsky, la Cour suprême ayant refusé de reporter la déposition de deux de ses avocats, une nouvelle «affaire» a surgi hier, le directeur du FBI, Louis Freeh, affirmant au Congrès que l’enquête sur le scandale du financement de la campagne électorale de 1996 met en cause le président Bill...