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Actualités - REPORTAGE

Beiteddine Orchestre baroque de l'Union Européenne : Musique raffinée pour un cadre princier (photo)

Raffinée et élégante cette musique semble prédestinée, comme dans une juste et secrète filiation, à résonner dans l’enceinte de cette cour princière des Maan où flotte un certain esprit toscan. Plus d’une vingtaine de jeunes musiciens (moyenne d’âge 25 ans!) placés sous la houlette de Roy Goodman forment l’ensemble de l’orchestre baroque et l’Union européenne dont la vocation profonde est de révéler les partitions de ce courant musical des XVIIe-XVIIIe siècles qui oppose sa prosodie aux lignes richement décoratives à celle plus austère de la Renaissance. Prestige de la musique baroque donc dans cette petite cour intérieure du palais de Beiteddine où l’on retrouve avec une grâce renouvelée, dans la fraîcher d’une nuit de velours, la beauté des accents des œuvres de Vivaldi, Purcell et Haëndel. Dès les premières mesures de l’ouverture de l’opéra «Ottone in villa» de Vivaldi, «prêtre roux» et maître d’archet incontesté de Venise, l’atmosphère était certes à une œuvre colorée, riche, vibrante mais où ne manquent guère aussi des points dramatiques et une émotion à fleur de peau. Narration continue dans le même registre de douceur feutrée et de gravité effleurée presque à la dérobée avec l’extrait «non te lusinghi» de l’opéra Tito Mauli où l’amour paternel a des accents d’une pathétique dévotion. Pour clôturer le cycle opératique vivaldien, un passage de «l’Atenaïde» où la passion a des reflets oscillant entre l’innocence bafouée et la fatalité des sentiments incontrôlables. Retour à une expression plus familière des œuvres de Vivaldi avec les deux concertis (pour deux hautbois) et celui grosso en G mineur où se révèlent l’originalité d’une écriture n’excluant guère de courtes et belles mélodies ainsi qu’une remarquable recherche de contraste et d’ampleur où l’instrument soliste se démarque avec assez d’audace pour l’époque, par beaucoup de virtuosité. Après l’entracte, sans changer radicalement d’atmosphère musicale, on passe des eaux de Venise aux brumes de l’Angleterre. «Les Chaconnes» de Purcell sont là pour nous rappeler l’intensité dramatique du discours de l’auteur de «Didon et Enée» à travers cette danse à trois temps où une basse obstinée développe ses variations dans un style contrapuntique d’une science et d’une pureté étonnante pour l’époque. Silence, les vents! (Silete Venti) mais avec Haendel, combien on aurait aimé que ces vents ne se taisent jamais... Voilà un mot et qui dévoile la face mystique de l’auteur de la «Musique de l’eau» qui révéla, par une parfaite synthèse de différents styles, l’enchantement d’une promenade aux bords de la Tamise. Malgré les apparences, Haendel n’est pas le musicien mystique pour qui l’art est moyen d’exprimer les élans de la foi. On pourrait plutôt parler de «drames sacrés» car sa musique garde beaucoup le caractère d’une libre inspiration. Elle montre en toute clarté une spontanéité, une pureté de la forme, une limpidité qu’on perçoit aujourd’hui comme la lumière à travers le cristal...
Raffinée et élégante cette musique semble prédestinée, comme dans une juste et secrète filiation, à résonner dans l’enceinte de cette cour princière des Maan où flotte un certain esprit toscan. Plus d’une vingtaine de jeunes musiciens (moyenne d’âge 25 ans!) placés sous la houlette de Roy Goodman forment l’ensemble de l’orchestre baroque et l’Union européenne...