Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le système de la troïka pourrait perdurer ..

A priori l’éviction du président Rafic Hariri paraît impensable. Mais en politique tout est possible, avec un peu de patience. Aussi certains s’attellent en cette période à un travail de sape axé sur la présidentielle. Ils pensent en effet que, pour éliminer le milliardaire, le meilleur moyen serait l’élection d’un nouveau chef de l’Etat qui ne pourrait absolument pas s’entendre avec lui. «Grand bien leur fasse», commente un ministre pour qui ces efforts sont «tout simplement ridicules. D’abord parce que ce sont les décideurs qui justement décident qui doit être élu, qui doit rester et qui doit partir. Et ensuite parce que, depuis Taëf, le chef de l’Etat n’a plus son mot à dire dans la désignation du président du Conseil, qui est du ressort de la majorité parlementaire. Si celle-ci, comme cela semble presque certain, porte son choix encore une fois sur M. Hariri, le président de la République ne peut que signer le décret de nomination». Et de noter ensuite que «les adversaires de M. Hariri savent que, pour le mettre sur la touche, ils doivent trouver deux oiseaux rares: un président de la République qui ait à peu près son entregent au dehors, pour compenser la perte d’audience que le Liban enregistrerait avec son départ; un chef de gouvernement fort à l’intérieur et capable de réunir autour de lui une équipe aussi cohérente qu’efficace. Il est déjà difficile, on s’en doute, de trouver une seule de ces deux configurations et quant à leur combinaison, on devrait probablement attendre cent ans ou plus, comme pour le passage d’une comète…». Une ironie qui paraît facile sinon déplacée, car le pays ne manque pas du tout d’hommes de valeur. «En fait, riposte un ancien dirigeant modéré, M. Hariri n’offre qu’un avantage indubitable: ses amitiés extérieures. Mais au vu de ses résultats, on peut en relativiser aisément les effets. Ce réseau a été en effet, il faut le reconnaître honnêtement, extrêmement utile quand les Israéliens nous ont attaqués en grand, en 93 puis en 96. En se déplaçant très rapidement, en tapant à toutes les portes, M. Hariri était parvenu à contenir ces agressions puis à en limiter les dégâts. Mais c’étaient là des crises ponctuelles et si personne n’aurait pu faire aussi vite, en définitive on se serait retrouvé grosso modo avec les mêmes résultats, à cause des lignes rouges américaines interdisant à l’ennemi sioniste d’aller plus loin. Ceci pour l’actif». «Le passif, enchaîne ce commentateur, paraît en comparaison bien plus lourd. Tellement qu’il faudrait des volumes pour en traiter. En nous contentant de rester dans la question des amitiés de M. Hariri à l’étranger, nous constatons qu’aussi étendues et fortes qu’elles soient, elles ne nous ont pas apporté un sou. Et il est inutile d’enfoncer le clou en évoquant le fameux Forum des Amis du Liban, tenu aux States en 96 et dont les 3 milliards de $ n’étaient qu’une fantasmagorique monnaie de singe…». Toujours est-il que, non moins «honnêtement», le ministre haririen cité plus haut reconnaît que «si un président en mesure de se passer de M. Hariri existe, les décideurs pourraient ne pas en vouloir. Pour la bonne raison que s’il est capable de mettre de côté un personnage de cette ampleur, il pourrait bien être tenté de court-circuiter l’influence des meneurs de jeu. Il faudra donc que le prochain président soit bien tenu en main, qu’il soit tributaire de tout aux décideurs, leur reste loyal et s’entende avec eux sans nécessairement s’accorder avec le chef du gouvernement. Car la même règle, diviser pour régner, devra rester en vigueur…». Ce témoin, qui voit les choses de l’intérieur, ne manque donc pas de lucidité. Ce qu’il annonce en réalité, c’est la perpétuation du système dit de la troïka. Au profit sans doute, du moins les premiers temps, de MM. Berry et Hariri qui auraient sur le nouveau président de la République l’avantage de l’expérience. On tombe là d’ailleurs sur un paradoxe: le chef du gouvernement a débarqué fin 92 en base d’un plan établi en fonction d’une paix régionale assez rapide; et en même temps, certains ministres dits inamovibles faisaient le même pari dans le sens contraire, c’est-à-dire qu’ils pensaient qu’une fois la paix réalisée, le redressement économique se ferait tout seul et on pourrait alors larguer facilement M. Hariri. L’erreur étant générale, rien ne change, personne ne bouge, M. Hariri ne part pas mais ne pourra pas selon toute probabilité refuser de reprendre ses adversaires avec lui dans le prochain Cabinet. Le jeu des chaises musicales est annulé. Et même si en apparence il doit y avoir un siège qui va se vider dans quelque temps, on n’aurait pas le temps de dire ouf qu’il y aurait un clone de l’occupant à sa place. Pour que l’illusion demeure.
A priori l’éviction du président Rafic Hariri paraît impensable. Mais en politique tout est possible, avec un peu de patience. Aussi certains s’attellent en cette période à un travail de sape axé sur la présidentielle. Ils pensent en effet que, pour éliminer le milliardaire, le meilleur moyen serait l’élection d’un nouveau chef de l’Etat qui ne pourrait absolument...