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Actualités - ANALYSE

Le processus de paix de nouveau sur le devant de la scène

Dans quelle direction l’Administration U.S. va-t-elle orienter maintenant ses pressions pour réenclencher le processus de paix au Proche-Orient? Comment, par cette même diplomatie qui vient de lui faire subir un revers dans l’affaire irakienne, peut-elle redorer son blason? Va-t-elle mettre l’accent «et tout le paquet», comme on dit familièrement, sur le volet palestinien, pour obtenir l’application intégrale des accords d’Oslo? Estimera-t-elle que cette tâche est trop ardue pour le moment et qu’il est préférable de donner le pas au volet libanais, qui a toujours eu la réputation d’être plus facile à traiter… sans que l’expérience n’en prouve rien? Pensera-t-elle au contraire qu’il est inutile de rien faire à ce sujet avant d’avoir résolu le cas du Golan? Pour le moment l’image des trois volets reste assez brouillée.Les dirigeants israéliens,qui multiplient les ballons d’essai, ne sont pas étrangers à cette confusion. Ainsi Benjamin Netanyahu a informé un cadre américain en visite en Israël qu’il a décidé de conserver 64%, soit près des deux tiers, de la Cisjordanie occupée jusqu’à ce qu’on en ait terminé avec les négociations devant porter sur le statut définitif de l’entité palestinienne. Il a ajouté n’être pas contre une rencontre prolongée avec Arafat, genre «Camp David». Mais auparavant, comme pour s’assurer du refus du chef palestinien, Netanyahu a fait mettre en adjudication la construction de la colonie-provocation d’Abou Ghneim, dans le secteur arabe de Jérusalem! Dans l’esprit du Likoud, nul ne l’ignore, il n’est pas question de permettre la création d’un Etat palestinien ou même de laisser se développer un pouvoir palestinien réellement autonome en Cisjordanie. Par ailleurs l’autorité palestinienne en place peut toujours courir pour avoir le port et l’aéroport qu’elle réclame afin que son territoire puisse enfin respirer économiquement: elle ne les obtiendrait que si elle liquidait pour de bon le Hamas et le Jihad islamique…Les conditions qu’il pose sur le plan palestinien, Netanyahu est le tout premier à savoir qu’elles sont rédhibitoires, irrecevables et s’il en fait état, c’est simplement pour gagner du temps et brouiller les cartes. Intox En ce qui concerne le volet libanais, chaque jour ou presque les dirigeants israéliens lancent des ballons d’essai concernant l’application de la 425. Tout dernièrement, revenant à la charge, le même Netanyahu et son ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï ont précisé qu’ils acceptent l’idée d’un retrait «unilatéral» du Liban-Sud sans normalisation, sans traité de paix séparé avec Beyrouth, en base d’une 425 «revue et corrigée» par Tel-Aviv qui l’affuble de conditions déterminées alors qu’elle ordonne un retrait absolument inconditionnel.Invitant la France à jouer les courroies de transmission, Netanyahu a cependant tiré à boulets rouges sur la Syrie. Il l’a accusée d’empêcher un accord israélo-libanais parce qu’elle voudrait garder le Liban-Sud en effervescence comme levier de pression pour obtenir des concessions israéliennes. Par ces attaques, Netanyahu, qui sait — il l’a dit à maintes reprises — que rien ne peut se faire sans la Syrie, s’assure que ses propositions, qui sont donc autant de manœuvres d’intoxication, n’ont aucune chance d’être retenues. Du reste même sans cela, elles sont totalement inadmissibles pour la partie libanaise. On sait en effet que Netanyahu exige des garanties sécuritaires, que même sa puissante armée à lui ne peut lui assurer, surtout s’il y a implantation effective des Palestiniens au Sud. Il réclame dans ce cadre la neutralisation du Hezbollah et, parallèlement, des assurances pour le sort de ses alliés de l’ALS. Du côté de la Syrie, Netanyahu ne veut toujours pas entendre parler d’une restitution totale du Golan et il renie les engagements pris à ce propos par ses prédécesseurs travaillistes, Rabin puis Pérès. Il est prêt, dit-il, à discuter territoire mais sans engagement de retrait et on se demande s’il ne sous-entend pas par là qu’il estime que la Syrie doit encore lui céder du terrain! Toujours est-il qu’à Beyrouth on répète les mêmes arguments: Israël, à travers ses manœuvres diplomatiques, cherche désespérément à dissocier le volet libanais du volet syrien et n’y parviendra jamais… Israël ne pourra jamais non plus faire passer l’idée d’un retrait assorti de conditions… Et finalement on tourne en rond car au fond, chacun des voisins du Liban considère, à tort ou à raison, que le Sud est une carte entre ses mains. Pour le responsable précité, il existerait cependant une porte de sortie si «une troisième partie, les Etats-Unis, l’ONU par le truchement de Kofi Annan comme pour le cas irakien, la France ou les trois ensemble, aidait les trois Etats concernés à élaborer patiemment un package deal». Une façon de dire que le Sud est lié au Golan et que la 425 se noie dans la 242… E.K.
Dans quelle direction l’Administration U.S. va-t-elle orienter maintenant ses pressions pour réenclencher le processus de paix au Proche-Orient? Comment, par cette même diplomatie qui vient de lui faire subir un revers dans l’affaire irakienne, peut-elle redorer son blason? Va-t-elle mettre l’accent «et tout le paquet», comme on dit familièrement, sur le volet palestinien,...