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Actualités - CHRONOLOGIE

Hariri poursuit ses concertations financières Boueiz refuse de prendre part à la politique des chuchotements

Le premier ministre Rafic Hariri a poursuivi hier ses concertations avec les principaux courants représentés dans le parlement pour trouver les moyens de financer les projets prioritaires, à savoir principalement le retour des populations déplacées et le développement des régions pauvres du pays. M. Hariri a reçu à cet effet successivement une délégation du Bloc du développement et du changement (Nord), le député Pierre Daccache, qui a réclamé la formation d’un gouvernement d’entente nationale, des représentants du parti Baas, Mme Nayla Moawad et enfin une délégation de son propre groupe parlementaire, le Bloc de la décision nationale. Dans des déclarations à la presse, le chef du gouvernement a par ailleurs confirmé la tenue aujourd’hui mardi d’une séance du Conseil des ministres au cours de laquelle il sera procédé au retrait pour réexamen du projet de loi sur la nouvelle échelle des salaires dans la fonction publique. Ce projet, qui était censé figurer à l’ordre du jour de la séance parlementaire qui doit avoir lieu demain mercredi, ne figure plus, pour le moment, au centre des concertations de M. Hariri. Le débat sur l’opportunité de ces concertations ne s’en poursuivait pas moins hier. Aux voix de l’opposition parlementaire, qui dénonce depuis plusieurs jours la tentative du premier ministre de diluer la responsabilité de son gouvernement dans la crise en y impliquant les députés, s’est jointe hier celle du ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz. De source proche du palais Bustros, on indique que ce dernier a poliment refusé de participer aux concertations, comme l’y invitait M. Hariri au cours d’une conversation téléphonique. Dans des déclarations à la presse, le chef de la diplomatie devait donner son opinion à ce sujet, en qualifiant les concertations de «chuchotements». «En réalité, je ne me sens concerné par ces concertations ni de près ni de loin et je considère que toute démarche dans ce sens devrait avoir lieu dans le cadre du Conseil des ministres», a-t-il déclaré. «D’ailleurs, je ne comprends pas très bien de quoi il s’agit avec les députés, puisque la Chambre avait déjà eu l’occasion de donner son point de vue lors des débats sur le budget . Je n’ai aucun inconvénient à ce que le parlement soit convoqué à une nouvelle réunion sur la situation économique, qui permettrait de connaître avec précision l’opinion des députés, au lieu que cela se passe «au détail» comme c’est le cas actuellement», a ajouté M. Boueiz. A la suite des discussions de M. Hariri avec le Bloc du développement et du changement, l’un des membres du groupe, Ahmad Karamé, député de Tripoli, a indiqué qu’aux yeux du bloc, la crise actuelle était «en grande partie de nature politique» et avait «des répercussions sur la situation économique et financière». La délégation a insisté sur «la nécessité de respecter les engagements de la loi sur le budget 1998» en matière de rigueur budgétaire, «sous peine de s’exposer à des conséquences dangereuses à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur», a ajouté M. Karamé. Entrant dans les détails des propositions prises en compte actuellement, M. Karamé a préconisé que la proposition de taxe d’1% sur le chiffre d’affaires soit consacrée au développement des régions «déshéritées» conformément à un calendrier-programme étalé sur quatre ans et appliqué sur une base égalitaire entre les régions concernées. Il a précisé à cet égard que son bloc réclamait pour le Liban nord la moitié des 150 milliards de livres promises par le gouvernement pour les régions pauvres, l’autre moitié devant aller à la Békaa. Au sujet de l’échelle des salaires des fonctionnaires, M. Karamé a indiqué que le premier ministre a promis de soumettre à nouveau le projet à la Chambre dans un délai de quatre à cinq semaines, après avoir assuré le financement nécessaire. Le chef du gouvernement a rencontré par la suite le député Pierre Daccache (Baabda) qui a estimé, dans une déclaration, que pour mettre un terme à la crise, il fallait «une confrontation claire et franche dans laquelle tous, responsables et opposants, doivent se donner la main». Malgré ces propos conciliants, M. Daccache a souligné que la solution aux problèmes du pays résidait dans «l’entente nationale» et que «le retour de la confiance à l’égard du pouvoir et du gouvernement n’est possible que par la formation d’un gouvernement d’entente nationale». Un tel gouvernement mettrait en tête de ses priorités la question du retour des populations déplacées, a préconisé M. Daccache, tout en admettant que M. Hariri partageait ce point de vue. Le député a souligné que par la constitution d’un cabinet d’entente, il serait possible alors de faire assumer à tout le monde la responsabilité de mettre un terme à la crise. La délégation du Baas, conduite par le ministre Ghazi Seifeddine et comprenant notamment les députés Assem Kanso et Abderrahman Abderrahman, a indiqué pour sa part, par la voix de M. Kanso, qu’elle était d’accord avec le chef du gouvernement sur les propositions en discussion actuellement pour contribuer au financement des projets de développement, à savoir la taxe d’1% sur le chiffre d’affaires, l’augmentation du coefficient d’exploitation immobilière («l’étage Murr») et la légalisation des constructions maritimes. Nayla Moawad: Mentalité du partage du gâteau Enfin, Mme Nayla Moawad, se refusant à entrer dans les détails, a insisté sur la nécessité «d’un changement des mentalités» dans la pratique gouvernementale et sur celle d’une «solution globale» à laquelle les députés pourraient être mis à contribution. «S’il existe une volonté réelle de changer la mentalité du pouvoir, nous sommes prêts à coopérer (avec le gouvernement), mais il ne saurait être question pour nous (les députés opposants) de participer à des solutions partielles». Résumant la position de toute l’opposition parlementaire à l’égard de ces concertations, elle a déclaré: «Nous ne sommes pas prêts à prendre part à l’échec et à assumer la responsabilité d’une crise au sujet de laquelle nous avions formulé des mises en garde et réclamé des actions radicales». Invitée à donner plus de précision, elle a souligné qu’elle avait l’intention de demeurer dans l’opposition tant que la mentalité au pouvoir demeurerait «celle du partage du gâteau».
Le premier ministre Rafic Hariri a poursuivi hier ses concertations avec les principaux courants représentés dans le parlement pour trouver les moyens de financer les projets prioritaires, à savoir principalement le retour des populations déplacées et le développement des régions pauvres du pays. M. Hariri a reçu à cet effet successivement une délégation du Bloc du...