Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

425 : Beyrouth fait front à la nouvelle manoeuvre israélienne L'Etat hébreu décide d'étendre sa campagne d'explications à plusieurs capitales européennes (photo)

Le Liban, qui a froidement accueilli la nouvelle proposition israélienne de retrait — conditionnel — du Liban-Sud, conformément à la résolution 425 de l’ONU, s’apprête à contrecarrer une offensive de charme diplomatique que l’Etat hébreu compte mener en Europe, à ce sujet à partir de jeudi. Dans l’initiative israélienne, Beyrouth ne voit qu’une nouvelle manœuvre israélienne destinée à la consommation interne et externe: geste en direction d’une opinion alarmée par les pertes trop élevées de l’armée israélienne dans la bande frontalière occupée, et campagne de diversion destinée à donner l’illusion de l’ouverture, et à faire oublier l’intransigeance israélienne sur le volet palestinien. Pour leur part, les Israéliens font tout pour souligner la nouveauté de leur initiative et entendent mettre à contribution l’Europe, et surtout la France, pour atteindre leur objectif. On rappelle que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était déclaré dimanche prêt à retirer ses troupes du Liban sans normalisation préalable avec Beyrouth, mais a réclamé en échange des «arrangements de sécurité» pour protéger sa frontière nord. «Si le gouvernement libanais se joint à nous pour mettre en place des arrangements de sécurité, nous évacuerons le Liban-Sud dans le cadre de la résolution 425 de l’ONU», avait déclaré M. Netanyahu. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, le Liban a réaffirmé hier que la proposition israélienne n’apporte «rien de nouveau». «La résolution 425 se caractérise par sa clarté et sa précision, et a été suivie d’une seconde résolution qui en fixe les modalités d’exécution», a-t-il déclaré. Selon M. Boueiz, l’application de cette résolution «ne nécessite pas des arrangements de sécurité entre le Liban et Israël mais entre Israël et l’ONU d’une part, le Liban et l’ONU d’autre part». «Israël, a-t-il expliqué, devra informer l’ONU de la date et des modalités de son retrait afin que cette dernière puisse prendre les mesures nécessaires. De leur côté, les Nations Unies devront informer le Liban qu’Israël se retire de tel ou tel endroit afin que le Liban prenne les dispositions nécessaires au déploiement de ses forces». Pour sa part, et sans se référer directement à l’initiative israélienne, le président Elias Hraoui a appelé hier la «communauté internationale à imposer à Israël l’application des résolutions de l’ONU». Dans le discours d’inauguration du congrès régional sur l’éducation supérieure en présence du directeur général de l’UNESCO, M. Federico Mayor, le chef de l’Etat libanais a insisté pour que l’on ne suive pas dans ce domaine une politique de deux poids deux mesures. M. Hraoui faisait référence à l’imposition de certaines résolutions à l’Irak sous la menace d’une frappe militaire américaine, alors que depuis 1978 Israël refuse d’appliquer la résolution 425 du Conseil de Sécurité exigeant un retrait israélien du sud du Liban. Pas de prétention territoriale israélienne au Liban De son côté, Israël a réitéré hier sa demande de garanties libanaises de sécurité en échange d’un retrait militaire du Liban et s’apprête à lancer une campagne en Europe pour plaider en faveur de sa proposition. «L’armée libanaise doit se redéployer au Liban-Sud, contrôler cette zone et y empêcher les opérations du Hezbollah», a affirmé le premier ministre Benjamin Netanyahu. «Quand nous aurons l’assurance que le Hezbollah ne sera plus une menace pour le nord du pays, nous serons prêts à sortir du Liban», a-t-il déclaré dans une interview à la télévision publique. «Israël n’a pas la moindre prétention sur un centimètre carré du Liban, mais veut un retrait qui ne mettra pas en danger la sécurité de ses citoyens», a-t-il ajouté. M. Netanyahu et son ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï doivent se rendre séparément jeudi en Europe, notamment pour expliquer leur proposition, ont indiqué des responsables israéliens. M. Netanyahu doit visiter successivement l’Espagne, l’Allemagne, la Norvège et la Grande-Bretagne. M. Mordehaï doit aller quant à lui en France, puis aux Pays-Bas. Deux émissaires de M. Netanyahu se sont déjà rendus quelque part en Europe dimanche pour une mission «secrète» qui, selon les médias israéliens, pourrait être liée au dossier libanais. Lubrani: Un profond changement Pour sa part, le responsable du dossier libanais au ministère israélien de la Défense, M. Uri Lubrani, a affirmé que la position de son pays avait profondément évolué. «Il y a une décision du gouvernement israélien qui stipule qu’à ce stade, les négociations de paix avec la Syrie et le Liban sont laissées de côté, pour se concentrer uniquement sur l’application de la résolution 425, qui n’évoque que des arrangements de sécurité», a affirmé M. Lubrani lundi à la radio. Israël renonce ainsi, selon lui, à réclamer une normalisation préalable avec Beyrouth avant de se retirer du Liban. En outre, dans leurs déclarations publiques ces derniers jours, les dirigeants israéliens ont réclamé des garanties de sécurité uniquement au Liban, et non plus à la Syrie comme précédemment, ce qui, paradoxalement, jette un doute sur la viabilité de la proposition israélienne. Le chef de l’opposition travailliste, M. Ehud Barak, a fait valoir hier qu’à son avis, Israël se trompait s’il croyait pouvoir régler le dossier libanais sans accord préalable avec la Syrie. «Les chances que la Syrie accepte (un arrangement au Liban) sont quasi-nulles», a affirmé M. Barak. Mordehaï: «Prêts à rester encore longtemps» Jouant à son tour les colombes, le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï a appelé hier la Syrie à «revenir à la table des négociations» après deux ans de suspension des pourparlers de paix. «Parallèlement aux tentatives de trouver une solution politique à la question du Liban-Sud, j’appelle la Syrie à revenir à la table des négociations», a déclaré M. Mordehaï aux journalistes, lors d’une visite dans un hôpital de Haïfa. M. Mordehaï a néanmoins indiqué qu’Israël devait être «réaliste» et être prêt «à rester encore longtemps au Liban» si les efforts pour trouver une solution n’aboutissaient pas. Sollicitées par Israël, dimanche, les autorités françaises ont affirmé hier qu’elles n’étaient pas au courant d’une visite à Paris, en «mission secrète», de deux collaborateurs du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Nous ne sommes pas informés d’une telle visite», a indiqué le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Yves Doutriaux. L’ambassade d’Israël a également déclaré ne rien savoir de cette visite. La radio militaire israélienne a indiqué dimanche que le secrétaire du gouvernement, Danny Naveh, et le conseiller diplomatique, Uzi Arad, s’étaient rendus à Paris pour y mener une mission «secrète», liée au processus de paix. Selon le porte-parole français, le seul entretien prévu à Paris est celui qui doit se tenir vendredi entre le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine et le ministre israélien de la Défense, Yitzhak Mordehaï. La France, forte de son succès dans la crise irakienne, s’est déclarée disposée à jouer les bons offices difficiles entre Israël et ses voisins. Le chef de la diplomatie française Hubert Védrine a affirmé dimanche soir que la France était prête à «transmettre des messages» sur un éventuel retrait israélien du Liban-Sud qu’il occupe depuis 20 ans. Mais, conscient de la complexité de cette affaire, des probables arrière pensées de l’Etat hébreu et des inquiétudes de Damas, M. Védrine s’est montré extrêmement prudent. «S’il s’agit de parler, d’écouter, de transmettre des messages, de discuter ensemble, naturellement nous sommes disponibles. Si on peut rendre service aux Israéliens, aux Libanais et aux Syriens, car les trois problèmes sont imbriqués, nous le ferons bien volontiers», a ajouté M. Védrine.
Le Liban, qui a froidement accueilli la nouvelle proposition israélienne de retrait — conditionnel — du Liban-Sud, conformément à la résolution 425 de l’ONU, s’apprête à contrecarrer une offensive de charme diplomatique que l’Etat hébreu compte mener en Europe, à ce sujet à partir de jeudi. Dans l’initiative israélienne, Beyrouth ne voit qu’une nouvelle...