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Actualités - ANALYSE

Un dilemme sérieux : le financement des projets à caractère social

Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, se lance dans un cycle de concertations tous azimuts, englobant les autres dirigeants, les blocs parlementaires, les courants politiques, les organismes économiques et les syndicats, pour traiter le dossier social. Il s’agit de tenter de réaliser un consensus sur les projets prioritaires et de voir comment on peut en assurer le financement… Cela à la condition expresse, admise par la Chambre, que le gouvernement ne se voie pas obligé de grever par de nouvelles dépenses le déficit du budget. On sait, en effet, que l’Exécutif s’est engagé devant l’Assemblée mais surtout devant la Banque mondiale (qui menace autrement de lui couper les aides qu’elle lui assure) à ne pas crever le plafond des 37% de déficit fixé dans la loi de finances pour l’année en cours. On est donc en plein dilemme: où trouver les fonds nécessaires pour le retour des déplacés, pour le relèvement du barème des traitements des fonctionnaires, pour le règlement des arriérés dus aux hôpitaux et pour l’essor des régions sous-développées? Il y a là, en effet, globalement, une enveloppe de quelque trois mille milliards de livres libanaises. Dès lors, le risque de pressurer de nouveau le contribuable grandit de nouveau, bien qu’en principe les députés, qui veulent flatter l’opinion dans le sens du poil, y soient totalement opposés. Il leur faudra cependant, pour être conséquents avec eux-mêmes, collaborer avec l’Exécutif pour rendre réalisables les projets précités, donc pour en arrêter les mécanismes de financement. C’est ce que soulignent les haririens. Qui font valoir en outre qu’il ne sert à rien de perdre du temps et d’attendre les présidentielles du moment que plus on va plus le problème devient difficile à résoudre. Une façon indirecte, inconsciemment subtile sans doute, de proclamer leur foi dans l’inamovibilité de leur chef, sans quoi les atermoiements leur auraient paru tout à fait souhaitables… Autrement dit, c’est un Hariri qui ne veut pas se retrouver l’an prochain, sous le futur régime, avec un dossier encore plus alourdi qui se démène aujourd’hui pour en traiter les prémices et se faciliter la tâche pour après. Mais c’est cette étape préliminaire qui est la plus difficile. Le premier ministre le sait mieux que personne, après l’expérience dite de l’essence. On sait, en effet, qu’il avait voulu en faire flamber les prix pour remplir un peu les caisses de l’Etat mais que cela avait soulevé un tel tollé que les ministres eux-mêmes avaient voté contre le projet. Difficulté Il ne sera donc pas aisé de convaincre les députés d’avaliser de nouvelles surtaxes, d’autant que la loi sur le budget 98 n’en manque pas, bien que les parlementaires aient dans ce cadre rogné un peu les appétits gloutons du gouvernement, en réduisant les augmentations prévues au chapitre du barème numéro neuf. Il faudra aussi persuader les organismes économiques et, last but not least, les syndicats… Rude tâche et mission impossible dont la mise en place implique ce constat: le gouvernement ne parvient pas à imaginer d’autres moyens efficients que les impôts indirects pour rapporter les gros sous nécessaires à ses projets. Les autres idées, comme les plaques d’immatriculation minéralogiques personnalisées et la cession des biens domaniaux maritimes, ne peuvent en effet pas donner grand-chose, pour astucieuses qu’elles paraissent. Et «certaines considérations» semblent empêcher que l’on recoure, par exemple, à une redéfinition juteuse — on parle là d’une plus-value potentielle de centaines de millions de dollars! — des contrats avec les machines à cellulaires… Toujours est-il, qu’à part les moyens de financement les divergences portent également sur les priorités. Faudra-t-il porter tout l’effort d’abord sur le retour des réfugiés, sur le développement des régions déshéritées ou sur l’augmentation aux fonctionnaires? Il est en effet évident que l’argent devant rentrer — s’il le fait jamais — par à-coups, on ne pourra mener tous les projets de front. De plus, quels que soient les projets choisis, comment faire confiance à un Etat, à une Administration, à une caste politique qui ont amplement prouvé leurs brillantes capacités de gabegie, de gaspillage et de corruption généralisée… Ainsi, un exemple entre mille, on voit que le retour des réfugiés, pour lequel des centaines et des centaines de millions de dollars ont été dépensés, est, à peu de chose près, resté lettre morte… Mais il n’y a sans doute pas lieu de se faire du mauvais sang à ce propos. Car au rythme où l’on va, et vu le climat négatif dans lequel baigne cette tentative, il est très probable que la démarche présente du président Hariri ne débouchera sur rien de précis. Tout d’abord, il lui faut encore un bon mois, selon ses proches, pour en finir avec ses concertations et en établir la synthèse. Si d’aventure un accord avec toutes les parties se révélait possible, ce qui semble douteux, on serait alors trop proche des municipales, pour pouvoir rien démarrer. Il y aurait ensuite les présidentielles et ce n’est que dans une bonne année que l’on pourrait ouvrir sérieusement le dossier du social. Du reste, fort bien accoutumé maintenant à la liste d’attente… E. K.
Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, se lance dans un cycle de concertations tous azimuts, englobant les autres dirigeants, les blocs parlementaires, les courants politiques, les organismes économiques et les syndicats, pour traiter le dossier social. Il s’agit de tenter de réaliser un consensus sur les projets prioritaires et de voir comment on peut en assurer le...