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Actualités - CHRONOLOGIE

Double geste en direction de Bagdad Le Conseil de Sécurité approuve la hausse des ventes de pétrole Washington d'accord pour ajouter des diplomates aux inspecteurs de l'ONU (photo)

Tel un mouvement de balancier, la crise irakienne continue d’évoluer au milieu d’un équilibre précaire entre la menace américaine d’une frappe militaire et les efforts diplomatiques du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, avec toutefois un léger avantage, hier, pour un règlement pacifique. Dans ce qui pourrait être un double geste en direction de Bagdad, le Conseil de Sécurité de l’ONU a approuvé hier le doublement de la quantité de pétrole que l’Irak est autorisé à écouler, alors qu’au même moment l’administration américaine affirmait ne pas avoir d’inconvénient à ce que des diplomates se joignent aux inspecteurs de l’UNSCOM. Le secrétaire général de l’ONU, qui a entamé hier sa mission dans la capitale irakienne, s’est montré «raisonnablement optimiste». «J’espère que je quitterai Bagdad avec un arrangement acceptable pour tous», a dit M. Annan, précisant qu’il devait rencontrer le président irakien Saddam Hussein au cours de sa visite. «Je partage l’optimisme du secrétaire général», a déclaré de son côté M. Aziz, réaffirmant que Bagdad réclamait une solution «juste et équilibrée» qui «préserve la souveraineté de l’Irak» et assure l’application des résolutions de l’ONU. A New York entre-temps, les 15 membres du Conseil de Sécurité ont approuvé vendredi une résolution autorisant l’Irak à exporter du pétrole pour 5,2 milliards de dollars par semestre, au lieu de 2 milliards actuellement, pour acheter des vivres et des biens de première nécessité. Cette résolution concerne l’accord «pétrole contre nourriture» appliqué depuis fin 1996. Il s’agit d’une dérogation à l’embargo imposé à l’Irak depuis son invasion du Koweït en août 1990, qui ne peut être levé que lorsque Bagdad se sera défait de ses armes de destruction massive. Pour discuter de cet accord, M. Annan a décidé de prolonger jusqu’à lundi sa mission en Irak, dont la fin était initialement prévue dimanche. Cette forte hausse vise à éviter une détérioration de la situation humanitaire des 22 millions d’Irakiens, sévèrement frappés par l’embargo imposé à l’Irak depuis son invasion du Koweït en août 1990. Mais le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz a affirmé que l’Irak n’avait pas la capacité de produire du pétrole pour plus de 4 milliards de dollars. L’ambassadeur britannique, John Weston, qui est l’auteur de la résolution, a déclaré que «le gouvernement irakien doit accepter cette résolution, afin que le peuple d’Irak puisse recevoir l’aide dont il a si désespérément besoin». «S’il ne le fait pas, nous saurons exactement qui est responsable», a-t-il ajouté. De son côté, l’ambassadeur de France, Alain Dejammet, a souligné que «ce texte n’est qu’une étape. D’autres devront suivre», a-t-il dit en regrettant que le Conseil n’ait pas dès maintenant donné les moyens à l’Irak d’atteindre son quota. «Sinon, l’exercice d’aujourd’hui serait vain et, avec de la distance, prendrait un autre éclairage, plus politique, moins réaliste», a-t-il dit. Assouplissement US? Parallèlement à la décision du Conseil de Sécurité, le département d’Etat américain a indiqué hier que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas à l’idée d’ajouter aux équipes d’inspecteurs de l’UNSCOM «quelques diplomates», à condition que les inspecteurs aient accès à tous les sites irakiens suspects et qu’ils gardent le «contrôle opérationnel» des inspections. «L’important est d’avoir un accès sans conditions», a souligné le porte-parole du département d’Etat, James Rubin, ajoutant: «Si quelques diplomates accompagnent l’UNSCOM, cela ne nous pose pas de problème». Il a répété que l’UNSCOM devait pouvoir accéder à tous les sites dits «présidentiels» dont l’Irak lui bloque pour l’instant l’entrée. Evoquant la mission du secrétaire général de l’ONU à Bagdad, il a déclaré que les Etats-Unis «avaient confiance dans les intentions» de M. Annan, mais restaient «sceptiques» sur ses chances de succès. Il a aussi réaffirmé que les Etats-Unis «se réservaient le droit de ne pas être d’accord» avec les conclusions que tirera M. Annan de sa mission, c’est-à-dire qu’ils pourraient décider de frapper l’Irak même si M. Annan et les autres pays membres du Conseil de Sécurité estimaient avoir obtenu des Irakiens un compromis acceptable. En revanche, a expliqué M. Rubin, si M. Annan revient de Bagdad avec un accord des Irakiens qui respecte les deux principes de base des Etats-Unis — c’est-à-dire «un accès complet» et le maintien du «contrôle opérationnel» de l’UNSCOM — cela «constituerait la base» d’une solution pacifique. Mais la France a affirmé peu auparavant que l’accord recherché par M. Annan devrait être compatible avec la dignité du peuple irakien et être reconnu par tous les membres du Conseil de Sécurité, y compris les Etats-Unis. «Groupe spécial»  au sein de l’UNSCOM Selon le ministère français des Affaires étrangères, M. Annan est muni des «conseils et avis» des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, dont la principale proposition est la création d’un sixième groupe au sein de l’UNSCOM. Ce «groupe spécial» sera désigné par le secrétaire général de l’ONU, qui nommera son président. Il sera formé d’inspecteurs de l’UNSCOM qui est composée actuellement d’experts de 21 pays. Le secrétaire général est habilité à porter ce chiffre à 25, auquel s’ajouteront des diplomates, selon des sources diplomatiques. Le groupe spécial aura pour mission d’inspecter uniquement les résidences de Saddam Hussein et non pas les bâtiments environnants qui seront contrôlés par l’UNSCOM, selon un régime identique à celui appliqué actuellement. A propos des sites présidentiels, un responsable de l’ONU a révélé vendredi à Bagdad que des experts de l’UNSCOM avaient pénétré au cours des derniers jours, pour la première fois, dans ces sites en accompagnant une équipe chargée d’en dresser les plans. Ce qui a été perçu comme un signe de bonne volonté de la part de l’Irak qui refusait jusqu’ici l’accès à ces sites aux experts de l’UNSCOM. M. Staffan de Mistura, chef de l’équipe qui a dressé les plans des palais présidentiels, a indiqué vendredi que leur superficie était moindre que prévue, précisant qu’elle faisait 31,5 km2, alors que l’UNSCOM affirmait qu’elle était de 70 km2.
Tel un mouvement de balancier, la crise irakienne continue d’évoluer au milieu d’un équilibre précaire entre la menace américaine d’une frappe militaire et les efforts diplomatiques du secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, avec toutefois un léger avantage, hier, pour un règlement pacifique. Dans ce qui pourrait être un double geste en direction de Bagdad, le Conseil...