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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Première conférence à Beyrouth sur la biodiversité Neuf mille espèces de plantes et d'animaux identifiées au Liban

Le ministère de l’Environnement a organisé hier, à l’hôtel Marriott, le «premier séminaire national sur la biodiversité», au cours duquel plusieurs sujets touchant la faune et la flore libanaises ont été traités, notamment les réserves naturelles et le reboisement. Ont participé à ce séminaire, des représentants du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), de l’IUCN (Union internationale pour la Conservation de la nature et des ressources naturelles), de la faculté d’agronomie de l’Université libanaise et du Conseil national pour la recherche scientifique. Le but du séminaire était d’entamer l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action pour préserver la biodiversité. C’est M. Ross Moutain, représentant des Nations Unies au Liban, qui a pris la parole en premier. Il a présenté le séminaire dont les buts sont «la prise de conscience de l’importance de la biodiversité et de la conservation des espèces, ainsi que du respect des obligations de la convention sur la biodiversité publiée durant le Sommet de la Terre à Rio de Janiero, en 1992». Il a souligné que «cette convention a déjà été signée par 157 pays, dont le Liban». Il a précisé que «les études financées par le PNUD et effectuées par le ministère de l’Agriculture ont identifié plus de 9000 espèces de plantes et d’animaux». «Mais ce chiffre ne représente que 20% des espèces vivantes sur le territoires libanais», a-t-il noté. 50% des espèces menacées M. Moutain a souligné que «50% de ces espèces sont menacées pour plusieurs raisons, notamment la dégradation de la qualité du sol, l’urbanisation, la monoculture, le changement de climat et les technologies modernes». Il a précisé que «le gouvernement libanais, avec l’aide du PNUD et de l’IUCN, mettra des stratégies en pratique pour préserver la biodiversité, telles que des projets pour combattre la désertification et pour la création de réserves naturelles». «Dans le même cadre, il existe d’autres projets financés par l’Union Européenne», a-t-il noté. M. Nabil Abou Ghanem, attaché de presse du ministère de l’Environnement, a prononcé un discours au nom de M. Akram Chéhayeb, ministre de l’Environnement. Il a souligné que «le Liban a perdu beaucoup de ses ressources naturelles dans les vingt dernières années». Et de noter que «les pertes sont dues principalement à la guerre, à l’urbanisation et au développement déséquilibré dans diverses régions». Quand le Liban a signé «la Convention de Rio en décembre 1994», il a bénéficié d’une aide (de 2,5 millions de dollars) du PNUD et de la Banque mondiale, afin d’effectuer des recherches sur la biodiversité et d’élaborer un plan pour la protection des espèces. M. Richard Salter, expert de l’IUCN, a souligné que, «pour préserver la biodiversité, il faut organiser une structure regroupant des organismes du gouvernement, des exécutants du projet, un groupe d’experts et un groupe de techniciens». Il a précisé que «le projet du PNUD au Liban, lancé il y a trois mois, s’étend sur un an». Et d’ajouter qu’il «œuvre pour l’élaboration d’une stratégie pour la protection de la biomasse». M. Michel Abi Antoun, directeur du projet de la biodiversité du PNUD a cité les règles à suivre pour conserver la biomasse: «Une politique gouvernementale qui préserve l’environnement, le renforcement des institutions qui traitent l’environnement, la gestion du territoire, la recherche scientifique, la présence d’un comité national s’occupant de la conservation de la faune et de la flore, la restauration d’un écosystème dégradé, l’éducation environnementale, la participation du public au processus de la conservation des ressources naturelles». Quant à M. Georges Tohmé, directeur du Conseil national pour la recherche scientifique, qui a établi avec la participation de 32 spécialistes libanais une étude sur la conservation de la biodiversité, il a souligné que «durant les années 60, plus de soixante-dix études ont été publiées sur les espèces vivantes au Liban”. Il a noté qu’il «est nécessaire que des chercheurs libanais travaillent sur le terrain et dans la recherche car il connaissent mieux que les experts étrangers la nature et les besoins du sol». Et d’ajouter que «les experts étrangers ne restent suffisamment pas longtemps sur le territoire libanais pour connaître ses particularités». M. Tohmé a souligné «la nécessité de former des chercheurs qualifiés dans la taxonomie (classification des espèces vivantes)». Il a également présenté de nouveaux sujets de recherche dans divers domaines tels que «les racines de la biodiversité au Liban et les manières de préserver la biomasse». «D’autres études, a-t-il dit, devraient traiter de la relation entre la biodiversité et le développement soutenu». Il a présenté un plan qui vise à combler les lacunes actuelles dans le domaine de la biodiversité: «établir une liste des espèces en disparition, présenter au public les espèces à protéger et établir une banque de données sur la faune et la flore libanaises». Réserves naturelles M. Fayçal Abou Ezzedine, directeur du projet des réserves naturelles au Liban (projet conjoint du PNHUD, l’IUCN et du ministère de l’Environnement), a souligné qu’il «existe trois réserves naturelles au Liban: les cèdres du Chouf, la forêt d’Ehden et l’île des lapins». «Le ministère de l’Environnement, a-t-il poursuivi, les ONG et les institutions scientifiques locales coopéreront afin de préserver et de promouvoir la biodiversité de ces zones». «La réserve des cèdres du Chouf est la seule zone au Liban où l’on peut trouver et réintroduire des mammifaires qui ont disparu de la région», a-t-il expliqué. «Quant à la forêt d’Ehden, elle est située à 3,5 km du village du même nom à une altitude moyenne de 1600m», a-t-il poursuivi. «Elle possède le plus grand nombre de cèdres (une centaine) qui sont aussi mêlés à des conifères. Elle sert de repère à plusieurs oiseaux migratoires en voie de disparition et a des reptiles menacés», a-t-il noté. «La réserve de l’île aux lapins est formée de trois îles au large de Tripoli», a-t-il dit. Et d’ajouter qu’elles «représentent un écosystème typique de la Méditerranée orientale». Il a précisé que «ces trois sites sont considérés comme réserves naturelles depuis l’adoption d’une loi parlementaire datant de décembre 1997». M. Zahi Abou Mansour, conseiller technique auprès du ministère de l’Environnement, a présenté les activités du ministère qui a «réorganisé et redistribué les responsabilités du personnel, contribué à l’élaboration de lois protégeant l’environnement et à l’établissement d’un code pour le respect de l’environnement». «Le ministère a établi plusieurs projets pour préserver la nature, tels que le nouveau règlement de la chasse et le contrôle des carrières», a-t-il affirmé. «Il a aussi signé plusieurs conventions et partenariats avec des organisations internationales pour établir des réserves naturelles, lutter contre la désertification et préserver la biodiversité», a-t-il ajouté. M. Abou Mansour a précisé que «le ministère a entamé un plan de gestion des déchets: construction de deux usines de triage et de recyclage, l’une à la quarantaine et l’autre à Amroussieh et d’une décharge sanitaire à Naamé», a-t-il noté. M. Laurent Andraos, directeur de la région du Mont-Liban au Bureau du Plan Vert, a présenté les activités de son institution, qui œuvre à développer les terrains agricoles. Créé en 1963, il devient opérationnel en 1965 et arrête ses activités durant dix ans, au cours de la guerre au Liban. «En 1965 et 1966, le bureau du plan vert a aidé plus de 47000 agriculteurs dans plus de 1500 villages», a déclaré M. Andraos. Il a souligné que, «seulement 30% du territoire libanais, sont formés de terrains agricoles». Et de noter que «les terrains abandonnés se dégradent». «C’est pour cette raison que le Liban perd 7 millions de tonnes de terre fertile par an», a-t-il dit. Il a noté aussi que «la construction sauvage est la raison principale des pertes des terrains agricoles». Il a souligné qu’en «1980, la direction générale de l’urbanisme a procédé au lotissement de 50 millions de m2». M. Andraos a déclaré que «le bureau du plan vert essaie actuellement de lutter contre l’érosion en interdisant la dynamite, en préservant les espaces rocheux, en construisant des murs de soutènement et en plantant des arbres». «Une nouvelle technique a été récemment introduite», a-t-il noté. «C’est la préservation des talus naturels dans les zones de cultures en terrasse». Il a noté que «le budget du plan vert devrait être augmenté et le personnel devrait être plus spécialisé». M. Elias Nasrallah, doyen de la Faculté d’Agronomie de l’Université Libanaise, a précisé que «l’agriculture a quatre rôles principaux: assurer l’alimentation quotidienne, contribuer au développement économique, établir un meilleur environnement et surtout développer les régions rurales». Il a souligné que «87% de la population libanaise est urbaine et seulement 30% du territoire sont cultivés». «Afin de préserver l’environnement et de promouvoir l’agriculture, a-t-il poursuivi, le gouvernement devrait aider les zones rurales en créant une infrastructure adéquate (routes, téléphones) aussi bien que des écoles et des hôpitaux». Il a noté que «l’agriculture au Liban fait face à différents problèmes, notamment l’utilisation irresponsable des pesticides, la mauvaise qualité de l’eau consacrée aux terrains irrigués, l’érosion du sol et l’inconscience du public». M. Michel Khouzami, directeur du projet La Couverture Verte (projet financé par l’Union européenne), s’est penché sur le reboisement. Il a souligné que «7% du territoire libanais sont formés de forêts». Il a déclaré que «le projet de l’U.E. vise à gérer et à organiser les forêts libanaises dans plusieurs sites du pays, notamment à Nahr Ibrahim et à Kefraya». Il a noté que «durant des siècles les forêts libanaises ont subi différents ravages (incendies, pâturage excessif et abattage des arbres)». Il a souligné que «la forêt qui ne connaît qu’une espèce d’arbres est considérée comme une forêt partiellement détruite et que beaucoup d’arbres au Liban sont en voie de disparition tels les cyprès, cèdres, genévriers et sapins». Pour le reboisement, M. Khouzami a déclaré qu’il «faut planter des espèces locales qui n’ont pas besoin d’être acclimatées». Il a donné en exemple «les récentes plantations d’eucalyptus (quinine), qui étouffent les sous-bois». Il a souligné que «les forêts de cèdres sont ravagés par les insectes, les pesticides des vergers avoisinants, notamment à Tannourine et par les troupeaux et par des mines antipersonnelles posées durant la guerre». M. Khouzami a précisé que, «pour préserver la biodiversité, il faut avoir des forêts hétérogènes, où cohabitent plusieurs sortes d’arbres et de plantes». «Elles bénéficieront écosystème complexe et seront ainsi plus protégées», a-t-il souligné en conclusion. Patricia KHODER
Le ministère de l’Environnement a organisé hier, à l’hôtel Marriott, le «premier séminaire national sur la biodiversité», au cours duquel plusieurs sujets touchant la faune et la flore libanaises ont été traités, notamment les réserves naturelles et le reboisement. Ont participé à ce séminaire, des représentants du PNUD (Programme des Nations Unies pour le...