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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Eddé : c'est Israël qui travaille sournoisement à l'éclatement de la région Saddam Hussein sert involontairement les intérêts de Netanyahu, souligne le ministre d'Etat

Le ministre d’Etat Michel Eddé a souligné hier l’extrême gravité de la situation dans le Golfe, estimant qu’une opération militaire éventuelle ne serait pas «une guerre limitée», mais «une aventure» difficile à contrôler et aux conséquences imprévisibles, notamment en raison des ingérences israéliennes possibles. De ce fait, M. Eddé a invité le président irakien Saddam Hussein à «ôter aux Etats-Unis tout prétexte de frapper son pays». Selon le ministre, faute d’un règlement diplomatique, les Etats-Unis ne se contenteront pas de frapper les cibles éventuelles de l’arsenal d’armes chimiques ou bactériologiques irakiennes, mais chercheront à détruire l’infrastructure de l’Irak dans le but inavoué de provoquer la chute de Saddam Hussein. Mais ce faisant, ils pourraient provoquer le démembrement de ce pays et l’apparition de mini-Etats confessionnels dans la région. Une telle perspective, a-t-il souligné, s’intègre parfaitement dans le plan sioniste visant à affaiblir les pays arabes . Tout en déplorant la partialité de la politique américaine, M. Eddé a estimé que cette politique n’est rendue possible que par «l’inimaginable absence de véritable solidarité arabe». Une absence qui «prive l’Administration américaine d’un appui sérieux à sa politique pacifique», et d’un contrepoids indispensable à l’influence «du lobby israélien sur certains courants politiques au sein du Congrès». Les pires catastrophes «La situation dans le Golfe a atteint aujourd’hui un point critique, a déclaré en préambule M. Eddé, qui s’exprimait dans le cadre d’un entretien accordé au correspondant de l’agence «Markazia». Cette situation est bien plus grave qu’en 1990-91. La tension est telle que les pires catastrophes sont à craindre, mettant l’Irak et toute la région dans une situation volatile incontrôlable. Nous sommes à la veille d’un saut dans l’inconnu qui n’épargnera rien ni personne. Tous les scénarios laissent penser que l’explosion qui se profile à l’horizon ne sera pas une guerre limitée, mais un conflit dont il sera difficile de savoir comment il s’achèvera». «Des perspectives aussi désastreuses devraient pousser les Arabes à se solidariser plus que jamais auparavant, a poursuivi M. Eddé. Saddam Hussein doit réaliser la gravité de la catastrophe qui nous affectera tous et prendre l’initiative de désamorcer la crise, ôtant aux Etats-Unis tous les prétextes invoqués pour frapper l’Irak et à travers ce conflit, la région tout entière. Avec la visite prévue du secrétaire général de l’ONU, nous sommes vraisemblablement en présence de la tentative diplomatique de la dernière chance. Saddam Hussein ne devrait pas s’entêter mais offrir à cette médiation toutes les chances de succès, et mettre de côté toutes les considérations qui l’animent, justifiées ou pas, pour mettre la région à l’abri du séisme attendu (...). C’est uniquement de cette façon qu’il pourra tirer profit de l’opposition de la France, de la Chine populaire et de la Russie, à une solution militaire». En réponse à une question sur l’objectif et l’ampleur d’une frappe militaire américaine, en cas d’échec des efforts diplomatiques, M. Eddé a déclaré: «Il est clair comme le jour que les Etats-Unis déclencheront une opération militaire destructrice, en cas d’échec de la diplomatie. Il faut redouter que cette opération ne détruise pas seulement l’arsenal et les capacités militaires irakiennes, mais toute l’infrastructure de l’Irak: aéroports, ports, réseau routier, réseau ferré, réseau électrique, réseau d’adduction d’eau, barrages et équipements. Il ne fait pas de doute que le but inavoué derrière tout cela est de provoquer la chute de Saddam Hussein». «Le dernier mot dans ce domaine appartient à Saddam Hussein, personnellement, a enchaîné le ministre. Il ne peut pas ne pas se rendre compte que les capacités dont il dispose sont dérisoires par rapport à l’énorme potentiel militaire mobilisé pour lui porter le coup de grâce». Les cartes et les frontières Beaucoup redoutent un démembrement de l’Irak qui mettrait en danger l’intégrité territoriale d’autres pays arabes. Qu’en pensez-vous? A cette question, M. Eddé a répondu: «Nous devons distinguer, à ce niveau, la politique et l’attitude des Etats-Unis de la politique et des plans israéliens. Je suis certain que les Etats-Unis n’envisagent pas un démembrement du territoire irakien, car cela contredirait leur politique traditionnelle de préservation de la stabilité et des équilibres régionaux. Mais je ne peux m’empêcher de redouter que la solution militaire ne soit une aventure aux conséquences désastreuses, et ne débouche sur l’instauration de mini-Etats confessionnels et ethniques. Et cela aurait des conséquences négatives sur tous les pays de la région. C’est pourquoi je considère que jouer avec les cartes et les frontières, c’est encore plus dangereux que de jouer avec le feu.» «Les Etats-Unis réalisent parfaitement le danger, a enchaîné M. Eddé. Et je pense que leur souci, et celui de l’Europe, est de préserver la stabilité dans cette région ultrasensible. Mais c’est Israël qui rumine les plans maléfiques d’éclatement de la région en mini-Etats confessionnels. Cet éclatement des entités arabes, et l’affaiblissement qui en résultera, est l’un des objectifs essentiels du mouvement sioniste. Il ne fait pas de doute qu’Israël exploitera cette tension, et encore plus la situation de guerre, si elle éclate. Dans cet embrasement, nul, pas même les Etats-Unis, ne pourra brider les manœuvres israéliennes dirigées contre le monde arabe». «Saddam Hussein doit donc réaliser que le succès des démarches du secrétaire général de l’ONU, et son acceptation des résolutions internationales, épargneraient à l’Irak un risque certain de destruction, a souligné M. Eddé. Mais ils priveraient également Israël d’une occasion pour s’attaquer à d’autres peuples et pays arabes. En désamorçant la crise et en respectant les résolutions internationales, il sera même en mesure de porter le Conseil de Sécurité de l’ONU à faire preuve de rigueur et de fermeté face à l’entêtement d’Israël et à son refus permanent d’appliquer les résolutions internationales. Ce faisant, Saddam Hussein serait en train de véritablement défendre les intérêts de son peuple, ceux du peuple palestinien et tous les autres intérêts arabes. Il atteindrait par ailleurs son objectif, qui est de lever le blocus de l’Irak et de permettre à son pays de retourner à une vie normale». Et le ministre de conclure: «Je considère que les Etats-Unis remplissent leur rôle actif et essentiel dans le processus de paix, même si ce rôle est assumé en ce moment avec prudence et une certaine lenteur (...). Malheureusement, il faut reconnaître que, par son attitude, Saddam Hussein est en train de rendre, involontairement, un grand service au gouvernement israélien actuel, qui se débat dans ses problèmes et ses contradictions, et à Netanyahu en personne, qui ne peut que se féliciter de ce que les yeux du monde se détournent de lui et de sa politique effrontée et folle, vers la situation explosive qui caractérise les rapports des Etats-Unis et de l’Irak. Ce faisant, Saddam Hussein réduit la possibilité des Etats-Unis d’intervenir et de faire pression sur Netanyahu et son gouvernement, en vue d’imposer la paix juste et globale que nous souhaitons».
Le ministre d’Etat Michel Eddé a souligné hier l’extrême gravité de la situation dans le Golfe, estimant qu’une opération militaire éventuelle ne serait pas «une guerre limitée», mais «une aventure» difficile à contrôler et aux conséquences imprévisibles, notamment en raison des ingérences israéliennes possibles. De ce fait, M. Eddé a invité le président...