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Actualités - ANALYSE

La 425 devient comme la 242 sujet à controverse

«Je suis tombé par terre c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c’est la faute à Rousseau»… C’est toujours la faute aux gens de plume et par extension à cette presse écrite que les deux philosophes français, cités par Hugo via Gavroche, n’ont pas dédaignée de leur vivant. L’ambassadeur américain Richard Jones s’est élevé à ce niveau de réflexion dans son analyse de la situation régionalo-locale. A l’issue d’un entretien avec le président Nabih Berry, il a en effet déclaré en substance qu’à son avis les avis (entendre de Washington et de Beyrouth) ne diffèrent pas tellement en ce qui concerne l’interprétation de la 425. Il a cru devoir souligner que les divergences sont le pur produit de l’imagination des journalistes. Alors que M. Jones avait dû auparavant demander audience au chef de l’Etat puis rencontrer le président du Conseil, pour expliquer ses dernières déclarations concernant la 425. Finissant par reconnaître qu’il y avait bien diverses interprétations de ce texte, il a toutefois précisé que lui-même avait pris soin de ne pas afficher une position laissant penser que son gouvernement avait adopté telle version ou telle autre. Une façon diplomatique d’indiquer que les Etats-Unis n’ont pas d’avis, alors qu’ils sont eux-mêmes les auteurs de cette résolution 425 qu’ils ont eu le mérite, en 78, de rédiger d’une manière extrêmement claire et concise: retrait israélien immédiat et inconditionnel du territoire libanais, derrière les frontières internationalement reconnues de ce pays. C’est bien pourquoi les cercles politiques libanais, unanimes, se disent stupéfaits par la dérobade sémantique américaine qui vise, à travers une pseudo-neutralité de ton, à prendre parti pour l’agresseur, en lui reconnaissant en quelque sorte le droit de contester les termes de la 425, d’y voir matière à poser des conditions pour accepter de se retirer. Cette dérive est une première car jamais en vingt ans les Etats-Unis n’ont laissé entendre que le point de vue libanais était susceptible d’être discuté. «C’est la conséquence, persifle quand même un opposant local, de cette politique floue suivie par la nouvelle République qui, tout en continuant à se réclamer de la 425, n’hésite pas à soutenir que le volet du Sud est indissociable de celui du Golan soumis pour sa part à la 242, elle-même objet négociatoire contrairement à «notre» résolution…» Toujours est-il que, pour se justifier, les Américains font valoir grosso modo que durant les deux décennies écoulées depuis la promulgation de la 425 il y a eu des changements dans la région (encore qu’on n’en voit pas trace au Sud…) et qu’il faut en tenir compte. Une réponse apparemment aux critiques libanaises concernant la politique des deux poids deux mesures adoptée à l’encontre du camp arabe à travers les menaces lancées contre l’Irak, alors qu’Israël reste impuni pour tout ce qu’il a fait ou refuse de faire… Développant à ce sujet un point de vue de «real politik», un diplomate occidental affirme que «le perdant (en l’occurrence l’Irak) ne comprend pas que dans sa position, il ne peut pas poser des conditions et se comporte comme s’il était un gagnant. Il existe des résolutions, il faut qu’il s’y soumette». Comme on voit, une cynique plaidoirie indirecte en faveur d’Israël qui n’étant pas précisément un perdant, entendre au Liban, y serait en position de poser des conditions… Un diplomate libanais relève que «l’Amérique est en train de plonger dans un bain de contradictions, de brouiller les cartes, de cesser même de respecter les formes et d’essayer d’appliquer une méthode de discrimination systématique en faveur de l’Etat hébreu, pour la première fois sans faux-semblants, ouvertement. Violemment même. Dans un tel contexte on ne peut que s’inquiéter de l’intérêt que les Américains manifestent actuellement à la question du Liban-Sud. On a en effet l’impression qu’ils procèdent à une sorte de sondage pour voir quelles seraient nos réactions à d’éventuelles initiatives israéliennes, une perspective toujours alarmante, par définition même étant donné la nature agressive d’Israël et plus particulièrement de l’actuel parti au pouvoir dans ce pays». En marge de ce jugement, on note qu’effectivement les Etats-Unis se préoccupent de traiter le dossier d’un retrait israélien potentiel du Sud. C’est ainsi que le président de la puissante commission des Affaires étrangères du Congrès, le sénateur Jess Helms, dépêche sur place son chef de cabinet, Danielle Pletka. Arrivée mercredi, descendue au siège de l’ambassade, elle a devant elle un programme chargé de rencontres avec les dirigeants mais aussi avec les pôles d’influences politiques dont elle a rencontré plusieurs hier au cours d’un dîner donné par l’ambassadeur Jones et qui sera suivi d’un autre ce soir. Mme Pletka doit en principe regagner demain Washington pour y présenter un rapport détaillé sur le dossier du Sud. Ph.A-A.
«Je suis tombé par terre c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c’est la faute à Rousseau»… C’est toujours la faute aux gens de plume et par extension à cette presse écrite que les deux philosophes français, cités par Hugo via Gavroche, n’ont pas dédaignée de leur vivant. L’ambassadeur américain Richard Jones s’est élevé à ce niveau de...