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Actualités - CHRONOLOGIE

Damas et Ankara craignent des démembrements en série

La Syrie, qui s’oppose fermement à un recours à la force contre Bagdad, a entrepris hier de souligner les conséquences «dévastatrices» qu’aurait une attaque militaire américaine pour les pays voisins de l’Irak. De source diplomatique arabe, on indique que Damas craint une éventuelle partition qui serait «le début d’une série de divisions dont personne ne sait où elles s’arrêteraient». Une telle crainte était exprimée la veille par la Turquie qui s’inquiète, elle aussi, de la création d’une entité géographique kurde mais aussi d’un afflux de réfugiés à sa frontière «Une attaque militaire américaine ne briserait pas seulement l’unité de l’Irak mais provoquerait des conflits sanglants dans la région, dont personne ne peut mesurer les conséquences catastrophies», note le quotidien syrien «as-Saoura». En allusion aux Etats-Unis qui accusent l’Irak de dissimuler des armes non conventionnelles, le journal ajoute que «la question n’est pas celle d’armes de destruction massive, qui n’existent que dans l’esprit de ceux qui veulent brouiller les cartes dans la région, assujettir (le Proche-Orient) et en interdire la présence aux Russes et aux Européens». Damas accuse les Etats-Unis de partialité en faveur d’Israël dans le processus de paix dont ils sont coparrains avec la Russie, et leur reproche d’utiliser «deux poids, deux meseures» entre Israël et l’Irak en ce qui concerne l’application des résolutions du Conseil de Sécurité. De source diplomatique arabe à Damas, on explique que la Syrie s’inquiète d’une éventuelle anarchie qui pourrait survenir en Irak et pourrait conduire à la création d’un Etat kurde dans le nord de ce pays. Evoquant la visite au Caire du vice-président de la République Abdel Halim Khaddam et du ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, le journal «Techrine» écrit que cette visite «fait partie des efforts de la Syrie, qui est attachée à une solution politique de la crise irakienne et à la préservation de l’unité de l’Irak. «La coordination arabe pour une issue pacifique est nécessaire afin de repouser le danger contre les Arabes et les musulmans et empêcher que la région ne s’engouffre dans l’inconnu», ajoute «Techrine». Le journal exprime clairement l’inquiétude de Damas devant «l’option militaire, dont les conséquences rejailliront sur tous les Arabes sans exception». «Car attaquer militairement l’Irak cache des objectifs et des plans perfides qui visent les Arabes et les musulmans et ne servent qu’Israël et les ennemis du monde arabe», poursuit-il. Le 8 février, la plus haute instance dirigeante en Syrie, le Front national progressiste (FNP), avait estimé que les efforts diplomatiques étaient «le cadre adéquat pour éviter au peuple irakien et à ceux de la région les conséquences dévastatrices» d’une frappe militaire. Le ministre irakien des Affaires étrangères Mohamed Saïd Sahhaf a abordé ce sujet la semaine dernière à Damas où il effectuait la première visite d’un responsable irakien de ce rang en Syrie depuis dix-sept ans. Il avait accusé les Etats-Unis de voulir «diviser non seulement l’Irak mais aussi la Syrie et l’Arabie Séoudite en deux régions, l’une chiite et l’autre wahabite (sunnite) et l’Egypte entre les coptes (chrétiens) et les musulmans». En 1991, la Syrie faisait partie de la coalition anti-irakienne dirigée par les Etats-Unis, qui avait bouté les troupes irakiennes hors du Koweit. L’éventuelle division de l’Irak créerait un problème pire que celui du Proche-Orient, a estimé de son côté le président turc Suleyman Demirel. «Je ne pense pas que l’Irak doive être divisé. S’il est divisé et si un Etat kurde est formé, cela créera un problème qui durera des années, pire que celui vécu actuellement au Proche-Orient», a dit M. Demirel. Le président turc a toutefois indiqué qu’il «inclinait à croire» les déclarations des Etats-Unis, qui ont affirmé vouloir préserver l’intégrité territoriale de l’Irak. M. Demirel a réitéré que l’Irak devait appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, tout en soulignant que ce but devait être atteint par le dialogue et non par une action militaire. «Cette crise est très importante et compliquée. J’ai bein peur qu’une action militaire ne crée beaucoup de nouveaux problèmes, pas seulement pour la Turquie mais pour tous les pays de la région», a-t-il dit.
La Syrie, qui s’oppose fermement à un recours à la force contre Bagdad, a entrepris hier de souligner les conséquences «dévastatrices» qu’aurait une attaque militaire américaine pour les pays voisins de l’Irak. De source diplomatique arabe, on indique que Damas craint une éventuelle partition qui serait «le début d’une série de divisions dont personne ne sait où...