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Actualités - CHRONOLOGIE

Annan à Bagdad demain : une mission sous haute surveillance

Kofi Annan entame demain vendredi à Bagdad la mission la plus délicate de sa carrière de diplomate, pourtant chevronné. Une mission de tous les dangers — en raison des implications qu’elle comporte —, qui est aussi placée sous haute surveillance . Le secrétaire général des Nations Unies devrait rester trois jours dans la capitale irakienne, de vendredi à dimanche, pour tenter de trouver une solution pacifique à la crise sur le désarmement de l’Irak. Il quitte New York ce matin pour Paris, à bord d’un Concorde. Le lendemain, il prendra un vol spécial pour Bagdad. Hier, il estimait avoir «des chances raisonnables de réussir». Mais Washington et Londres ont pris soin de définir les limites de la mission du secrétaire général de l’ONU. La Maison-Blanche sera seul juge du succès ou de l’échec de M. Annan, a indiqué le porte-parole de la présidence US. «Nous n’allons pas entériner spontanément n’importe quel résultat obtenu par cette mission. Nous voulons être capables de l’examiner et de vérifier qu’il répond aux principes à appliquer», a déclaré Michael McCurry. Le porte-parole a ajouté que les Etats-Unis avaient pleine confiance en M. Annan pour qu’il transmette aux dirigeants irakiens un «message très ferme» demandant que l’Irak respecte les résolutions de l’ONU. M. McCurry a encore enfoncé le clou, faisant état du pessimisme de l’Administration américaine US sur l’issue possible de cette mission. «Il n’y a aucun signe émanant du gouvernement irakien qui conduise quiconque à être optimiste», a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche. A la question de savoir s’il était probable que la mission diplomatique de M. Annan apporte une solution à la crise sur le désarmement irakien, M. McCurry a simplement répondu: «Non». «Il n’y a eu qu’obstination, secret, mensonge délibérés sur les pratiques passées, aucun signe de volonté de faire ce qui est nécessaire, c’est-à-dire de respecter les obligations internationales», a-t-il conclu. Une mission «encadrée» Quant au premier ministre britannique Tony Blair, il a averti que la mission d’Annan avait été strictement encadrée et qu’il n’y aurait aucune concession sur l’accès des inspecteurs de l’ONU aux sites suspects. L’Irak ne doit mettre en place «aucun obstacle ou précondition à l’accès des inspecteurs en désarmement de l’ONU» à ses sites d’armement, a affirmé le premier ministre devant la Chambre des communes. «Notre détermination est inébranlable», a-t-il ajouté. «Il ne doit rien y avoir qui puisse amoindrir le processus d’inspection de l’armement», a ajouté M. Blair. Mercredi, les plus ardents défenseurs d’un règlement négocié ont annoncé avoir fait tout leur possible et admis que si le chef de l’Etat irakien ne change pas d’attitude, plus rien ne pourra empêcher une opération militaire. «Le temps est compté», a ainsi averti le président français Jacques Chirac, à l’issue de la visite à Paris du ministre irakien des Affaires étrangères Mohamed Saïd Sahhaf. Et le chef de la diplomatie française Hubert Védrine a renchéri: «La France a déployé tous les efforts possibles (...). Elle ne peut faire plus». Mais en visite en Hongrie, le ministre russe des A.E. Evgueni Primakov a estimé que «la visite de Kofi Annan à Bagdad crée une réelle possibilité de résoudre la crise de façon diplomatique». «Il me semble, a-t-il dit, qu’il y a une situation favorable à la réalisation d’une solution politique; nous espérons que l’action militaire ne sera pas nécessaire». Moubarak optimiste Pour le président russe Boris Eltsine, le voyage en Irak du secrétaire général de l’ONU est «extrêmement important» car «il peut contribuer à régler la crise par la voie politique et diplomatique». Au Caire, le président Hosni Moubarak a affirmé avoir «grand espoir» d’un règlement pacifique après avoir reçu la veille «un message positif» du chef de l’Etat irakien. «La visite de M. Annan va sauver l’Irak et toute la région de problèmes sans fin», a estimé le Raïs égyptien. Comme pour donner raison au président égyptien, M. Sahhaf a affirmé que l’Irak «réagira positivement» aux propositions que doit lui faire M. Kofi Annan. «Soyons optimistes», a ajouté le chef de la diplomatie irakienne à Amman où il venait d’arriver. Hier, le vice-président de la République Abdel Halim Khaddam et le ministre des Affaires étrangères syrien Farouk el-Chareh ont achevé une visite au Caire axée sur la crise. Ils avaient été reçus dans la matinée par le président Moubarak. A Amman, le roi Hussein a exhorté le président Bill Clinton à assurer le succès de l’option diplomatique, au cours d’une conversation téléphonique. En Arabie Séoudite, le prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz a évoqué la crise au téléphone avec le président syrien Hafez el-Assad. D’autre part, un émissaire du département d’Etat, David George Newton, actuellement en tournée dans le monde arabe pour expliquer la politique de son pays dans cette affaire, s’est entretenu avec un responsable du ministère séoudien des Affaires étrangères. Dans une déclaration à la presse, M. Newton a indiqué avoir expliqué à M. Nizar Oubeid Madani, vice-ministre séoudien des Affaires étrangères, «la position américaine à l’égard de la crise actuelle entre l’Irak et l’ONU». «Je pense qu’il y a une compréhension de la position américaine de la part des responsables séoudiens», a ajouté M. Newton qui s’est déjà rendu en Egypte et doit se rendre dans les cinq autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie Séoudite, Koweit, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Bahrein). M. Newton avait indiqué qu’il se rendrait «peut-être aussi en Turquie». Par ailleurs, les Etats-Unis ont averti que ce serait une «erreur» pour certains de menacer Washington et ses alliés de représailles en cas d’un recours à la force contre l’Irak. «Certains peuvent ou non ne pas apprécier le fait que les Etats-Unis soient peut-être obligés de recourir à la force, mais ils feraient une erreur d’agiter la menace de représailles», a déclaré le porte-parole du département d’Etat, James Rubin. «Et ils feraient doublement une erreur s’ils mettaient en œuvre ces menaces», a-t-il ajouté. La branche militaire du mouvement intégriste palestinien Hamas avait menacé mardi de frapper des intérêts israéliens si les Etats-Unis attaquaient l’Irak, dans un communiqué. Aux Nations Unies, M. Annan a déclaré qu’il partait pour Bagdad «avec le soutien total» des quinze membres du Conseil de Sécurité. Il s’est déclaré en outre «encouragé» par le fait que les Irakiens semblent préparés à «s’engager de matière constructive pour trouver une solution». Mercredi, M. Annan a informé le Conseil de Sécurité sur son voyage à Bagdad. Aucune déclaration n’a été faite à l’issue de la réunion. Sur le terrain, deux faits au cours des dernières heures: l L’Irak a présenté à la presse trois installations sous surveillance des experts de l’ONU, pour l’empêcher de produire des armes de destruction massive, une surveillance qu’il dit en danger si les Etats-Unis le bombardent. l Des milliers de soldats américains s’apprêtaient à quitter mercredi les Etats-Unis pour se rendre au Koweit dans le cadre du renforcement du déploiement militaire américain dans le Golfe. (AFP)
Kofi Annan entame demain vendredi à Bagdad la mission la plus délicate de sa carrière de diplomate, pourtant chevronné. Une mission de tous les dangers — en raison des implications qu’elle comporte —, qui est aussi placée sous haute surveillance . Le secrétaire général des Nations Unies devrait rester trois jours dans la capitale irakienne, de vendredi à dimanche, pour...