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Actualités - REPORTAGE

"Les derniers jours de Socrate" au Casino du Liban Un drame musical dans le plus pur style rahbanien (photos)

«Les derniers jours de Socrate» consacre le retour en scène de Mansour Rahbani, escorté de la «new generation» (Marwan, Ghadi et Oussama). Le Casino du Liban inaugure son théâtre avec cette superproduction. Huit décors différents, des costumes somptueux, une musique dans le plus pur style rahbanien, des dialogues concis mais percutants comme des flèches — qui blessent surtout au premier degré —, une brochette d’acteurs talentueux... tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce spectacle un drame musical de qualité. L’introduction musicale est militaire, elle claque comme un coup de semonce, un gong qui annoncerait les perturbations à venir. En effet, au lever du rideau les armées de Sparte s’apprêtent à envahir Athènes, cité des philosophes. Sur la place centrale, entourée d’escaliers menant vers des maisons à arcades, arrive Socrate (Rafic Ali Ahmad) vêtu d’une longue tunique blanche ceinturée à la taille, un long bâton à la main, entouré de ses disciples et de gens du peuple. L’effervescence est à son comble. Les accusations jaillissent de partout: les démocrates accusent Socrate d’impiété et le taxent de manquer de civisme; à son tour, il les blâme pour leur lâcheté et leur mercantilisme... Mais il est déjà trop tard, puisque l’armée spartiate investit la ville. Léandre le stratège spartiate nomme Critias, ancien élève de Socrate, gouverneur de la cité conquise. Une délégation de Phéniciens, cherwals, tarbouches et tuniques rouge, vert et blanc vient féliciter les vainqueurs et le nouveau régime: «zalghouta» et dabké bien de chez nous... La terreur Avec Critias, c’est le règne du cynisme, de la terreur, de la restriction des libertés, de la délation... La débauche et le lucre sont monnaie courante dans la nouvelle classe régnante. Les démocrates complotent pour renverser ce régime despotique et rétablir le pouvoir du peuple. Tant qu’il s’agit de démolir le pouvoir mis en place illégalement par une puissance étrangère, Socrate prête main forte aux révolutionnaires. Les Phéniciens, peuple conciliant, viennent féliciter les vainqueurs qui sont cette fois démocrates... re-zalghouta, re-dabké. Petit clin d’oeil à nos ancêtres. A peine Anytos a-t-il restauré la démocratie que le philosophe s’éloigne du pouvoir, cette lèpre qui semble contaminer tous ceux qui l’approchent. Socrate choisira toujours le parti du peuple, dont il est issu... Pour cela, il sera jugé par une cour d’hommes masqués... Irréductible, irrémédiablement intègre, il ne se laisse ni corrompre ni convaincre d’exil, préférant boire la coupe empoisonnée... Les phrases qui fusent de part et d’autre sont plus assassines les unes que les autres, dénonçant ce qui arrivait alors à Athènes... ce qui se passe aujourd’hui, sous nos cieux. «Comment acceptes-tu de gouverner un pays non souverain?» demande le philosophe à Critias. «Toi et tes trente ministres n’avez rien fait pour le peuple, vous n’avez fait que vous en défendre» lance-t-il au démocrate. A chaque réplique, la salle, au comble de l’enthousiasme, explose en applaudissements... Décors et costumes Les décors, signés Roger Jalkh, sont imposants. La place d’Athènes où se font et se défont les régimes et où Socrate donne ses causeries, revient tout au long de la pièce, comme pour rappeler que tout se fait par la volonté du peuple. Au temple et ses cariatides au pied desquelles la belle Theodora donne des fêtes figurent ces alcôves où les secrets s’enfouissent à jamais. La salle du gouvernement aux somptueuses tentures suggère que le pouvoir n’asseoit son autorité qu’à travers un étalage ostentatoire de richesses... Les costumes sont de Gaby Abi Rached. La tunique, base de l’habit grec, est ici enrichie de mille petits détails. Les spartiates, noires et montantes, donnent un bel effet d’uniformité. Les acteurs sont impeccables. A commencer par Rafic Ali Ahmad, dont la voix de ténor baigne toute la pièce. Hoda campe une Xanthippe dont les pointes aigres-douces n’évite que rarement son philosophe de mari qui porte sa pauvreté comme une médaille. William Hassouani a l’hypocrisie convaincante d’Anytos. Carole Samaha-Théodora, prêtresse, disciple et amoureuse de Socrate, illumine de sa voix et de sa présence les planches. Ziad Saïd joue avec conviction un Critias assoiffé de pouvoir.... La chorégraphie, mélangeant les danses grecques et des figures plus modernes, saupoudre les trois heures de spectacle des confettis d’une liesse populaire. Cette euphorie qui accompagne la naissance d’un mythe, Socrate... Aline GEMAYEL
«Les derniers jours de Socrate» consacre le retour en scène de Mansour Rahbani, escorté de la «new generation» (Marwan, Ghadi et Oussama). Le Casino du Liban inaugure son théâtre avec cette superproduction. Huit décors différents, des costumes somptueux, une musique dans le plus pur style rahbanien, des dialogues concis mais percutants comme des flèches — qui blessent...