Saddam, lance tes scud sur Israël, clament les manifestants palestiniens à Ramallah et Jenine (photo)

Des centaines de Palestiniens à travers les territoires occupés ont manifesté hier leur soutien à l’Irak, scandant «Mort à l’Amérique» et appelant le président Saddam Hussein à tirer ses missiles SCUD à ogive chimique sur Israël. Des heurts ont opposé un groupe de manifestants à des militaires israéliens à l’issue d’une manifestation à Ramallah, en Cisjordanie, et un Palestinien a été légèrement blessé à la jambe d’une balle caoutchoutée. Pendant ce temps, les dirigeants israéliens ont averti les Palestiniens qu’ils commettaient une «grave erreur» en exprimant leur soutien à un ennemi juré de l’Etat juif, notamment le premier ministre Benjamin Netanyahu qui a sommé les Palestiniens de «choisir entre Israël et l’Irak» . Netanyahu reproche ainsi à l’Autorité palestinienne ses prises de position favorables à Bagdad dans la crise qui oppose le régime irakien aux Etats-Unis. Quelque 500 manifestants ont défilé à Ramallah où ils ont brûlé des dizaines de drapeaux artisanaux israéliens et américains. «Frappe Israël avec des armes chimiques, Saddam», scandaient des participants. «Nous sacrifions notre sang et notre âme pour Saddam», criaient d’autres. A Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, plusieurs centaines de personnes ont manifesté en portant une reproduction en carton-pâte d’un missile balistique SCUD, dont l’Irak avait tiré 39 exemplaires sur Israël pendant la guerre du Golfe en 1991. «Mort à l’Amérique», «Mort à Clinton» (le président américain Bill Clinton) et «Mort à Blair» (le premier ministre britannique Tony Blair), ont scandé les manifestants. A Gaza, plusieurs dizaines de Palestiniens, dont certains vêtus de linceuls blancs pour symboliser les victimes irakiennes de l’embargo imposé par les Nations Unies, ont manifesté en brandissant des portraits du président Saddam Hussein. «Nous serons tous des martyrs pour défendre l’Irak», proclamait un calicot. Deux poids, deux mesures A Bethléem, 200 voitures roulant au pas, escortées par des policiers palestiniens, ont participé à un cortège de soutien à l’Irak, le deuxième en trois jours. Des organisateurs ont lancé avec des porte-voix des slogans appelant Bagdad à tirer des missiles chimiques sur Israël. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tiré argument de ces manifestations pour accuser les Palestiniens de ne pas avoir vraiment choisi la voie de la paix avec l’Etat juif. «Je suis déçu par le soutien que les Palestiniens ont apporté à l’Irak, qui rappelle de mauvais souvenirs», a affirmé M. Netanyahu. «Il est temps que les Palestiniens sachent s’ils veulent vivre en paix avec Israël ou soutenir Saddam», a-t-il dit. Le ministre israélien de la Défense, le général Yitzhak Mordehaï, a affirmé pour sa part: «Je pense que les Palestiniens font une grave erreur s’ils soutiennent Saddam Hussein». «La crise doit être résolue pacifiquement, par la voie diplomatique», a cependant réaffirmé hier le président palestinien. Son porte-parole, M. Marouane Kanafani, a rejeté les critiques israéliennes. «M. Netanyahu essaye de diffamer la position palestinienne, qui est fondée sur l’opposition à l’option militaire et à l’usage de la force pour résoudre un conflit politique», a-t-il dit. Nombreux sont cependant les Palestiniens qui accusent les Etats-Unis d’appliquer «deux poids, deux mesures» en exigeant de l’Irak le respect intégral des résolutions de l’ONU, alors qu’Israël n’applique pas les textes le concernant, en particulier ceux qui stipulent le retrait des territoires occupés. (AFP-Reuters)