Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Irak : les efforts diplomatiques n'éclipsent pas l'option militaire Il est possible de faire encore bouger les positions de Saddam Hussein, estime Paris (photos)

L’optimisme relatif après les tambours de la guerre: lentement mais, semble-t-il, sûrement, la crise irakienne s’achemine vers une issue heureuse sous la pression conjuguée de la menace militaire brandie par les Etats-Unis — et leur allié britannique — et de la diplomatie régionale aussi bien qu’internationale, principalement française. Le président Bill Clinton a constaté hier qu’une action militaire n’était pas «inévitable». De son côté, Hubert Védrine jugeait possible «de faire encore bouger les positions de Bagdad». Et de fait, on apprenait tard en soirée que le régime irakien acceptait sous conditions l’inspection de ses sites S’agissant des sites dits «présidentiels», Bagdad accepterait l’inspection de huit d’entre eux — une proposition déjà avancée il y a quelques jours et qui avait été rejetée par Washington. Une des conditions posées par les Irakiens est que l’embargo soit levé un mois après ces inspections, celles-ci devant être effectuées «en une seule fois» sur les huit sites «présidentiels». Mais pour Washington, ces propositions demeurent insuffisantes, ainsi que l’a souligné le porte-parole du département d’Etat James Rubin. Celui-ci a cependant tenu à préciser qu’il faisait référence à ce que le gouvernement américain connaît des propositions faites directement par l’Irak et non aux idées que les divers médiateurs, dont les émissaires français et russe, ont pu discuter avec les responsables de Bagdad. Il s’est refusé à tout commentaire sur ces idées. Néanmoins, le président américain a fait hier un «petit pas» en direction de Bagdad, affirmant qu’une opération militaire n’était pas «inévitable» si Saddam Hussein fournissait «l’assurance» que les experts de l’ONU en désarmement pourront reprendre leur travail. «Si cette assurance peut être donnée sous une forme raisonnable que quiconque ayant un jugement sain accepterait, alors rien n’est inévitable», a-t-il dit en réponse à des questions de la presse en compagnie du premier ministre britannique Tony Blair. Décision «difficile» Auparavant, le chef de l’Exécutif US a jugé que le pays était confronté à «une décision difficile». Sans se référer à une éventuelle frappe militaire, il a toutefois indiqué être particulièrement préoccupé pour la sécurité des forces américaines dans la région. «Nous avons une décision difficile à prendre en tant que pays et en tant que gouvernement à cause de l’inquiétude de tous les Américains qui ne veulent pas exposer nos enfants, si on peut l’éviter, aux dangers de la guerre chimique ou biologique», a déclaré M. Clinton à l’occasion d’une cérémonie nationale de prière, un événement qui a lieu chaque année. Sur un autre plan, M. Clinton a affirmé ne pas croire qu’une action militaire puisse conduire à une guerre mondiale, comme son homologue russe l’a affirmée à deux reprises. «Je doute que cela se produise», a-t-il déclaré, en réponse à une question des journalistes présents à sa conférence de presse conjointe avec M. Blair. Jeudi, le chef de l’Etat russe a réitéré ses propos de la veille sur le risque d’une nouvelle guerre mondiale qu’entraînerait, selon lui, une frappe US. Mercredi, Moscou avait jugé bon de rectifier quelque peu le tir en soutenant que les propos de M. Eltsine avaient été mal compris par des journalistes ne comprenant pas parfaitement la langue russe. Eltsine optimiste Selon l’agence Interfax, le président russe a souligné jeudi qu’une frappe américaine ne serait admise par son pays «en aucun cas». Dans le même temps, il a jugé que le plus fort de la tension «a un peu baissé» et indiqué qu’il était «optimiste». Ce point de vue paraît partagé, dans une large mesure, par la France, dont le chef de la diplomatie a affirmé qu’on pouvait «encore faire bouger les positions irakiennes» sans recours à la force. «Nous pensons qu’il vaut mieux s’obstiner pour trouver une solution permettant» à la commission de l’ONU «de continuer à contrôler (l’armement irakien) jusqu’au bout de sa mission que de précipiter un recours à la force, alors qu’on peut sans doute encore faire bouger les positions irakiennes», a affirmé M. Hubert Védrine sur la radio privée Radio Monte-Carlo (RMC). Le secrétaire général du Quai d’Orsay, lui aussi, a fait état de progrès sans toutefois donner des précisions sur ces progrès. M. Bertrand Dufourcq avait été reçu mercredi par le président irakien Saddam Hussein, auquel il avait transmis des «suggestions concrètes» du président Jacques Chirac. Jeudi, M. Dufourcq a quitté Bagdad pour une tournée dans la région qui l’a conduit d’abord au Caire où il a rencontré en soirée M. Amr Moussa, ministère égyptien des Affaires étrangères. Le numéro deux du ministre français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire à l’issue de cette rencontre, affirmant: «Je vais faire mon rapport au président Chirac». Il devait passer la nuit dans la capitale égyptienne avant de poursuivre sa tournée à Damas, où il arrivera aujourd’hui vendredi, à Ryad et au Koweit. A Paris, le porte-parole du ministère des A.E., M. Yves Doutriaux, a indiqué que les hauts fonctionnaires qui accompagnent M. Dufourcq doivent se rendre dans d’autres capitales de la région, sans plus de précisions. Hier encore, la France est revenue à la charge pour prôner une solution sur la poursuite des inspections «tenant compte de la dignité de l’Etat irakien». «Les Irakiens devraient, selon nous, accepter de laisser l’UNSCOM accompagnée d’experts indépendants ou de diplomates choisis d’un commun accord se rendre dans les sites présidentiels qui entourent les résidences ou le palais», a déclaré Yves Doutriaux. «Des formules tenant compte de la dignité de l’Etat irakien devront être appliquées» pour visiter ces sites, a-t-il ajouté. «L’heure est à la diplomatie» face à l’Irak, a répété le porte-parole. Appel de Moubarak Au Caire, le président Hosni Moubarak a appelé son homologue irakien, «faire preuve de sagesse» et l’a averti qu’une frappe militaire était «toujours à l’ordre du jour». Invitant le président Saddam Hussein à agir «avec sang-froid», il lui a demandé d’être conscient du danger qu’il encourt et d’appliquer les résolutions de l’ONU, ainsi que l’a révélé le ministre égyptien de l’Information, Safouat Chérif, citant les propos du Raïs lors d’une rencontre avec les intellectuels égyptiens à l’inauguration de la 30e Foire internationale du livre, au Caire. M. Moubarak a révélé à cette occasion avoir envoyé «trois messages à Saddam Hussein», dont le dernier après un entretien téléphonique, mercredi, avec Bill Clinton, a indiqué M. Chérif, en précisant que dans ses messages, le président égyptien avait souligné «la gravité de la situation». Le chef de l’Etat égyptien a exprimé «l’espoir de voir l’Irak répondre favorablement aux médiations arabe et internationale (...) pour désamorcer la crise», selon le ministre. «Si l’Irak n’a pas d’armes bactériologiques, pourquoi alors mettre en avant des questions de souveraineté et ne pas permettre aux inspecteurs (en désarmement) de faire le travail dont ils sont chargés par l’ONU et éviter au peuple irakien des conséquences dramatiques?» a relevé M. Moubarak, toujours cité par M. Chérif. En sa qualité de président du dernier sommet arabe, tenu en juin 1996 au Caire, M. Moubarak a dépêché mercredi à Bagdad le secrétaire général de la Ligue arabe Esmat Abdel Méguid pour examiner avec les responsables irakiens les moyens de résoudre la crise. M. Abdel Méguid, à l’issue d’un entretien avec le vice-premier ministre irakien, Tarek Aziz, a jugé «totalement inacceptables» les menaces contre l’Irak. Pour lui, l’utilisation de la force «ne réglera pas les problèmes mais, au contraire, le compliquera davantage». Le secrétaire général de la Ligue devait recevoir jeudi à sa résidence de Bagdad l’émissaire français Bertrand Dufourcq. M. Abdel Méguid s’est entretenu par ailleurs avec l’émissaire russe Viktor Possouvaliouk. Quant au chef de la diplomatie turque, Ismaïl Cem, il a quitté jeudi soir Bagdad, au terme d’une brève mission qui lui a permis de rencontrer le président Saddam Hussein auquel il a transmis un message de son homologue turc Suleyman Demirel lui demandant de respecter les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon une source proche du ministère des A.E., à Ankara. Arrivé mercredi à Bagdad, M. Cem avait également rencontré à deux reprises son homologue irakien Mohamed Saïd Sahhaf et le premier vice-premier ministre Tarek Aziz. Il a annoncé jeudi que de nouvelles idées pour résoudre la crise entre l’Irak et l’ONU seraient bientôt soumises au Conseil de Sécurité par la Russie ou la France. Cook dans le Golfe Dans le Golfe, la Grande-Bretagne a pris la relève des USA pour rallier les gouvernements de la région à d’éventuelles frappes militaires que Washington estime inévitables si les efforts diplomatiques échouent. Cette relève a été marquée par la visite jeudi dans deux pays alliés des Etats-Unis dans le Golfe, l’Arabie Séoudite et le Koweit, du secrétaire au Foreign Office Robin Cook. La démarche britannique intervient trois jours après le voyage dans la région du secrétaire d’Etat américain, Madeleine Albright. Celle-ci est repartie sans avoir pu convaincre le royaume séoudien, chef de file des monarchies du Golfe, d’appuyer une attaque américaine contre l’Irak, en cas d’échec des efforts diplomatiques pour résoudre la crise opposant Bagdad à l’ONU sur le désarmement. M. Cook, qui a rencontré son homologue séoudien le prince Séoud el-Fayçal, a réitéré à Ryad ses mises en garde au président irakien qui, a-t-il «ne doit pas se faire d’illusions. S’il y a une action militaire, elle sera grave, il sera durement attaqué». Le chef de la diplomatie britannique est arrivé dans la journée à Koweit où il doit évoquer la crise irakienne avec l’émir, cheikh Jaber Ahmad. Sur le «terrain» enfin, le porte-avions américain «USS Independence» est entré jeudi dans le Golfe, dans le cadre du renforcement des effectifs militaires américains dans la région. L’arrivée de l’«Independence» dans le Golfe porte à trois le nombre des porte-avions américains dans la région, avec le «USS Nimitz» et le «USS George Washington».
L’optimisme relatif après les tambours de la guerre: lentement mais, semble-t-il, sûrement, la crise irakienne s’achemine vers une issue heureuse sous la pression conjuguée de la menace militaire brandie par les Etats-Unis — et leur allié britannique — et de la diplomatie régionale aussi bien qu’internationale, principalement française. Le président Bill Clinton a...