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Actualités - CHRONOLOGIE

Les durs du Nagorny Karabakh aux commandes en Arménie

Un président de la République qui démissionne, suivi peu après par le chef du Législatif censé assurer l’intérim; celui-ci confié au premier ministre, désormais véritable «homme fort» du pays; enfin, un ministre de la Défense estime qu’il convient désormais, s’agissant du Nagorny-Karabakh, de «placer la barre plus haut»: les «durs» de ce territoire sécessionniste à majorité arménienne situé en Azerbaïdjan ont pris les rênes du pouvoir en Arménie. Dès mercredi, la commission électorale arménienne, par la voix de son président Khatchatour Bezirdjan, a fixé au 16 mars la date du scrutin présidentiel anticipé, peu après que le Parlement eut entériné la démission du chef de l’Etat Levon Ter-Petrossian. A son tour, M. Babkien Ararktsian, président du Parlement, qui aurait dû assurer l’intérim présidentiel, démissionnait lui aussi et l’intérim présidentiel était alors confié, selon la Constitution, au premier ministre Robert Kotcharian. Ex-président du Nagorny-Karabakh, M. Kotcharian était en profond désaccord avec le chef de l’Etat sur la façon de régler le conflit dans cette enclave azerbaïdjanaise. C’est pour cette raison que M. Ter-Petrossian a été acculé au départ par ses adversaires politiques. Ces derniers jours, un renversement d’alliances au sein du Parlement avait fortement affaibli la coalition présidentielle. Dans ses premières déclarations à la presse mercredi, M. Kotcharian a donné le ton en s’empressant de désavouer la position du président sur le conflit du Karabakh. «Le règlement par étapes, sans garanties, pourrait aboutir à la guerre», a-t-il averti. Le départ du président va entraîner un durcissement de la position d’Erevan lors des négociations sur l’enclave, a prédit de son côté le ministre arménien de la Défense Vazgen Sarkissian. M. Sarkissian, qui semble avoir joué un rôle dans cette crise politique, a estimé qu’il fallait «placer la barre plus haut» dans les pourparlers avec Bakou. Difficultés en vue L’ex-président souhaitait qu’une série de «mesures de confiance» soient mises en œuvre comme le retrait des troupes arméniennes qui occupent actuellement le cinquième de l’Azerbaïdjan, le retour du million de réfugiés azéris, la levée du blocus de l’Arménie et du Karabakh par l’Azerbaïdjan, avant de discuter du statut de l’enclave. Ce plan proposé par le «groupe de Minsk«, une émanation de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), avait été accepté par le président azerbaïdjanais Gueidar Aliev. A l’opposé, M. Kotcharian estime essentiel de négocier en même temps toutes les questions, sous peine de voir la partie azerbaïdjanaise quitter la table de négociations sitôt obtenu le retrait des troupes arméniennes actuellement déployées sur le territoire azerbaïdjanais. M. Kotcharian, qui restera premier ministre pendant l’intérim présidentiel, a cependant affirmé qu’il était «partisan d’un règlement pacifique» et qu’il souhaitait «poursuivre les négociations dans le cadre de l’OSCE». Les observateurs à Erevan prédisent pour leur part des «difficultés». «Vraisemblablement la médiation et les consultations avec le groupe de Minsk vont être suspendues. En outre, les événements des derniers jours montrent que la majorité de la population arménienne soutient la position» de M. Kotcharian, a estimé Sergueï Chakarian, analyste indépendant. Bagrat Sadoïon, analyste au Centre arménien de recherches stratégiques et nationales, relève lui aussi «une radicalisation au sein du Parlement et de la société», ce qui risque selon lui de limiter les possibilités de l’OSCE. Le Nagorny-Karabakh avait proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, peu avant la disparition de l’URSS. Un conflit armé y a fait 20.000 morts et des dizaines de milliers de réfugiés entre 1988-1994. L’Arménie, l’Azerbaïdjan et le Nagorny-Karabakh ont signé en mai 1994 un accord de cessez-le-feu, globalement respecté.
Un président de la République qui démissionne, suivi peu après par le chef du Législatif censé assurer l’intérim; celui-ci confié au premier ministre, désormais véritable «homme fort» du pays; enfin, un ministre de la Défense estime qu’il convient désormais, s’agissant du Nagorny-Karabakh, de «placer la barre plus haut»: les «durs» de ce territoire...