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Actualités - CHRONOLOGIE

La désescalade s'accélère sur le front irakien (photos)

Entamée en début de semaine, la désescalade dans la crise irakienne s’est accélérée hier. Coup sur coup, le président Bill Clinton a souhaité «une véritable solution diplomatique», tandis que son porte-parole jugeait que Bagdad avait «commencé à comprendre le message», tout en jugeant insuffisantes les propositions avancées jusqu’à présent par l’Irak concernant l’inspection des sites présidentiels. Dans le même temps, Washington tentait de minimiser les propos attribués dans la matinée au président russe Boris Eltsine, alors que se poursuivait le ballet des émissaires chargés de convaincre Saddam Hussein de se plier aux exigences onusiennes Tout en appelant de ses vœux une solution diplomatique, le président Bill Clinton a averti que «d’une manière ou d’une autre», son pays était «déterminé» à priver l’Irak des moyens d’utiliser des armes de destruction massive. Le porte-parole présidentiel Michael McCurry de son côté a qualifié d’insuffisante l’offre irakienne d’autoriser les experts internationaux à inspecter huit sites présidentiels. Toutefois, a-t-il estimé, cette proposition montre que Bagdad «commence à comprendre le message» de fermeté des Etats-Unis et à admettre que son intransigeance «n’est pas une position tenable». Il a bien souligné qu’il n’avait pas qualifié la proposition irakienne d’«encourageante». Mais, a-t-il dit, «ils semblent évoluer dans le sens d’une reconnaissance que l’exclusion des sites dits présidentiels n’est pas une position tenable pour eux». «Si c’est le cas, c’est une admission importante de leur part et nous espérons qu’ils comprendront» que la seule solution à la crise est «un accès sans entraves par l’UNSCOM (la Commission spéciale de l’ONU sur le désarmement de l’Irak) aux sites que l’UNSCOM estime nécessaire d’inspecter» a-t-il ajouté. De son côté, le département d’Etat a estimé lui aussi que les propositions avancées jusqu’ici pour l’accès des inspecteurs de l’ONU aux sites irakiens n’étaient pas suffisantes mais a constaté avec satisfaction que l’Irak commençait à assouplir sa position. L’UNSCOM sceptique L’UNSCOM elle aussi s’est montrée sceptique sur les propositions irakiennes. «Si ces propositions sont correctement rapportées (elles l’avaient été par la chaîne de télévision CNN qui rapportait les propos du ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa son homologue irakien étant Mohammed Saïd Sahaf), elles ne semblent pas répondre aux demandes du Conseil de Sécurité, qui réclame un accès libre, immédiat et inconditionnel», a affirmé à ce propos le porte-parole de la commission spéciale Ewen Buchanan. A New York, l’ambassadeur russe aux Nations Unies, Sergueï Lavrov, s’en est pris aux médias pour «une déformation malheureuse» des propos du président russe Boris Eltsine, qui avait mis en garde contre une possible «guerre mondiale». Plus tôt dans la journée, M. Eltsine a prévenu que les actions en Irak du président américain pourraient déclencher une guerre mondiale soulignant que des efforts diplomatiques supplémentaires étaient nécessaires pour résoudre la crise. «Les actions de M. Clinton pourraient conduire à une guerre mondiale», avait déclaré le président russe au cours d’une rencontre avec le premier vice-premier ministre Anatoli Tchoubaïs, a rapporté l’agence Interfax. M. Lavrov, à qui l’on demandait de commenter les remarques de M. Eltsine, a souligné qu’«il s’agissait d’une déformation très malheureuse d’un long entretien». Cohen en tournée Mais déjà le secrétaire d’Etat Madeleine Albright avait téléphoné à ce sujet à son homologue russe Evgueni Primakov. «Notre analyse est que la Russie partage pleinement notre objectif d’assurer le respect total par l’Irak» de ses obligations de désarmement envers les Nations Unies, a affirmé le porte-parole du département d’Etat James Rubin. Les Etats-Unis ont une «relation très solide et constructive» avec Moscou, a-t-il ajouté. Mme Albright et M. Primakov ont «longuement discuté» de la crise irakienne, mais l’avertissement du président russe sur les risques de «guerre mondiale« en cas d’attaque américaine contre Bagdad «n’a pas occupé une grande partie de la conversation», a-t-il fait valoir. Après le chef de la diplomatie US, c’est au tour du secrétaire à la Défense William Cohen d’entamer aujourd’hui jeudi une tournée en Allemagne et en Russie, qui pourrait le conduire également dans le Golfe. Objectif de cette mission: prôner la fermeté dans la crise face à l’Irak. Selon la presse, M. Cohen devrait se trouver dimanche en Arabie Séoudite. Il se rendrait ensuite au Koweit, à Bahrein, à Qatar, dans les Emirats arabes unis et enfin dans le sultanat d’Oman. L’étape séoudienne notamment serait cruciale car, d’un point de vue strictement militaire, une éventuelle opération militaire serait grandement facilitée si Washington pouvait utiliser le territoire séoudien. Or, Madeleine Albright n’a pu obtenir le feu vert de Ryad à cet égard, lors de la tournée qu’elle vient d’effectuer dans la région. William Cohen devrait, logiquement, évoquer de nouveau cette question. Plan français La fermeté face à Bagdad, partenaires et alliés de Washington, en Europe aussi bien que dans le Golfe, y demeurent réticents, préférant donner toutes ses chances à l’option diplomatique — tout comme Madeleine Albright d’ailleurs. A Bagdad où s’affairent les envoyés spéciaux, le président Saddam Hussein a reçu mercredi l’émissaire français Bertrand Dufourcq qui lui a remis un message du président Jacques Chirac. «Le président a exprimé son intérêt pour le contenu du message de M. Chirac et sa considération pour son initiative», a rapporté l’agence officielle italienne INA. «Il a indiqué être d’accord avec les éléments essentiels contenus dans ce message au sujet de la situation actuelle et de ce qui doit être fait afin de parvenir à un règlement politique équilibré, qui soit conforme aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et leurs objectifs véritables», a ajouté l’agence. Le président irakien a mentionné «les autres initiatives visant à parvenir à une solution équilibrée, notamment les efforts du président russe Boris Eltsine qui se poursuivent et ont permis d’accomplir jusqu’à présent une avancée importante, grâce au dialogue constructif». La France, selon des sources diplomatiques arabes à Amman, propose que la composition des équipes chargées d’inspecter les sites dits «présidentiels» soit adaptée à la «sensibilité» des liens concernés. Les suggestions présentées par Bertrand Dufourcq au président irakien prévoient que les inspections soient menées conjointement par des diplomates et des inspecteurs de la Commission spéciale de l’ONU chargée du désarmement irakien (UNSCOM), a-t-on indiqué de mêmes sources. Des sites «moins importants seraient inspectés par un plus grand nombre de diplomates que d’inspecteurs», alors que «des sites sensibles le seraient par des inspecteurs de l’UNSCOM accompagnés d’un seul diplomate», a-t-on précisé. M. Dufourcq, qui est le secrétaire général du Quai d’Orsay, devait rencontrer en soirée le vice-président ministre irakien Tarek Aziz, et cela pour la deuxième fois depuis son arrivée dans la capitale irakienne. Auparavant, il s’était entretenu avec le représentant personnel du président Eltsine, Viktor Possouvaliouk, qui se trouve en Irak depuis dimanche. Contacts Chirac-Eltsine A Paris entre-temps, la diplomatie française prenait soin de rappeler le refus de toute option militaire. «Une telle action infligerait des pertes humaines importantes sans remettre en cause le pouvoir de Saddam Hussein, le chef d’Etat irakien pouvant, au contraire, tirer parti d’une agression extérieure pour réunir autour de lui son opinion publique», a déclaré Hubert Védrine, le chef de la diplomatie française, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat. «Le recours à la force risquerait de créer une onde de choc dans tout le Moyen-Orient, malgré les efforts engagés, au moment même où la communauté internationale, et les Etats-Unis au premier chef, ont montré leur impuissance à débloquer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens», a souligné le ministre. Pour Moscou, il existe «des avancées dans la position irakienne sur la voie d’une solution diplomatique», ainsi que l’a indiqué le président Eltsine à son homologue français. Le porte-parole de l’Elysée Catherine Colonna rendait compte ainsi d’un nouvel entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat après les deux contacts qu’ils avaient eus lundi. D’autre part, le secrétaire général de la Ligue arabe Esmat Abdel Méguid est arrivé dans la soirée à Bagdad où il a aussitôt rencontré M. Tarek Aziz. M. Abdel Méguid a été chargé par le président égyptien Hosni Moubarak, en sa qualité de président du dernier sommet arabe (juin 1996), d’examiner avec M. Saddam Hussein les moyens de trouver une solution pacifique à la crise. L’Egypte, quant à elle, a appelé Bagdad a faire baisser la tension en respectant les décisions de l’ONU, tout en réaffirmant qu’elle ne s’associera pas à un bombardement de l’Irak. «Nous ne sommes pas du tout disposés à participer à une action militaire (avec les Etats-Unis) contre l’Irak», a déclaré le président Moubarak aux journalistes, en marge de l’inauguration d’un réacteur nucléaire expérimental avec le président argentin Carlos Menem. «Nous espérons que l’Irak se pliera aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, sinon cela aura de graves conséquences et la situation sera très difficile», a-t-il répété à plusieurs reprises. Interrogé sur l’éventualité d’un sommet arabe, il a répondu: «Pas encore, nous n’en avons pas discuté». A son tour hier, la Turquie est entrée dans la ronde diplomatique et son ministre des Affaires étrangères Ismaïl Cem a gagné Bagdad pour une mission de bonne volonté. Il doit rencontrer les dirigeants irakiens aujourd’hui jeudi.
Entamée en début de semaine, la désescalade dans la crise irakienne s’est accélérée hier. Coup sur coup, le président Bill Clinton a souhaité «une véritable solution diplomatique», tandis que son porte-parole jugeait que Bagdad avait «commencé à comprendre le message», tout en jugeant insuffisantes les propositions avancées jusqu’à présent par l’Irak concernant...