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Actualités - CHRONOLOGIE

La rencontre Joumblatt-Chamoun, un début de dégel avec l'est Le leader du PSP rencontrera prochainement le BN et les kataëb (photos)

La réunion élargie qui a groupé hier au siège du Parti national libéral, à Sodeco, le ministre des Déplacés et leader du PSP Walid Joumblatt et le leader du PNL Dory Chamoun, entourés des hauts responsables du PSP et du PNL, sort du simple cadre du traditionnel «carnet mondain» qui marque en général l’actualité locale. Elle reflète ce qui paraît être les prémices d’un climat politique nouveau qui semble se dessiner (timidement) à l’horizon depuis quelque temps. Mais il ne s’agit au stade actuel que de «prémices» incertains qui doivent encore être confirmés et se traduire réellement dans les faits. Il est donc prématuré de parler d’ores et déjà de «nouvelle donne» sérieuse et durable ou de considérer comme un fait acquis ces velléités d’ouverture en direction du leadership véritablement représentatif du camp chrétien. Pour l’heure, l’amorce de dialogue mise en relief hier par la rencontre de Sodeco a été placée, dans un communiqué conjoint publié par le PNL et le PSP, sous le signe de «l’acceptation de l’autre» et de la «reconnaissance des spécificités» de chaque partie . En clair, le principe du droit à la différence (souvent perçu avec suspicion par les forces politiques de l’Ouest) n’est plus, désormais, tabou, et il devrait, de ce fait, sous-tendre tout dialogue futur entre les fractions locales. Le communiqué conjoint met d’ailleurs en évidence cette volonté du respect des sensibilités et des particularismes des parties en présence. Sur le double plan de la forme et du fond, le texte n’est pas, en effet, monochrome, en ce sens qu’il n’est pas le reflet d’un rapport de forces (régional) dont la nature n’échappe à personne. Il évoque, certes, les principaux dossiers qui constituent une préoccupation commune au PNL et au PSP dans le contexte présent (les déplacés et les municipales), mais il dépasse les questions conjoncturelles pour poser le problème crucial de la réconciliation et de l’entente nationales tant attendues. Des contacts sont prévus à ce propos non seulement entre les directoires du PNL et du PSP, mais également entre la base respective des deux partis. Mettant à profit l’échéance des élections municipales, l’objectif recherché est de «créer une dynamique de rapprochement, de dialogue et d’interaction entre les citoyens, en général, et les habitants de la montagne», en particulier. Les démarches entreprises par M. Joumblatt dans ce cadre ne se limitent pas au PNL et au contexte de la montagne. Le leader du PSP a ainsi conféré dans la journée d’hier avec le directoire du Parti communiste libanais, qui était jusqu’à présent tenu à l’écart de la vie politique libanaise. Au niveau du camp chrétien, M. Joumblatt doit étendre ses concertations dans les tout prochains jours au Bloc national et même au parti Kataëb. Mardi dernier, il avait déjà conféré avec le nouveau responsable estudiantin du courant «aouniste», M. Kamal Yazigi. C’est la première fois, note-t-on, que l’un des pôles du pouvoir issu de Taëf rencontre publiquement et officiellement les représentants du courant de l’opposition radicale anti-Taëf (en l’occurrence le PNL et le courant «aouniste»). Jusqu’à présent, les contacts publics s’étaient limités au Bloc national et aux Kataëb, alors que les rencontres avec les personnalités du PNL et du courant «aouniste» se faisaient loin des feux de la rampe ou s’inscrivaient dans le cadre de circonstances à caractère plutôt mondain. Les limites du dialogue Ce point précis a été mis en relief par M. Joumblatt lui-même dans une déclaration faite à la presse à l’issue de la réunion à Sodeco. «Cette entrevue, a-t-il notamment déclaré, a un caractère officiel. Elle est l’aboutissement des rencontres privées et personnelles que j’ai eues avec M. Dory Chamoun». Le leader du PSP a confirmé que la réunion d’hier avec le PNL a été axée essentiellement sur les deux dossiers des élections municipales et du retour des déplacés, ainsi que sur «la réconciliation et l’entente nationales à la montagne, et au Liban, en général». M. Joumblatt a reconnu dans ce cadre l’existence d’un «retard dans le retour des déplacés», imputant un tel retard au manque de fonds au niveau de la Caisse des déplacés. Le leader du PSP a tenu en outre à donner à la réunion d’hier une portée qui dépasse largement le contexte de la simple gesticulation médiatique, tout en fixant d’entrée de jeu les limites de cette détente nouvelle. «Au lieu d’avoir recours aux déclarations incendiaires, a-t-il souligné, il est préférable de nous asseoir avec toutes les parties afin de tenter de trouver des points de convergence. Il n’est pas nécessaire, a-t-il précisé en toute lucidité, de nous entendre avec l’autre partie sur tous les sujets de l’heure. Il existe des problèmes épineux qui n’ont pas été encore abordés». Se montrant plus explicite à ce sujet, M. Joumblatt a ajouté: «M. Chamoun peut exprimer son point de vue au sujet du problème syrien. J’ai ma propre opinion à ce propos. Il n’est pas nécessaire que nous nous entendions sur tous les problèmes». Interrogé sur le «timing» de cette ouverture en direction du PNL et de M. Chamoun, le leader du PSP a répondu: «Faudrait-il que je reste cantonné dans ma tranchée et que je continue à attaquer? Je ne le pense pas. Les nouvelles nominations au sein du PSP visent à prouver que notre parti ne se limite pas à une région ou à une communauté précise. Notre parti est pour tous les Libanais. Cela se reflète par cette ouverture. Comme je l’ai déjà souligné, si des circonstances régionales précises pointent à l’horizon, nous devons faire en sorte de ne pas être des instruments attisant le conflit au Liban». Abondant dans le même sens, M. Chamoun a mis l’accent, à l’issue de la réunion de Sodeco, sur la nécessité de «s’asseoir autour de la même table et d’entamer un dialogue constructif». «S’il existe encore des blessures entre les habitants de la montagne, a déclaré le leader du PNL, il faut tenter de les cicatriser. Nous nous dirigeons dans la région vers des conflits divers dont nous ignorons l’ampleur et les retombées sur le Liban. Il est nécessaire de resserrer les rangs entre les Libanais afin de faire face à une telle situation». Comme pour confirmer que cette détente entre le PNL et le PSP dépasse le cadre des deux partis, M. Chamoun a tenu à souligner que le Rassemblement national (qui regroupe le courant «aouniste» et des personnalités de l’opposition chrétienne, en sus du PNL) a donné son aval à la rencontre d’hier. «Vous pouvez considérer que cette réunion a eu lieu entre Walid Joumblatt et Dory Chamoun qui représente le Rassemblement national sur le terrain» (au Liban), a déclaré le leader du PNL. Il convient de relever sur ce plan que, depuis plusieurs mois, il est question de contacts discrets entre diverses personnalités proches de l’opposition chrétienne, d’une part, et des responsables proches du pouvoir ou des milieux prosyriens, d’autre part. L’an dernier, il a même été question d’une reprise du dialogue entre le camp chrétien et Damas. Mais les informations et les spéculations qui allaient bon train à ce propos sont toujours restées bien en deçà de la réalité. Récemment, diverses sources toutes concordantes ont fait état d’une rencontre discrète, à Paris, entre le général Michel Aoun et une personnalité connue pour avoir des liens étroits avec la Syrie. Il reste que les démarches timides entreprises à plus d’un niveau en vue d’aboutir à une ouverture du pouvoir et des milieux loyalistes en direction des leaders chrétiens véritablement représentatifs n’ont jamais débouché sur une action concrète. La rencontre d’hier constitue à cet égard une «première». Force est de constater, cependant, que le contentieux entre le camp pro-Taëf et l’opposition chrétienne est lourd et particulièrement complexe. Le sort de l’amorce de dialogue entamé hier dépendra d’un élément fondamental: le pouvoir et ses alliés sont-ils réellement prêts à reconnaître la légitimité indéniable du leadership chrétien marginalisé (dans ses différentes composantes) depuis 1991? Sont-ils disposés, véritablement, à agir en conséquence et à palier le profond déséquilibre qui marque la vie politique dans le pays depuis plusieurs années? De la réponse à ces questions dépendra le sort de la détente interne et de la vraie solution politique qui se font toujours attendre sur la scène libanaise. Michel TOUMA M. T.
La réunion élargie qui a groupé hier au siège du Parti national libéral, à Sodeco, le ministre des Déplacés et leader du PSP Walid Joumblatt et le leader du PNL Dory Chamoun, entourés des hauts responsables du PSP et du PNL, sort du simple cadre du traditionnel «carnet mondain» qui marque en général l’actualité locale. Elle reflète ce qui paraît être les prémices...