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Actualités - REPORTAGE

Concordance de vues quasi totale sur le P.O. et l'Irak entre Boueiz et son homologue russe Primakov : le Liban, un partenaire qui intéresse la Russie (photo)

Sous le signe de la «cordialité», le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz et son homologue russe Evgueni Primakov ont eu hier à Moscou des entretiens qui se sont caractérisés, selon les deux ministres, par une concordance de vues «quasi totale» sur l’ensemble des sujets discutés, en particulier sur le processus de paix au Proche-Orient et la situation en Irak. Les relations bilatérales n’ont pas été en reste, M. Primakov allant jusqu’à qualifier le Liban de «partenaire qui suscite l’intérêt de la Russie», notamment sur le plan économique. Au premier jour de la visite officielle de M. Boueiz à Moscou, le chef de la diplomatie, arrivé la veille en compagnie d’une délégation du palais Bustros et d’hommes d’affaires comprenant notamment le président de l’Association des industriels Jacques Sarraf, a eu d’abord un tête-à-tête avec son homologue russe, suivi d’un entretien élargi à leurs principaux collaborateurs, qui a duré plus d’une heure. A l’issue de l’entretien, MM. Boueiz et Primakov ont signé un protocole en vertu duquel la Russie doit remettre au Liban pour publication la correspondance (en français) de son consulat à Beyrouth entre 1830 et 1910. Un véritable trésor pour les historiens de cette période cruciale et chargée d’événements de l’histoire du Liban. Les deux ministres ont tenu par la suite une conférence de presse au cours de laquelle M. Boueiz a souligné que sa visite en Russie était la première d’un chef de la diplomatie libanaise dans ce pays «depuis au moins un demi-siècle». «Cette visite consacre l’intérêt que le Liban porte à la Russie, aux développements qui s’y déroulent et au rôle d’avenir que nous attendons de ce pays», a dit M. Boueiz. «Au Liban, nous pensons que la proximité de la Russie, sa dimension géographique, démographique, historique et culturelle et sa connaissance des questions du Proche-Orient la préparent à jouer un rôle fondamental dans les règlements des crises et dans l’instauration de la paix dans cette région», a-t-il ajouté. Evoquant le processus de paix au Proche-Orient, le ministre a indiqué qu’il avait déjà eu la possibilité, à l’occasion des visites de M. Primakov au Liban, de constater la concordance des vues entre les deux pays sur cette question «tant sur les grandes lignes que sur les détails ainsi même que sur notre vision d’une paix globale et durable fondée sur les principes de la conférence de Madrid (octobre 1991) à laquelle la Russie a pris part comme coparrain». «Nous considérons comme essentielle la participation de la Russie» au processus de paix, a-t-il souligné. Au sujet de l’Irak, M. Boueiz a indiqué que le Liban «non seulement n’encourage pas mais aussi met en garde contre les répercussions d’une éventuelle opération militaire» contre ce pays. Cette question doit être réglée par la voie «politique et diplomatique», a-t-il poursuivi, tout en réaffirmant la position de principe du Liban sur la nécessité pour l’Irak de respecter ses engagements à l’égard des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. «Je pense que nous ne sommes pas éloignés de la position du ministre russe des Affaires étrangères sur cette question», a encore déclaré M. Boueiz. Il s’est dit «surpris de tout ce déploiement de force (notamment américain) dans ce qui n’est qu’une application sélective des résolutions de l’ONU». M. Boueiz reprend ainsi le reproche traditionnel adressé maintes fois aux Etats-Unis de ne chercher à faire appliquer que les résolutions concernant l’Irak et non celles qui concernent Israël. Abordant les relations bilatérales, le chef de la diplomatie a indiqué que l’accent est mis au cours de sa visite sur les liens économiques entre les deux pays et a précisé que les hommes d’affaires qui l’accompagnent ont entamé des rencontres avec leurs collègues russes. Dimanche, M. Sarraf avait indiqué que la délégation économique accompagnant M. Boueiz allait notamment rencontrer les responsables du patronat russe et de l’Association des banques ainsi que le gouverneur de la Banque centrale. Il avait précisé qu’en sa qualité de représentant du secteur industriel, il comptait évoquer avec ses interlocuteurs russes «tous les moyens susceptibles de promouvoir les exportations libanaises vers la Russie et d’encourager les banques russes à avoir une présence active au Liban, condition nécessaire au développement des échanges». Pour le moment, ces échanges, de volume assez modeste dans les deux sens, sont nettement à l’avantage de la Russie, qui exporte annuellement pour près de 100 millions de dollars de marchandises vers le Liban, alors qu’elle n’en importe que pour 15 millions de dollars. Pour en revenir à la conférence de presse commune, M. Boueiz a qualifié de «cordiaux» ses entretiens avec M. Primakov et a ajouté: «Nous nous sommes retrouvés en accord sur la quasi-totalité des sujets que nous avons abordés et je pense qu’une telle entente ouvre la voie à un renforcement de la coordination entre le Liban et la Russie». Primakov: Un potentiel «énorme» Le ministre russe a lui aussi insisté sur cette concordance de vues, affirmant que les positions des deux parties étaient «soit proches soit en total accord» sur les questions qui étaient à l’ordre du jour. «La Russie est intéressée par un développement des relations dans divers domaines avec le Liban», a déclaré M. Primakov, se disant «satisfait de l’état des concertations politiques entre les deux pays», mais déplorant «le recul des liens économiques». «Je crois cependant que la visite de mon ami le ministre Boueiz constituera un nouveau départ sur le plan économique aussi», a-t-il noté. «Le Liban est un partenaire qui suscite notre intérêt. N’ayons pas peur des mots: le potentiel économique du Liban est énorme. Les Libanais sont répandus dans tous les pays du monde et jouissent de capacités et de positions influentes dans les domaines économique et financier au niveau mondial», a estimé M. Primakov, ajoutant que la Russie était intéressée par des investissements libanais dans l’économie russe. Le chef de la diplomatie russe a ensuite indiqué que Moscou tentait de remettre sur pied le processus de paix au Proche-Orient, «mis à mal par la politique adoptée par le gouvernement israélien» de Benjamin Netanyahu. «Israël se doit d’appliquer les accords déjà conclus avec les Palestiniens et les Syriens. S’il le fait, le processus repartirait en avant», a-t-il dit, soulignant que la Russie entretenait «de bonnes relations avec les deux parties (Israël et les Arabes) et est prête à les utiliser pour contribuer à débloquer le processus de paix». Sur l’Irak, M. Primakov a redéveloppé la position russe en faveur des démarches diplomatiques, qualifiant de «plus en plus inquiétante» la situation actuelle. Interrogé sur le Liban-Sud, le ministre russe a indiqué que son pays œuvrait «de façon permanente à calmer la tension dans cette région», estimant néanmoins qu’il n’y aurait «pas de solution tant que se poursuivra l’occupation par Israël d’une partie du Liban-Sud». Enfin, il a affirmé que Moscou souhaitait «corriger le déséquilibre» commercial entre les deux pays, notamment par le biais des investissements. Avec Alexis II Après un déjeuner avec M. Primakov, M. Boueiz et sa délégation ont été reçus par le patriarche de toutes les Russies Alexis II. Ce dernier a déclaré à la suite de l’entretien qu’il était d’accord avec le ministre libanais sur le fait de considérer que «la coopération entre les deux peuples est une grande chose». «Même si le Liban et la Russie ne sont pas sur la même balance, nous le disons fort: Le Liban est un pays important du Proche-Orient et du bassin méditerranéen, un pays qui a connu historiquement beaucoup de problèmes du fait des guerres des autres sur son territoire», a ajouté le patriarche. Au cours de sa visite de trois jours, M. Boueiz doit encore se rendre à Saint-Pétersbourg. Jeudi, il est attendu à Minsk pour une visite de deux jours au Belarus, à l’invitation de son homologue Yvan Antonovitch, qui était venu à Beyrouth en octobre dernier.
Sous le signe de la «cordialité», le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz et son homologue russe Evgueni Primakov ont eu hier à Moscou des entretiens qui se sont caractérisés, selon les deux ministres, par une concordance de vues «quasi totale» sur l’ensemble des sujets discutés, en particulier sur le processus de paix au Proche-Orient et la situation en Irak. ...