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Actualités - CHRONOLOGIE

Un mensuel en braille et en arabe pour aider les aveugles

Un institut privé pour les aveugles a récemment lancé un mensuel en deux versions, l’une en braille, l’autre en arabe, entendant démontrer que les non-voyants pouvaient mener une vie normale. «Avec «Al-Bassir» (le clairvoyant), nous voulons changer la mentalité de la société, faire comprendre que les handicapés peuvent vivre normalement. Mais c’est aussi difficile que de traverser un champ de mines», explique à l’AFP Issa Maalouf, rédacteur en chef du mensuel et fondateur de l’Institution libanaise pour les aveugles (LIB). «Nous ne voulons pas tomber dans le misérabilisme. D’ailleurs, le mensuel n’aborde absolument pas les problèmes des aveugles. Il traite d’économie, de culture, de sport et de problèmes de société», explique M. Maalouf. Aujourd’hui quinquagénaire, Issa a perdu la vue en 1970 dans un accident de voiture qui a emporté sa femme et ses enfants. Sa cécité «et le Christ» ont changé sa vie, raconte-t-il, après avoir confessé qu’il avait à l’époque tenté plusieurs fois de se suicider. Il troque alors sa petite charrette de vendeur de cassettes de musique pour des livres de philosophie et étudie à l’université. «Pour aller vers la lumière», dit-il. En 1986, doctorat de philo en poche, il fonde la LIB, reconnue un an plus tard d’utilité publique. Son conseil d’administration est formé de cinq aveugles et d’une sixième personne ne voyant que d’un œil. «Au lieu de donner un poisson à un aveugle, mieux vaut lui apprendre à pêcher», dit-il en pianotant avec dextérité sur son ordinateur portable. Sous le clavier, un boîtier noir traduit en braille ce qu’il vient d’écrire en arabe. Pour se relire et corriger les fautes de frappe, ses doigts glissent sur les petits picots. En cas d’erreur, il repasse sur l’autre clavier avec l’agilité d’un organiste. «Le système est américain», dit Issa. «Il a été adapté à l’arabe par notre institution et sert aux 20 non-voyants qui composent l’édition en braille». «Al-Bassir» en braille est distribué gratuitement avec une cassette audio d’une heure sur laquelle sont enregistrés les principaux articles du mois. Le mensuel, qui en est à son second numéro, est distribué dans ses deux versions uniquement sur abonnement et compte actuellement une centaine de clients, dont 60 particuliers et des banques ou organisations séduites par l’initiative. Créé avec l’aide d’un mécène arabe, le magazine n’a bénéficié d’aucun subside public. Difficile aussi au départ de trouver de la publicité. «Aucune agence, dit Issa Maalouf, ne voulait d’un magazine avec cent abonnés. Malgré tout, nous en avons trouvé et certains nous ont offert des publicités». «L’imprimeur aussi nous a fait un prix spécial», ajoute M. Maalouf, selon qui il y a environ 10.000 aveugles au Liban. Pour financer ses activités gratuites qui profitent à quelque 350 aveugles, la LIB organise des concerts et des expositions-ventes d’artisanat. «Nous couvrons le tiers de nos dépenses. Nous payons en retard, mais nous payons», affirme Issa.
Un institut privé pour les aveugles a récemment lancé un mensuel en deux versions, l’une en braille, l’autre en arabe, entendant démontrer que les non-voyants pouvaient mener une vie normale. «Avec «Al-Bassir» (le clairvoyant), nous voulons changer la mentalité de la société, faire comprendre que les handicapés peuvent vivre normalement. Mais c’est aussi difficile que...