Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Albright : nous sommes prêts à frapper militairement de façon unilatérale Washington tente de lever l'obstacle franco-russe à une attaque contre l'Irak (photos)

Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a quitté en soirée Washington pour Paris, première étape d’une tournée en Europe et au Proche-Orient centrée sur la crise avec l’Irak, au lendemain du message sur l’état de l’Union dans lequel le président Bill Clinton, soutenu par le Congrès, a averti Saddam Hussein que les Etats-Unis étaient déterminés à l’empêcher «d’utiliser de nouveau» des armes de destruction massive. Le chef de la diplomatie US va tenter de convaincre les alliés de l’Amérique, notamment la France et la Russie qui sont fermement opposées à un recours à la force . Mme Albright rencontrera aujourd’hui jeudi son homologue français Hubert Védrine. Elle se rendra ensuite à Madrid pour des entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères Evgueni Primakov. Elle devra enfin rencontrer le chef du Foreign Office Robin Cook. La Grande-Bretagne est le seul pays à appuyer fermement les USA et a envoyé le porte-avions «Invincible» dans le Golfe. Le secrétaire d’Etat «expliquera la position américaine sur les moyens de s’assurer que l’Irak respecte» les exigences de l’ONU, a affirmé le porte-parole du département d’Etat James Rubin. Pour Mme Albright, le président irakien représente «une profonde menace pour la paix dans le monde». Saddam Hussein tente de parvenir «à la levée des sanctions des Nations Unies tout en conservant et développant le programme irakien d’armes de destruction massive», a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse. «Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas et nous ne le laisserons pas réussir», a-t-elle poursuivi. Les Etats-Unis sont prêts à frapper militairement l’Irak «de façon unilatérale» pour contraindre Saddam Hussein à renoncer à son programme d’armements de destruction massive, a encore dit le secrétaire d’Etat. «Notre préférence est d’agir de façon multilatérale et d’agir de concert avec les autres», a néanmoins souligné Madeleine Albright devant la presse réunie au département d’Etat. Mardi, le président Clinton avait été ferme et clair. Ovationné par le Congrès, il avait déclaré dans son message sur l’état de l’Union: «Je sais que je parle au nom de tous dans cette assemblée, républicains et démocrates, quand je dis à Saddam Hussein: vous ne pouvez pas défier la volonté du monde». «Vous avez utilisé des armes de destruction dans le passé. Nous sommes déterminés à vous priver de la capacité de les utiliser de nouveau», a-t-il ajouté en martelant ses mots et sur un ton grave. Une UNSCOM plus efficace Mercredi, Paris et Moscou ont affirmé leur opposition à un recours à la force. «Le recours à la force dans la situation que nous connaissons n’est pas souhaitable, et ne résoudrait pas le problème auquel nous nous heurtons», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères après ses entretiens avec son homologue soviétique. «L’usage de la force n’est pas une solution», a réaffirmé M. Primakov, dont le pays a lancé une initiative diplomatique en direction de l’Irak pour l’amener à revenir sur sa volonté de geler jusqu’en avril les inspections des experts onusiens de son armement. «Sur le fond, l’Irak doit renoncer au moratoire concernant les activités de la Commission spéciale de l’ONU sur le désarmement (UNSCOM), mais en même temps la commission devrait se montrer plus efficace, et mettre en œuvre les recommandations qui lui ont été faites» par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, a souligné le dirigeant russe. «Nous espérons que les Irakiens auront suffisamment de bon sens pour trouver une issue à cette situation», a affirmé M. Primakov, ajoutant que «la France et la Russie sont deux pays qui préconisent une solution diplomatique». M. Védrine a confirmé ces propos, estimant que Bagdad doit «accepter que la commission puisse faire son travail». Le ministre français a rappelé que des propositions avaient été faites pour «rendre l’UNSCOM plus efficace, et qu’elle puisse travailler plus vite». A en croire le directeur de la CIA George Tenet, qui témoignait devant une commission du Sénat, l’Irak dissimule toujours aux Nations Unies sa capacité de production d’armes de destruction massive, avant d’estimer que la crise était «dans une phase énormément délicate». M. Tenet a estimé en outre que malgré ses efforts visant à saper la cohésion de la communauté internationale, «in fine, c’est un homme désespéré, qui se trouve dans un état épouvantable». Armada alliée Sur le terrain, outre le porte-avions britannique «Invincible», un autre porte-avions, celui-là, l’«Independence», doit arriver dans le Golfe le 6 ou le 7 février, a annoncé le porte-parole du Pentagone Kenneth Bacon. L«Independence» a été déployé vers le Golfe, initialement pour remplacer le «Nimitz», qui devrait regagner son port d’attache, à Norfolk (Virginie) vers le 1er mars. Kenneth Bacon a cependant indiqué que le «Nimitz» pourrait retarder son départ pendant quelques jours, tant et si bien que les Etats-Unis disposeront de trois porte-avions dans le Golfe vers la fin de la semaine prochaine, le «Nimitz», le «George Washington» et l’«Independence», un nombre jamais atteint depuis la première crise entre l’Irak et les Nations Unies, en octobre-novembre. A cela s’ajoutera la présence de l’«Invincible». Les Etats-Unis disposent aussi sur place de 24.400 soldats, d’autres bâtiments de guerre, dont six sont capables de tirer des missiles de croisière, ainsi que de 325 avions militaires, selon les derniers chiffres fournis par le Pentagone. Le Pentagone n’a pas fourni de détails sur les plans militaires en cas d’attaque, se contentant d’indiquer qu’il disposait de plusieurs options. «Il y a bien entendu un certain nombre de façons de s’occuper des armes de destruction massive», a expliqué Kenneth bacon. «L’une d’elles est de s’en prendre aux stocks eux-mêmes, une autre est de s’attaquer aux moyens de lancement, une troisième consiste à frapper les sites de production et ceux liés à la production. Ce sont là des choses, a-t-il dit, que nous étudions». Mais M. Bacon a laissé entendre que les Etats-Unis pourraient aussi s’en prendre à des objectifs visant directement les fondements du régime de Saddam Hussein. «Il existe, a-t-il dit, une série de cibles qui sont importantes pour Saddam (Hussein) et qu’il peut utiliser pour soutenir son régime: les unités spéciales de la Garde républicaine qui fournissent les forces de sécurité, les renseignements, etc.». Le cas Butler Malgré tout ce bruit, une action militaire paraît peu probable avant plusieurs jours, en attendant notamment le retour de Mme Albright. De son côté, le secrétaire à la Défense William Cohen pourrait quitter Washington «début février», selon le Pentagone, pour une tournée dans le Golfe. Il est peu probable qu’une attaque américaine se produise avant son retour, si toutefois ce voyage devait avoir lieu. Selon le «New York Times», une attaque américaine et britannique pourrait avoir lieu à la mi-février. Au plan politico-diplomatique, la situation s’est aggravée après les dernières déclarations de M. Richard Butler, chef de l’UNSCOM, qui a accusé l’Irak de posséder des missiles porteurs de produits bactériologiques capables «d’anéantir Tel-Aviv». «M. Butler est un peu sorti de son rôle», a affirmé M. Védrine critiquant ces propos «qui ne sont pas tout à fait conformes avec l’analyse de la situation du Conseil de Sécurité». «Je suis entièrement d’accord avec ce jugement», a appuyé M. Primakov. L’Irak, lui aussi, s’en est pris à M. Butler. Le ministre irakien du Pétrole Amer Rachid a déclaré que celui-ci avait «dépassé les limites» et que ses propos qui «fournissent un prétexte à une attaque américaine», mettaient en cause «sa capacité à accomplir» sa mission. A Bagdad toujours, le président Saddam Hussein a reçu l’émissaire de son homologue russe Boris Eltsine, qui lui a transmis un message sur la crise entre l’Irak et l’ONU, a annoncé l’agence officielle INA. Le message de M. Eltsine, dont l’agence irakienne ne précise pas la teneur, a été transmis par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Viktor Possouvaliouk. l La Turquie s’est montrée réticente quant à une utilisation de la base turco-américaine d’Incirlik si les Etats-Unis optaient pour une action militaire. «Nous n’avons reçu aucune demande jusqu’ici de la part des Etats-Unis pour une utilisation de la base d’Incirlik» en cas d’opération militaire américaine contre l’Irak, a dit le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Necati Utkan, interrogé lors d’un point de presse. «Je me rappelle que j’avais dit par le passé que nous espérions que les Etats-Unis ne formuleraient pas une telle demande. Je crois que notre position est toujours la même», a indiqué M. Utkan.
Le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a quitté en soirée Washington pour Paris, première étape d’une tournée en Europe et au Proche-Orient centrée sur la crise avec l’Irak, au lendemain du message sur l’état de l’Union dans lequel le président Bill Clinton, soutenu par le Congrès, a averti Saddam Hussein que les Etats-Unis étaient déterminés à l’empêcher...