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Actualités - CHRONOLOGIE

Le gouvernement malmené au cinquième jour du débat budgétaire samedi Husseini met en garde contre la vente des réserves d'or (photos)

Au cinquième et dernier jour du débat budgétaire, samedi, le gouvernement n’a pas eu droit à une trêve. Les opposants ont poursuivi sans relâche leurs attaques, critiquant la gestion économique et financière du cabinet Hariri et lui faisant assumer la responsabilité de la crise actuelle. L’allocution de l’ancien chef du Législatif, M. Hussein Husseini, était sans doute la plus sévère à l’égard de l’Exécutif. Il s’est livré à une critique méthodique du «projet Hariri» depuis la formation du premier gouvernement en 1992. Soulignant la gravité de la crise qui secoue le pays, M. Husseini a mis en garde contre toute tentative de vendre les réserves d’or et de dilapider les biens de l’Etat. Premier à prendre la parole, le député Michel Moussa a estimé que si l’endettement continue à augmenter au rythme actuel il sera impossible de rembourser les sommes empruntées. Mettant en garde contre «le rapport entre les impôts et les revenus, le député du Liban-Sud a déclaré que les personnes aux salaires limités payent des taxes aussi importantes que celles qui ont des revenus importants. «L’administration est en grande partie corrompue et inefficace, a-t-il dit. Elle reçoit les citoyens et s’occupe de leurs affaires avec froideur et avec une indifférence mortelle comme si le fonctionnaire n’était pas concerné. La manie des pots-de-vin prospère et devient une habitude». M. Moussa a dénoncé le fait que l’adoption de l’échelle des salaires soit lié à la réforme de l’administration. «Nous devons approuver le plus rapidement possible cette échelle et accorder leurs droits aux fonctionnaires(...), a-t-il dit. Il faut que les ingérences dans les affaires des organes de contrôle cessent. Nous avons confiance dans ces institutions. Et plus notre confiance s’accroît plus les pressions auxquelles elles sont soumises augmentent». Le député membre du bloc du président Berry a par ailleurs réclamé l’augmentation du nombre de magistrats et l’abolition de la peine de mort afin que les lois libanaises soient en harmonie avec les conventions internationales. Premier pas vers l’abolition de la peine capitale, le rétablissement des circonstance atténuantes. Pendant l’allocution de M. Moussa, le vice-président du Conseil, M. Michel Mur, s’est approché de M. Berry pour l’informer que le premier ministre n’était pas en mesure d’assister à la séance «à cause d’un lumbago». «S’il ne vient pas, je lève la séance», a menacé M. Berry. M. Murr est alors sorti de l’hémicycle pour appeler M. Hariri au téléphone. M. Georges Kassarji a commencé son allocution par une question sur les raisons pour lesquelles la Sûreté générale a arrêté les formalités d’obtention des passeports depuis que le gouvernement a décide d’augmenter le prix des timbres nécessaires pour ce document. S’attaquant ensuite au projet de budget, le député de Zahlé a indiqué que l’objectif du ministre Fouad Siniora dans la loi de finances, les budgets annexes et l’exposé de motifs est de redorer le blason des différents gouvernements qui se sont succédé depuis 1992. «Son but est de mettre en avant les points positifs en exposant des tableaux sur l’augmentation de la croissance, les déficits budgétaires, l’évolution de la dette publique, la balance des paiements et le taux d’inflation, a-t-il dit. Mais le meilleur critère pour savoir si le gouvernement a réussi ou échoué est d’écouter ce que dit la population». «Le gouvernement prétend qu’il a contrôlé l’inflation et la montée des prix et réalisé la stabilisation de la monnaie nationale, a-t-il dit. Mais l’amélioration de la valeur de la livre s’est faite à un prix exorbitant, puisqu’elle s’est accompagnée d’un relèvement des taux d’intérêt. Les investisseurs ont alors préféré placer leur argent dans les bons du trésor(...). Par ailleurs, la stabilisation monétaire ne s’est pas accompagnée d’une amélioration du pouvoir d’achat de la monnaie nationale, l’inflation s’est poursuivi et les prix ont continué à augmenter. Aussi, aucun progrès n’a-t-il été enregistré sur le plan du niveau de vie, d’autant plus que les majorations successives des salaires depuis 1992 n’ont pas compensé l’érosion du pouvoir d’achat. Cela nous amène à nous poser une question: la chute de la livre puis son amélioration étaient-elles provoquées?». M. Kassarji a ensuite évoqué le problème du déficit budgétaire qui s’est traduit par une augmentation dramatique de la dette publique qui constitue actuellement environ 110% du produit national. «Le gouvernement prétend vouloir augmenter les recettes, a-t-il déclaré. La multiplication des taxes indirectes qui s’est accompagnée d’une réduction de deux tiers de l’impôt sur le revenu fixe un plafond pour les recettes parce que les personnes à salaires modestes ont des capacités limitées et ne peuvent pas payer indéfiniment les surtaxes qui alimentent les caisses du trésor». «L’important n’est pas d’améliorer les dispositions de l’annexe numéro 9, mais de le faire sauter entièrement», a conclu M. Kassarji. La «guérison» de Hariri Avant la fin de l’allocution du député de Zahlé, M. Hariri était arrivé au Parlement visiblement «guéri» de son lumbago. Le premier ministre s’est immédiatement dirigé vers le président Berry avec qui il a eu une conversation discrète de plusieurs minutes au cours de laquelle il se référait à un bout de papier qu’il tenait dans sa main. Intervenant à son tour, le député Ali Hassan Khalil a estimé que «l’absence d’une politique générale responsable et sérieuse ne peut que creuser encore plus le déficit budgétaire, et le gouvernement doit s’efforcer de regagner la confiance du peuple». Par ailleurs, M. Khalil a rappelé l’importance de l’Université libanaise dans la mesure où c’est elle qui offre à l’écrasante majorité des Libanais l’opportunité de poursuivre leurs études supérieures. Or, selon lui, le gouvernement n’apprécie visiblement pas assez «le rôle véritable» et indispensable de l’U.L. Il en a voulu pour preuve les crédits réduits que consacre le projet de budget à l’institution. «Pourquoi donc faire des coupes dans le budget de l’université alors qu’elle est en plein essor et développement?» s’est demandé M. Khalil, avant de souligner la nécessité d’oeuvrer pour le développement des villages occupés par Israël et des régions déshéritées. Prenant la parole à son tour, le député Ghassan Matar s’en est pris au Premier ministre Rafic Hariri «qui, à l’occasion des iftars, ne cesse d’affirmer que les partis politiques sont devenus obsolètes». Il a ajouté à ce sujet: «De ceux qui ont combattu pour défendre l’unité du Liban, on ne peut dire qu’ils sont obsolètes. En revanche, on pourrait en dire autant de ceux qui ont financé la perte du Liban». D’autre part, concernant les projets de développement dont bénéficie la capitale, M. Matar a affirmé que les quartiers intérieurs en étaient souvent totalement exclus. De son côté, le député Mohammed Youssef Beydoun a déclaré: «Le débat du projet de budget se déroule cette année dans des circonstances intérieures et extérieures difficiles. Certaines de ces circonstances sont le résultat des lacunes accumulées par le passé (la situation de l’Administration, par exemple), et d’autres ont pour origine une gestion erronée du gouvernement dont les membres ont rarement fait preuve de solidarité entre eux», a-t-il dit avant de poursuivre: «Sur le plan local, il y a un problème politique qui a accompagné tous les gouvernements du Premier ministre Rafic Hariri, à savoir l’absence d’entente nationale. Ce problème a contribué en grande partie à créé un malaise qui s’est transformé en insatisfaction puis en perte de confiance». M. Beydoun a en outre mis le doigt sur la plaie de l’Administration qui s’est caractérisée par «la corruption, l’inefficacité et l’improductivité». «Sans les quelques fonctionnaires dont on loue le travail ici et là, nous n’aurions même pas une administration», a-t-il dit. Par ailleurs, le député de Beyrouth a estimé que la situation économique dans le pays se caractérise par «la stagnation», d’autant plus que le gouvernement n’a pas été en mesure de remédier au déficit budgétaire. Résultat, selon lui: la dette publique a augmenté dans une proportion de 117,7% en trois ans. Affirmant que le Liban passe par une conjoncture régionale «précaire et extrêmement périlleuse» en raison de la présence de M. Benjamin Netanyahu au pouvoir, en Israël, M. Beydoun a critiqué par la suite certains chiffres repris dans l’exposé des motifs du budget. Il a déclaré dans ce cadre: «Selon l’exposé, la balance des paiements a enregistré un excédent de 842 millions de dollars à la fin du mois d’octobre 1997. Or cette balance aurait enregistré au cours des trois derniers mois un déficit de 942 millions de dollars», a-t-il précisé. Déplorant d’autre part la mauvaise perception des factures au sein de l’EDL, le député a remis en question l’évaluation officielle de la croissance économique dans le pays. Pour lui, loin d’être de 4% en 1996, elle n’aurait guère dépassé les 3% sinon les 2%. Concernant le déficit budgétaire, M. Beydoun a affirmé qu’il était pratiquement impossible d’y remédier «en l’absence d’une vision d’avenir et de l’élaboration d’un plan, et à l’ombre d’une Administration qui attend toujours des réformes entravées par l’indécision politique». Et le député de conclure en réclamant du gouvernement les mesures suivantes: «Porter un regard réaliste sur la situation interne, aux niveaux politique, administratif, économique et social en s’aidant d’une élite d’experts (...); ne pas ignorer les développements sur le plan mondial dans la mesure où ils influent sur notre propre situation; que chaque homme politique au gouvernement ou dans l’opposition procède à un examen de conscience en vue de faciliter la réforme administrative». Husseini: Hariri ignore tout de l’entente nationale Le président Hussein Husseini a entamé son intervention par une véritable plaidoirie en faveur de l’ancien Premier ministre Omar Karamé. Il a rappelé dans ce cadre que le Conseil des ministres avait décidé en 1992 de réduire le déficit budgétaire à 35% et d’augmenter les recettes. Le gouvernement Karamé avait pris à cette époque une série de mesures fiscales visant à renflouer le Trésor, à amorcer le processus de reconstruction dans le pays et à régler la crise sociale. «A cause de cette décision, il a fallu que le gouvernement Karamé soit châtié le 6 mai de la même année», a-t-il dit avant de critiquer la politique du président Rafic Hariri: «Il nous demande de le traiter comme un gouvernement normal, alors qu’en même temps il se considère comme un gouvernement d’exception. C’est pour cette raison que lorsque nous venons à débattre, le Premier ministre est toujours absent». «Nous voulons que le gouvernant se conforme à la Constitution et à la loi», a ajouté M. Husseini avant d’affirmer que son opposition au chef du gouvernement n’avait rien de personnelle. «J’étais contre son accession à la présidence du Conseil parce que j’étais convaincu qu’il ne connaissait rien à la réalité de la structure libanaise et de l’entente nationale, contrairement aux présidents Hoss, Rachid Karamé, Salam et Osseirane», a-t-il déclaré à ce sujet. Critiquant la manière dont M. Hariri monopolise le pouvoir, l’ancien président de l’Assemblée a rappelé dans ce cadre que les prérogatives du chef de l’Etat ont été transférées au Conseil des ministres et non au Premier ministre. Sur le plan financier, M. Husseini a notamment déploré les transactions à l’amiable de l’Etat. Il a en outre précisé que «les biens-fonds tout autour du palais présidentiel de Baabda, y compris ses jardins, ne sont pas expropriés jusqu’à présent. (...) C’est le président Hraoui qui m’a lui-même affirmé que ces biens-fonds étaient encore des propriétés privées», a déclaré M. Husseini avant de déplorer l’absence de contrôle dans ce cadre. Et le député de se demander: «Pourquoi porte-t-on atteinte aux libertés publiques? Parce qu’il n’y a pas d’autorité judiciaire indépendante», a-t-il répondu en réclamant l’octroi de garanties d’immunité aux magistrats. Par ailleurs, M. Husseini a revendiqué une participation active des ordres des rédacteurs et de la presse et de l’ordre des avocats dans le Conseil national de l’audiovisuel en vue d’éviter le partage dans ce domaine. Soulignant dans ce cadre le danger que court le pays du fait de la troïka, M. Husseini a indiqué que l’on cherche ainsi à se substituer aux institutions. L’ancien chef du Législatif a enfin mis en garde contre l’orchestration d’une campagne d’information visant à justifier la liquidation de l’or et des biens publics. S’adressant dans ce cadre au ministre d’Etat pour les Affaires financières, M. Fouad Siniora, il a déclaré: «Nous étions en mesure de disposer de cet argent mais nous ne l’avons pas fait car il représente pour nous une garantie».
Au cinquième et dernier jour du débat budgétaire, samedi, le gouvernement n’a pas eu droit à une trêve. Les opposants ont poursuivi sans relâche leurs attaques, critiquant la gestion économique et financière du cabinet Hariri et lui faisant assumer la responsabilité de la crise actuelle. L’allocution de l’ancien chef du Législatif, M. Hussein Husseini, était sans doute...