Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

La double échéance électorale, une lourde respective

Deux rendez-vous électoraux vont secouer cette année le pays politique: les municipales de mai, doublées d’ailleurs par des élections de «makhatirs» tout aussi importantes sur le plan fonctionnel, et les présidentielles de septembre-octobre. Longtemps retardées (le dernier scrutin remonte à 1963!), les élections municipales intéressent évidemment les gens de très près puisqu’elles conditionnent beaucoup leur vie pratique de tous les jours, bien plus en tout cas que les législatives dont les résultats, globalement connus d’avance, comptent assez peu au regard de la population dans un système télécommandé. Vu sous l’angle politique, le test des municipales est révélateur en principe de la vraie force des pôles qui prétendent à un leadership de nature régionale et qui sont assez nombreux dans un pays où les affaires publiques sont souvent l’apanage d’une notabilité traditionnelle, entendre familiale. Cette fois, cependant, ce sont également des self made men, comme MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, ou encore comme M. Issam Farès, qui doivent à leur tour présenter l’examen au Sud, à Beyrouth ou au Nord. Et vu sous l’angle socio-économique, le scrutin va redonner vie aux innombrables municipalités qui, après avoir perdu leurs conseils par l’érosion de l’âge ou la dislocation de la guerre, végètent depuis des années sous la houlette de caïmacams débordés. Un rendez-vous important, trop souvent reporté et que cette fois les dirigeants, la main sur le cœur, promettent d’honorer sauf cas de force majeure, entendre nouvelle invasion israélienne ou démission du gouvernement. Mais leurs assurances ne rassurent pas tout le monde et dans les cercles politiques les sceptiques ne manquent pas. Ils rappellent qu’initialement le pouvoir voulait ajourner ces élections jusqu’à fin 1999, avait même publié une loi à cet effet et n’y avait renoncé que parce que le Conseil constitutionnel lui avait tapé sur les doigts. Critiques A la suite de quoi, ajoutent ces mêmes députés incrédules, les présidents s’étaient entendus pour qu’il y ait plutôt des désignations que des élections d’édiles, afin d’y trouver leur compte en matière de contrôle et d’influence politique. Comme ils ont dû faire machine arrière sous la pression populaire «ils n’ont plus intérêt à ce que les municipales aient lieu, car nous les y battrions», affirme un opposant. Sur un ton moins «catcheur», un modéré souligne pour sa part qu’il va être «difficile, pour un pouvoir aussi branlant qui n’arrive même pas à s’imposer à Toufayli, de gérer la même année deux derbys aussi difficiles, voire périlleux, que les municipales et les présidentielles. Surtout dans l’ordre où ces épreuves se présentent. En effet, qu’adviendrait-il si les municipales dégénéraient en bagarres rangées dans les cités? Ce risque n’est pas à négliger car la confrontation électorale se déroule sur ce plan pour ainsi dire à huis clos et met en présence, dans un climat comprimé au point d’en être explosif, des familles qu’opposent souvent des conflits ancestraux d’intérêts ou de sang. Quelles seraient les retombées politiques d’incidents incontrôlés? Le gouvernement ne risque-t-il pas de sauter, une crise de pouvoir d’éclater et à ce moment que ferait-on des présidentielles? Encore la prorogation?…» Il serait assez paradoxal en effet que ces municipales dont Baabda voulait faire des désignations deviennent en tant qu’élections «libres» la cause d’un nouveau maintien du statu quo au niveau présidentiel… C’est là un avantage que M. Hraoui n’avait peut-être pas vu au départ. Ou qu’il avait trop bien vu, s’il est vrai que comme le souligne son entourage, il a hâte de se délester du fardeau et ne tient pas du tout à un nouveau mandat. Toujours est-il qu’un député membre de la «Rencontre nationale» craint qu’«on ne fasse l’économie des municipales pour tout centrer sur les présidentielles qui sont, à tort, considérées comme plus importantes.» Ce qui, laisse-t-il entendre, est d’autant moins vrai que nul n’ignore qu’au niveau des présidentielles la vraie décision n’appartient pas aux Libanais, qui n’ont qu’à attendre l’oracle désignant le nouveau chef de leur Etat… Mais du côté des loyalistes on jure ses grands dieux que les appréhensions concernant les municipales n’ont absolument rien de fondé et que ces élections auront lieu sans faute dans les délais fixés, comme les dirigeants s’y sont engagés dans les accords de Baabda. Le ministère de l’Intérieur, ajoutent ces sources, poursuit activement ses préparatifs et s’apprête à lancer les convocations au corps électoral dans les prochaines semaines. Et c’est ensuite que la campagne électorale pourra être lancée. Il s’agit donc d’attendre et de voir… Ph.A-A.
Deux rendez-vous électoraux vont secouer cette année le pays politique: les municipales de mai, doublées d’ailleurs par des élections de «makhatirs» tout aussi importantes sur le plan fonctionnel, et les présidentielles de septembre-octobre. Longtemps retardées (le dernier scrutin remonte à 1963!), les élections municipales intéressent évidemment les gens de très près...