Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Une marée humaine pour la messe du Pape à Santa Clara (photos)

Sa première messe publique à Cuba, le pape Jean-Paul II l’a célébrée jeudi matin à Santa Clara, devant près de 100.000 personnes — le plus grand rassemblement religieux de l’histoire de l’île depuis l’arrivée des premiers missionnaires, en 1512. Il a saisi cette occasion pour renouveler avec vigueur sa condamnation de l’avortement. En même temps, le souverain pontife a déploré la division des familles cubaines par l’émigration, favorisée par «les carences matérielles et les insatisfactions pour raisons idéologiques». Il a quitté la ville pour regagner La Havane où, à partir de 18h heure locale (vendredi, 1h du matin heure de Beyrouth), il devait avoir un entretien avec le président Fidel Castro (VOIR AUSSI PAGE 10). Ainsi, durant un peu moins d’une heure, le chef de l’Etat cubain a reçu l’hôte le plus formidable qu’il lui ait été donné d’accueillir en près de quarante ans à la tête de son pays. Il s’agira du seul tête-à-tête des deux leaders durant la visite papale dans le pays le moins catholique d’Amérique latine. Il s’agissait aussi du deuxième face à face entre les deux hommes depuis la visite de Fidel Castro au Vatican, en novembre 1996. Là, le pape avait longuement reçu dans sa bibliothèque privée le chef de la révolution cubaine, ancien élève des Jésuites, qui s’était avoué «très ému et honoré» par la rencontre, qualifiée de «miracle». La photo de cette première prise de contact entre les deux hommes s’étreignant affectueusement les mains circule largement à Cuba ces jours-ci, transformée en poster, porte-clé ou carte postale. Bien que rien n’ait filtré sur les thèmes d’une rencontre que beaucoup de Cubains estimaient inimaginable dans leur pays il y a encore quelques mois, la question des droits de l’homme devait être abordée par le pape, tandis que le président cubain évoquait le poids de l’embargo américain contre son pays. Ville-symbole A Santa Clara (250 kilomètres à l’est de La Havane) où il a célébré la messe, jeudi matin, le Saint-Père, après avoir déploré la division des familles, a renouvelé sa condamnation de l’avortement — un message qui prend une dimension particulière à Cuba où, selon les derniers chiffres officiels, il s’est pratiqué en 1995 non moins de 132.000 interruptions volontaires de grossesses, soit neuf avortements pour dix naissances. «La séparation forcée des familles dans le pays et l’émigration ont brisé des familles entières et semé la douleur dans une grande partie de la population», a déploré le pape, qui a également dénoncé la politique scolaire cubaine qui envoie souvent les enfants loin de leurs parents dans des «écoles à la campagne». Les situations créées par cette politique, a dénoncé le pape, favorisent «la promiscuité (sexuelle), l’appauvrissement des valeurs éthiques, la vulgarité, les relations avant le mariage à des âges tendres et le recours facile à l’avortement». «La situation sociale vécue dans ce pays, qui m’est très cher, est à l’origine de nombreuses difficultés mettant en danger la stabilité familiale», a par ailleurs affirmé le pape. «Les carences matérielles — en raison de salaires insuffisants ou d’un pouvoir d’achat limité —, les insatisfactions pour des raisons idéologiques, l’attrait de la société de consommation» sont autant de facteurs cités par le pape comme ayant poussé des centaines de milliers de Cubains à choisir le chemin de l’exil. L’assistance a applaudi à plusieurs reprises les paroles du pape. Le maître-autel avait été dressé sous un toit confectionné à la manière traditionnelle, en feuilles de palmier royal, emblème de Cuba. La télévision publique cubaine a retransmis finalement en direct la cérémonie, comme le demandait l’Eglise de manière insistante. Cette célébration a été qualifiée par des responsables catholiques de plus grand rassemblement religieux de l’histoire de Cuba depuis l’arrivée des premiers missionnaires en 1512. Les chants liturgiques ont été chantés par un chœur de 300 personnes, accompagné d’un orchestre. Des fruits et de la canne à sucre, ainsi qu’un tableau peint par un enfant handicapé, ont été offerts au pape. Les habitants de la petite ville de 210.000 habitants ont ovationné le souverain pontife au passage de la «papamobile». Santa Clara est une ville-symbole du régime castriste, puisque les restes du «guérillero héroïque» Ernesto «Che» Guevara y reposent depuis octobre dernier. Le face-à-face du guérillero vieillissant, un des derniers survivants d’une idéologie moribonde, et du pape qui veut faire entrer l’Eglise catholique dans le troisième millénaire, restera dans les mémoires «comme un des grands et derniers moments de l’histoire de cette fin de siècle», estimait récemment le journaliste américain Tad Szulc auteur de biographies qui font autorité sur les deux leaders. «En présence: deux grands acteurs professionnels, deux grands orateurs, c’est une situation où la logique ne peut prévaloir tant la force de leur personnalité est énorme», avait-il ajouté.
Sa première messe publique à Cuba, le pape Jean-Paul II l’a célébrée jeudi matin à Santa Clara, devant près de 100.000 personnes — le plus grand rassemblement religieux de l’histoire de l’île depuis l’arrivée des premiers missionnaires, en 1512. Il a saisi cette occasion pour renouveler avec vigueur sa condamnation de l’avortement. En même temps, le souverain...