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Actualités - CHRONOLOGIE

Les risques possibles : un président fantoche, une Amérique affaiblie

le président Bill Clinton a survécu depuis le début de sa carrière à de multiples scandales mais la nouvelle crise qui secoue la Maison-Blanche est d’une telle nature que même ses proches se demandaient jeudi s’il parviendrait cette fois-ci à s’en tirer, et si oui à quel prix sur le plan politique. Après que le risque d’une destitution eut été évoqué mercredi, l’opinion la plus répandue était que même s’il parvient à éviter une telle issue, il sortira de cette crise tellement affaibli qu’il risque d’être réduit au rang de simple figurant, voire d’objet de ridicule, au cours des trois dernières années de son mandat. L’image de l’Amérique dans le monde mais aussi la crédibilité et la marge de manœuvre de M. Clinton sur le plan international pourraient aussi être affectées négativement. L’entourage du président, bien que passé maître dans l’art de surmonter les scandales en tous genres, semble quelque peu démoralisé. «Ce n’est pas une journée, comme les autres parce que nous devons nous occuper de cette histoire», a commenté le porte-parole de M. Clinton, qui a perdu beaucoup de sa superbe depuis mercredi. En cinq ans, la Maison-Blanche a pourtant été frappée par de nombreuses crises: Whitewater bien sûr, cet imbroglio politico-financier auquel peu d’Américains comprennent quelque chose, l’affaire des fiches de police du FBI sur plusieurs centaines de républicains obtenues illégalement par la Maison-Blanche, l’enquête sur le financement douteux de la campagne de 1996 à la Maison-Blanche et, bien sûr, le procès pour harcèlement sexuel intenté contre lui par Paula Jones. Mais cette nouvelle affaire est d’une toute autre portée car une incitation au faux témoignage est un délit pénal passible d’une peine de prison qui pourrait constituer un motif de destitution. «Come-back Kid» Quiconque a suivi sa carrière sait pourtant que même lorsqu’il est à terre, M. Clinton n’est jamais battu. Ses adversaires ont ainsi appris à leurs dépens qu’il possédait une extraordinaire capacité à se sortir de situations apparemment sans espoir. En 1992, les affirmations de Gennifer Flowers selon lesquelles elle aurait été pendant plus de dix ans sa maîtresse et les révélations sur la manière dont il s’était fait «pistonner» pour ne pas faire son service militaire afin de ne pas aller au Vietnam avaient ainsi failli couler sa première campagne présidentielle. Mais Bill Clinton était parvenu à remonter la pente, gagnant au passage son surnom de «Come-back Kid». Cette nouvelle crise sera toutefois probablement très coûteuse sur le plan politique. Face à un Congrès contrôlé par l’opposition, son atout le plus précieux à l’heure actuelle est sa cote dans le public, qui ne descend guère sous la barre des 60% depuis deux ans, même si, dans le même temps, une majorité d’Américains continuent de dire qu’ils n’ont pas confiance en sa parole et en son intégrité. Tout se passe comme si l’Amérique, satisfaite de sa prospérité actuelle, avait décidé de fermer les yeux sur les faiblesses de son président. M. Clinton «a du pouvoir parce qu’il a une position forte dans l’opinion, parce qu’il est un homme politique innovateur et fort», déclarait récemment Alan Lichtman, un expert de la présidence à l’American University. La crainte de son entourage est donc que la sordide affaire Lewinsky finisse par éroder le soutien de M. Clinton dans le public, ce que ni Whitewater, ni Paula Jones ne sont parvenus à faire. La présidence Clinton serait alors «plongée dans une crise politique qui l’affaiblirait peu à peu», affirmait jeudi le «New York Times». Le précédent Nixon Pour l’heure, une question d’une importance capitale se pose: le président a-t-il menti ou tenté de faire obstruction à la justice? «Ce n’est pas la légalité d’un comportement sexuel qui est cette fois en cause. M. Starr est confronté aux questions juridiques d’obstruction de justice, de parjure et de subornation de témoin», écrit le «New York Times». «Si elles sont vraies, (les allégations) ne sont pas seulement politiquement nuisibles mais pourraient entraîner une procédure de destitution», selon l’ancien conseiller du président, George Stephanopoulos, interrogé sur la chaîne de télévision ABC. La constitution américaine prévoit qu’il appartient à la Chambre des représentants de voter une procédure en destitution du président et au Sénat, présidé par le principal juge de la Cour suprême, de décider de cette destitution par une majorité de deux tiers des sénateurs présents. «L’obstruction de justice est clairement un délit passible de la destitution», a estimé jeudi Stephen Wayne, politologue à l’université de Georgetown à Washington. Mais les appels à la destitution du président sont monnaie courante, selon M. Wayne, qui rappelle que plusieurs républicains au Congrès ont déjà demandé une telle procédure dans le cadre des scandales touchant au financement de la dernière campagne présidentielle. Il appartient au président (speaker) de la Chambre, Newt Gingrich, de soumettre officiellement une telle demande à la commission judiciaire qui tient alors des auditions sur la question, avant de rendre son avis. Mais pour cela, il faudrait des preuves solides à l’encontre du président, le «speaker» ne voulant sûrement pas s’exposer à des accusations de manipulation politique, selon M. Wayne. L’affaire du Watergate avait entraîné le départ en 1974 du président Richard Nixon après que la commission judiciaire eut voté en faveur de sa destitution. Celui-ci avait toutefois préféré démissionner avant un vote de la Chambre. En 1868, la Chambre avait adopté une procédure de destitution contre le président Andrew Johnson mais ce dernier avait échappé à la destitution par une seule voix au Sénat.
le président Bill Clinton a survécu depuis le début de sa carrière à de multiples scandales mais la nouvelle crise qui secoue la Maison-Blanche est d’une telle nature que même ses proches se demandaient jeudi s’il parviendrait cette fois-ci à s’en tirer, et si oui à quel prix sur le plan politique. Après que le risque d’une destitution eut été évoqué mercredi,...