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Actualités - ANALYSE

La facture EDL : un câble à haute tension ...

Sur ordre exprès des décideurs c’est dans un climat parfaitement contrôlé que se déroulent les débats parlementaires concernant le budget 98 et le président Berry renonce à asticoter le président Hariri comme il semblait en avoir fortement envie la semaine dernière en discutant chiffres avec son partenaire de troïka… Mais «on attendait Grouchy, ce fut Blücher», c’est peut-être du sein même de son gouvernement que le président du Conseil peut voir se lever la plus forte des contestations, à l’occasion de ce même débat financier. En effet, le ministre des Ressources hydroélectriques M. Elie Hobeika est absolument outré: on lui coupe les vivres. Plus précisément, la commission parlementaire des Finances et du Budget lui a supprimé la moitié de la subvention annuelle de 200 milliards de L.L. consentie à son département, au titre du programme d’austérité budgétaire et pour inciter cet office, qui ne collecte que les 32% de ce qui lui est dû, à améliorer la perception de ses quittances. Et l’Assemblée à son tour menace de biffer les 100 milliards restants! Un sabordage comptable qui s’effectue sans protestation excessive du ministre délégué aux Finances M. Fouad Siniora qui, on le sait, ne voue qu’une affection mitigée à son collègue des Ressources depuis la fumante prise de bec qui les a opposés l’an dernier en Conseil des ministres… Certains partisans de M. Hobeika, dont il ne partage pas complètement les vues, selon ses proches, crient dès lors à la conspiration organisée. «Le coup, dit l’un d’eux, porte la marque conjuguée des deux pôles mahométans du pouvoir MM. Berry et Hariri qui sont toujours d’accord quand il s’agit d’affaiblir les positions du camp chrétien. De plus ils en veulent à M. Hobeika parce qu’il ne cesse de dénoncer cet incroyable scandale permanent du courant volé par des régions entières, alors que d’autres régions sont surtaxées pour amortir un peu les pertes. Ainsi le Mont-Liban est largement ponctionné, tandis que le Sud, la Békaa, la banlieue-sud et certaines parties du Chouf comme du Nord ne paient pratiquement rien». Valse administrative «MM. Berry et Hariri, ajoutent ces sources, ne sont pas non plus contents des permutations que M. Hobeika a ordonnées au sein de son ministère comme de l’Electricité du Liban, en base de critères de compétence, et qui ont affecté certains de leurs «clients» au sens patricien du terme. Le souverain mépris avec lequel M. Hobeika a accueilli les différents pistons qui ont tenté de jouer en faveur de tel ou tel fonctionnaire a également beaucoup froissé l’entourage des deux présidents». Et d’affirmer ensuite qu’au-delà de ces péripéties «MM. Berry et Hariri tentent de saper les positions de M. Hobeika en tant que candidat potentiel aux prochaines présidentielles, car ils auraient probablement horreur de voir une personnalité aussi forte s’installer à Baabda». Mais à dire vrai d’autres hobeikistes, peut-être plus proches du ministre, affirment que s’il est vrai qu’il existe «une tension à cause du budget de l’EDL, les relations politiques avec le chef du gouvernement demeurent normales, même s’il serait abusif de considérer M. Hobeika comme étant un haririen pur jus». Après avoir estimé que les présidentielles ne sont ni en vue ni en cause, ces sources soulignent cependant que «force nous est de constater qu’à ce jour les Finances, dont le titulaire est après tout M. Hariri, n’ont toujours pas débloqué les arriérés dus par le Trésor à l’EDL, soit quelque 300 milliards de L.L. destinés à la note de fuel-oil. Et nous attendons également les crédits prévus pour développer le réseau en y reliant les stations récemment installées. Ceci dit, nous ne comprenons pas comment on nous enjoint d’améliorer la perception de l’office sans nous donner les moyens coercitifs nécessaires, sans nous fournir les effectifs supplémentaires que nous réclamons et en nous interdisant en même temps d’adjuger cette mission à une entreprise du secteur privé. Dans de telles conditions de travail, espère-t-on vraiment que l’EDL puisse assurer la distribution du courant 24 heures sur 24?…» Après cette menace voilée de grève du zèle, ces sources laissent entendre que M. Hobeika «qui a annulé une visite officielle à laquelle il était invité par un pays occidental pour rencontrer les dirigeants et bien leur expliquer le problème, pourrait ne pas rester les bras croisés si un arrangement n’est pas trouvé… La réaction du ministre n’irait évidemment pas jusqu’à une démission, mais une conférence de presse pourrait faire l’affaire…» Peut-être pas de tout le monde, dans le Landernau loyaliste. Ph.A-A.
Sur ordre exprès des décideurs c’est dans un climat parfaitement contrôlé que se déroulent les débats parlementaires concernant le budget 98 et le président Berry renonce à asticoter le président Hariri comme il semblait en avoir fortement envie la semaine dernière en discutant chiffres avec son partenaire de troïka… Mais «on attendait Grouchy, ce fut Blücher»,...