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Actualités - CHRONOLOGIE

La troïka a entamé sa visite à Alger Première incursion des quinze dans le conflit algérien

Six ans après le déclenchement de l’insurrection islamiste armée en Algérie, les Quinze ont pu finalement — mais difficilement — obtenir de venir en parler franchement à Alger. Ainsi, la troïka européenne est arrivée hier soir dans la capitale algérienne pour une visite de vingt-quatre heures, dans un climat de forte pression contre toute «ingérence», pour rencontrer des responsables qui vont lui demander sans détours de lutter contre les «réseaux terroristes» en Europe Le gouvernement algérien, qui avait refusé jeudi la venue d’une première troïka de hauts-fonctionnaires, estime que le mandat de cette nouvelle mission, composée cette fois de ministres, correspond à ses «exigences». L’Algérie demande à ses partenaires de cesser leur «politique de duplicité à l’égard des réseaux terroristes identifiés en Europe», et leur «jeu hypocrite à l’égard du terrorisme» a indiqué l’Agence (officielle) APS dans un commentaire consacré à cette visite. Le quotidien gouvernemental «El Moudjahid» soulignait hier que «l’un des membres» de la troïka (le chef de mission, le secrétaire d’Etat britannique au Foreign Office Derek Fatchett) est «originaire d’un pays où les intégristes agissent en toute impunité: récolte de fonds pour mener des actions terroristes, appels au crime». «Sans cette logistique, le terrorisme (en Algérie) serait anéanti», selon le journal. Depuis plusieurs jours, de nombreuses organisations de masse, partis et associations — des anciens combattants à l’Union médicale algérienne — multiplient les communiqués pour dénoncer toute «tentative d’ingérence». Des émissaires de la Ligue arabe, de la Tunisie, du Togo sont venus apporter leur soutien à l’Algérie, également soutenus par l’Egypte. De leur côté, les responsables européens se sont montrés prudents face aux attentes suscitées par cette visite, après des tueries de civils qui ont fait plusieurs centaines de morts depuis le début du Ramadan, il y a trois semaines. Ils ont souligné à l’envi que la troïka ne venait pas «s’immiscer» dans les affaires algériennes. Cette mission (Grande-Bretagne, Luxembourg et Autriche) doit explorer «la question de savoir si et comment l’Europe peut aider à combattre le terrorisme», a notamment souligné le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, dont le pays préside pour six mois l’UE. Alger a indiqué refuser catégoriquement toute offre d’aide humanitaire et toute idée d’une mission d’enquête sur les massacres. Un problème européen De son côté, le secrétaire d’Etat autrichien aux Affaires étrangères, Mme Benita Ferrero-Waldner, qui fait partie de la délégation, a expliqué que la mission devait mettre en marche un «processus de dialogue». Pour cette responsable, il s’agit de «faire comprendre clairement aux dirigeants algériens que la crise dans leur pays» apparaît aussi «comme un problème européen», l’Europe pouvant être confrontée à une éventuelle vague de réfugiés, a-t-elle expliqué. Ces craintes ont aussi été exprimées dimanche par le chef de la diplomatie allemande Klaus Kinkel. Les secrétaires d’Etat britannique, luxembourgeois et autrichien seront accompagnés par le commissaire européen Manuel Marin. La délégation devrait notamment rencontrer le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, des membres de l’opposition parlementaire et des directeurs de journaux. Certains éditorialistes de la presse privée exprimaient leur scepticisme sur les résultats de cette mission, dont ils soulignaient la courte durée. Le quotidien de gauche «Le Matin» s’interrogeait sur les «intentions réelles» de la mission et estimait que l’Europe voulait pousser les autorités à un dialogue avec le Front islamique du salut (FIS-dissous). «D’abord et avant tout c’est une opération politico-médiatique destinée à la consommation européenne, estimait de son côté «El-Watan» dans un éditorial titré «Doutes». Il faut surtout espérer qu’il ne s’agit pas d’un début d’internationalisation, sachant que certains pays européens caressent cette idée». (AFP, Reuters)
Six ans après le déclenchement de l’insurrection islamiste armée en Algérie, les Quinze ont pu finalement — mais difficilement — obtenir de venir en parler franchement à Alger. Ainsi, la troïka européenne est arrivée hier soir dans la capitale algérienne pour une visite de vingt-quatre heures, dans un climat de forte pression contre toute «ingérence», pour rencontrer...