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Actualités - CHRONOLOGIE

L'émissaire de l'ONU depuis hier à Bagdad Butler : les exigences de Saddam dénuées de sens

Richard Butler, chef de la commission spéciale de l’ONU chargée de superviser le désarmement irakien (UNSCOM), a rejeté hier l’ultimatum de Saddam Hussein, qui avait menacé samedi dernier de suspendre sa coopération avec les Nations Unies si les sanctions contre l’Irak n’étaient pas levées dans les six mois. Celles-ci, qui frappent plus durement la population que le régime, avaient été imposées lors de l’invasion du Koweit, en 1990, et ne doivent être levées que lorsque les inspecteurs de l’UNSCOM auront certifié que les armes de destruction massive irakiennes ont bien été éliminées. «Ce travail peut être terminé assez rapidement avec la coopération pleine et entière de l’Irak. Il finira quand il sera fini. Réclamer qu’il soit achevé à un moment donné dénote un arbitraire dénué de sens», a dit à la presse le diplomate australien peu après son arrivée à Bagdad, et juste avant de commencer ses entretiens lors d’une réunion nocturne avec le vice-premier ministre irakien, Tarek Aziz, qui a duré trois heures. Aucune précision n’a filtré sur ces premiers entretiens. Dans la journée, des milliers d’Irakiens avaient manifesté dans les rues de la capitale Bagdad contre l’émissaire onusien . Butler doit tenter d’y résoudre la crise provoquée par le refus de l’Irak de laisser travailler une des équipes de l’UNSCOM, dont la composition était jugée trop anglo-saxonne et le chef, l’ancien capitaine des «marines» Scott Ritter, accusé personnellement d’espionnage pour le compte des Etats-Unis. Butler a confié aux journalistes qu’il se lançait dans cette mission «sans aucune illusion sur la gravité» de la crise actuelle, qui oppose le régime de Saddam Hussein au Conseil de Sécurité de l’ONU et, au-delà, aux Etats-Unis, soutenus dans leur fermeté par la Grande-Bretagne. L’UNSCOM, qui travaille depuis sept ans en Irak, a fait état de progrès vers la clôture du dossier des armes balistiques irakiennes, mais jugé que celui des armes chimiques comportait encore des incertitudes et que Bagdad lui cachait des choses sur ses armes biologiques. «Mon prédécesseur (le Suédois Rolf Ekeus) a fait prudemment prendre conscience au Conseil de Sécurité qu’il existait un plan de dissimulation dans ce pays. Ce n’est ni choquant, ni surprenant, l’Irak le sait bien. «Plus nous approchons de la fin, plus nous approchons des derniers éléments «dissimulés», plus c’est dur, bien sûr. Mais nous devons nous débarrasser de ces armes. La situation sera alors considérablement assainie. Cette dernière ligne droite pourrait être la plus difficile mais il faut que nous la parcourions, sinon Dieu seul sait ce qui se passera», a-t-il dit. «Exigences limpides» «J’espère sincèrement que nous arriverons avec la partie irakienne à nous entendre sur l’exigence du Conseil de Sécurité que l’Irak se conforme à ses décisions», a dit Butler avant de rencontrer Tarek Aziz, vice-premier ministre irakien et principal interlocuteur de l’ONU. Butler a réaffirmé l’exigence que l’UNSCOM ait accès sans restrictions à tous les lieux qu’elle souhaite inspecter, y compris les «sites présidentiels», dont Bagdad lui interdit l’entrée pour des motifs de sécurité et de souveraineté nationales. «Les exigences du Conseil à cet égard sont limpides. Il a aussi estimé qu’en obtenant cet accès, il fallait trouver les moyens de faire preuve de respect vis-à-vis de la souveraineté, la dignité et la sécurité nationale de l’Irak. Nous allons en discuter. Mais cela ne doit pas déroger au principe du libre accès», a-t-il dit. Pékin et Paris ont réaffirmé hier qu’ils soutenaient cette exigence du Conseil de Sécurité unanime, tout en soulignant que, comme la Russie, ils préféraient voir la crise se régler par la diplomatie que par la force, que Washington et Londres envisagent ouvertement en cas de blocage persistant de la part de l’Irak. Tout en prenant la défense de Ritter, qui «n’est pas un espion», et, a-t-il dit, reviendra en Irak, Butler a eu quelques mots apaisants pour le grief irakien concernant la trop forte coloration anglo-américaine des équipes d’inspecteurs de l’UNSCOM. «Nous choisissons les meilleurs possibles. Mais peut-être à l’avenir faudra-t-il examiner de plus près leurs nationalités», a-t-il concédé en faisant valoir qu’il était venu à Bagdad accompagné de collaborateurs originaires de Chine, du Canada et d’Italie. (Reuters, AFP)
Richard Butler, chef de la commission spéciale de l’ONU chargée de superviser le désarmement irakien (UNSCOM), a rejeté hier l’ultimatum de Saddam Hussein, qui avait menacé samedi dernier de suspendre sa coopération avec les Nations Unies si les sanctions contre l’Irak n’étaient pas levées dans les six mois. Celles-ci, qui frappent plus durement la population que le...