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Actualités - REPORTAGE

Affaire Karamé : la cour et le procureur interrogent Khalil Matar sept heures durant Le brigadier minimise son propre rôle et accuse les Forces Libanaises (photos)

Si au cours de l’audience d’hier, dans le procès de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rachid Karamé, l’objectif du procureur Addoum était d’épuiser le brigadier Khalil Matar (un des 5 inculpés dans cette affaire), il a réussi au-delà de toute espérance. Après 7 heures d’interrogatoire, non seulement les épaules du brigadier se sont voûtées et sa voix est devenue rauque, mais l’assistance — pourtant nombreuse, comme d’habitude dans ce procès — était au bord de l’effondrement, alors que tous les avocats, partie civile et défense enfin d’accord, se plaignaient de mal de dos. Et le procureur, en homme qui sait mesurer son effet, a attendu d’avoir mis tout le monde quasiment KO pour présenter une lettre qu’aurait adressée le brigadier au commandant en chef de l’armée, le général Lahoud, dans laquelle il lui aurait confié que s’il n’a pas parlé auparavant de ce qu’il savait sur l’assassinat du président Karamé, c’est parce qu’il craignait les FL, «je sais quelles réactions elles peuvent avoir, aurait-il écrit, dans ce genre de situation, contre moi et les membres de ma famille». Le brigadier reconnaît, devant la cour, avoir «copié» la lettre et l’avoir signée, mais il affirme que le texte n’est pas de son cru. Il en conteste aussi la date, précisant qu’il a lui-même envoyé la lettre le 18/5/96, alors qu’elle est datée du 15/5/96. Dans le texte, il est fait mention de deux papiers, dans lesquels il aurait fait des aveux complets et les avocats du brigadier, MM. Abou Dib, Abou Sleimane et Salamé, ainsi que sa sœur, Mme Matar, veulent que soient présentés ces deux papiers, alors que le procureur exige d’abord de savoir si le brigadier approuve le contenu de cette lettre et des papiers qui y sont évoqués, avant d’aller plus loin dans son interrogatoire. C’est sur ses entrefaites que le président Honein lève l’audience, à la demande pressante de Me Issam Karam, avocat de Samir Geagea. Il est près de 22 heures... et le prochain rendez vous est fixé au vendredi 23 janvier à midi, cette fois, pour pouvoir terminer l’interrogatoire du brigadier. Au bout de 7 heures d’interrogatoire, une chose est devenue certaine: le brigadier Matar n’est ni le général Fouad Malek, ni Gergès Khoury (condamné dans l’affaire de l’attentat de Zouk), ni encore Manuel Younès (acquitté dans la double tentative d’assassinat du ministre Murr). Dans chacune de ces affaires, un inculpé avait marqué de sa personnalité le cours du procès. Et on croyait avoir déjà obtenu un échantillon complet de la nature humaine, dans ces cas. C’était avant de connaître le brigadier Matar, un homme visiblement effrayé, qui, après avoir eu pouvoir, poste et prérogatives, se retrouve acculé et ne sait plus comment se sortir de ce mauvais pas. D’ailleurs, dans une lettre qu’il a lui-même adressée au juge d’instruction, M. Georges Ghantous, n’avait-il pas écrit: «Je suis un homme qui aime le pouvoir et je considère que la fin, si elle est noble, justifie les moyens»? Interrogé par la cour, il confirme d’ailleurs cette caractéristique, mais on dirait presque qu’il parle d’un étranger, tant l’homme qui comparaît devant la cour de justice a l’air traqué, tout en voulant garder sa dignité. Toutefois, ses contradictions, ses faiblesses et sa réponse facile d’attribuer toutes les lacunes de ses interrogatoires à son état d’effondrement au moment des enquêtes préliminaires, ont quelque chose de pathétique, tant il semble clair que l’homme ne s’attendait nullement à se retrouver dans le box des accusés, lui qui croyait en son destin. Pour comprendre aussi l’état d’esprit du brigadier, il faut aussi revivre le contexte de l’époque, où les forces dites de facto contrôlaient le terrain et faisaient totalement la loi, obligeant tous ceux qui voulaient jouer un rôle à se retrouver dans leurs sillages... Matar est apparu hier comme un homme qui croit pouvoir s’en sortir, en minimisant totalement son rôle. Curieusement, toutes les phrases figurant dans ses précédents interrogatoires et qu’il a contestées devant la cour portent d’ailleurs sur l’implication des FL et le rôle de leur chef, Samir Geagea, en particulier. Certes, Matar a déclaré à plusieurs reprises que devant la cour, il ne dit que la vérité, mais cette coïncidence est assez curieuse. Si Matar est une personnalité complexe qui fera encore couler beaucoup d’encre, il faut aussi préciser que le président de la cour, M. Mounir Honein, a, lui aussi, un style tout à fait nouveau. Son prédécesseur, M. Philippe Khairallah, était d’une courtoisie extrême, à tel point que l’assistance en arrivait à ne plus distinguer l’inculpé du témoin. Le président Honein, lui, entend remettre chacun à sa place. Très ferme pour ce qui est de la distribution des rôles, il n’hésite pas à crier et à frapper de son maillet, mais il sourit aussi lorsqu’un avocat, généralement Me Karam, lance une plaisanterie et surtout, il travaille en coopération étroite avec ses assesseurs, auxquels il donne souvent la parole. Pakradouni agréé Ouverte à 14h, l’audience commence par la lecture du président Honein de la décision de la cour concernant l’affaire dite Pakradouni. Cette décision fera d’ailleurs jurisprudence, tant elle est circonstanciée et profonde. La cour a d’abord tenu compte du droit de l’inculpé à choisir son avocat, dans le cadre du droit sacré de la défense. Certes, ce droit ne doit pas être en contradiction avec celui du parquet et selon la cour, le fait qu’un avocat de la défense soit témoin du parquet n’est pas une contradiction en soi, puisqu’il n’y a pas d’interdiction absolue. Les seules limites consistent à ce que dans le cadre de son témoignage, l’avocat respecte les exigences du secret professionnel. Celui-ci est défini par «tout ce que l’avocat apprend ou surprend dans le cadre de l’exercice de sa profession et après avoir pris en charge la défense de son client». La cour autorise donc Me Pakradouni à défendre Samir Geagea dans cette affaire et elle verra plus tard si elle l’entendra en premier ou si elle lui demandera de sortir au moment de l’audition des témoins qui le précéderont à la barre. Me Pakradouni est tout ému. Il sort de la salle et revient une minute plus tard en robe et avec un énorme dossier. Désormais, il s’assied avec les avocats de la défense. Cela ne l’empêchera pas toutefois, au bout de quelques heures, de se déplacer vers les bancs réservés à la partie civile, légèrement plus dégagés. Me Badawi Abou Dib présente ensuite une note écrite au président, dans laquelle il relève plusieurs erreurs matérielles dans le procès verbal de l’interrogatoire de son client, Khalil Matar, au cours de l’audience précédente. Pour Me Abou Dib, ces éléments sont très importants d’autant que Matar a, selon lui, été inculpé justement à cause de certaines phrases qu’il aurait dites au cours de l’enquête préliminaire et qu’il a niées devant la cour. Il en appelle ensuite à la conscience et à l’intégrité du président. Le procureur Addoum lui répond qu’il confond entre le fond et la forme. «Matar, dit-il, n’est pas poursuivi sur base de certaines phrases, mais parce qu’il est accusé d’avoir participé au crime». Le président propose de rectifier les erreurs ou en tout cas de reposer les questions qui auraient donné lieu à des lacunes. Les avocats de la défense et ceux de la partie civile veulent engager un débat, mais le président les interrompt et entame l’interrogatoire de Matar. Problèmes de phrases Le brigadier précise ainsi que lorsque Ghassan Touma lui a parlé la première fois de l’assassinat de Karamé, au restaurant «Dalouna», 15 jours avant le drame, il ne lui avait pas parlé d’un plan. Il lui avait simplement parlé d’un projet. Voyant son intérêt pour le sujet, il lui aurait déclaré que les SR de l’armée comptent assassiner le président Karamé. Il aurait ensuite promis de lui en dire plus ultérieurement. Mais Touma ne l’a plus contacté pendant une dizaine de jours, l’appelant samedi, c’est-à-dire deux jours avant le crime. D’ailleurs, une longue discussion va avoir lieu au sujet de ce contact téléphonique de samedi. Dans ses interrogatoires préliminaires devant l’enquêteur militaire et devant le juge d’instruction, Matar aurait dit que Touma lui aurait demandé de se rendre chez lui le lundi 1er juin tôt le matin. Comme il demandait pourquoi, celui-ci lui aurait répondu: «Pour le sujet dont je t’ai parlé. Que dirais-tu si nous décidions de les devancer?» Aussi bien la cour que le procureur Addoum poseront de multiples questions sur ce point, d’autant que Matar nie devant l’assistance que Touma ait prononcé une telle phrase. Sa version est la suivante: Touma n’aurait pas dit ces mots, mais c’est lui, qui, interrogé par les enquêteurs militaires et parce qu’il était en pleine dépression, les aurait inventés, en cherchant à deviner pourquoi Touma a requis sa présence le lundi. Il raconte même que dans la première version, l’enquêteur aurait écrit «Que dirais-tu si on les devançait dans cette affaire?» Mais il aurait vivement protesté et aurait réclamé d’ôter «dans cette affaire». Cette expression modifie en effet la signification de la phrase et laisse clairement entendre que Matar était au courant du projet des FL d’assassiner Karamé. L’enquêteur aurait recopié le procès-verbal et serait venu pour le lui faire signer, après avoir enlevé «dans cette affaire». Pourquoi a-t-il accepté que soit maintenue la première partie de la phrase qu’il affirme avoir inventée et qu’il a attribuée à Ghassan Touma? Matar précise qu’il n’en a pas mesuré l’importance, puisqu’à ses yeux, elle signifie simplement «nous voulons les devancer (les SR) pour saboter leur projet». Cette phrase est pourtant cruciale, puisqu’elle laisse entendre que Matar a su dès samedi que les FL comptaient assassiner le premier ministre, alors qu’il affirme devant la cour ne l’avoir appris qu’à bord du bateau, au large de l’Aquamarina, lundi matin. Quoi qu’il en soit, pourquoi n’a-t-il pas informé son commandement de l’affaire? Matar se lance dans un long exposé sur la situation à l’époque et sur la toute-puissance des FL, rappelant que de nombreux officiers ont été assassinés, mais que nul ne s’est retrouvé devant un tribunal pour être jugé dans ces affaires. Le président Honein lui demande alors comment il a osé saboter les avions de sa base, à Halate, lors de l’éclatement de la guerre dite d’élimination, afin qu’ils ne soient pas utilisés par les FL. Le brigadier répond que le sabotage s’est fait d’une façon indécelable et nul ne pouvait deviner qu’il avait été accompli intentionnellement. Interrogé sur les communiqués des FL hostiles au premier ministre Karamé, il affirme qu’il ne s’est jamais occupé de politique. Il avait pourtant expliqué, au cours de la précédente audience, son rôle dans le sauvetage de la base de Kleyate (au Nord-Liban) dont il était responsable au début de la guerre, puis son rôle dans la lutte contre Israël, etc. Et le procureur lui demande si tout cela n’est pas de la politique? Mais il se contente de répéter qu’il ne s’y intéresse pas. Il est ensuite longuement interrogé sur son poste émetteur-récepteur de type Geneva que Touma lui avait demandé d’amener avec lui, lundi matin. Selon lui, ce poste n’est d’aucun intérêt dans l’affaire de l’assassinat, puisqu’il ne permet de communiquer qu’avec les pilotes de Halate (dont il était responsable), alors que l’hélicoptère, selon l’acte d’accusation, aurait été piégé à Adma. Dans l’acte d’accusation, c’est grâce à ce poste que Touma et ses compagnons auraient décelé le survol du premier hélicoptère et c’est toujours grâce à lui qu’ils ont su que ce n’était pas le bon puisqu’ils y ont entendu la voix du pilote dire «proceeding to Adma». Matar nie l’importance de ce poste et précise que s’il l’a branché à bord du bateau, c’est à la demande de Touma, qui, le voyant troublé par l’annonce du fait que les FL vont faire exploser l’avion transportant le président Karamé, lui aurait demandé de brancher son poste «pour s’amuser». De plus, selon lui, s’il a entendu «proceeding to Adma», c’est parce que le pilote répondait à une question de la base de Halate sur sa destination. Il précise aussi que même si Touma ne lui avait pas demandé de l’amener avec lui, il l’aurait probablement fait, car il ne s’en sépare jamais, pendant les heures de vol de ses pilotes. Toutefois, aux questions de la cour, il répond que son poste permet effectivement d’entrer en contact avec les pilotes, alors que celui de Touma ne peut le faire. Il confirme avoir utilisé l’expression «tour de contrôle mobile», mais il ajoute qu’elle avait été mal interprétée, puisqu’il voulait simplement souligner l’importance de son poste pour la communication avec ses pilotes. Etat de choc Racontant sa version des faits, Matar rapporte ce dialogue entre Touma et lui, dans la cabine interne du bateau. Touma lui aurait dit «Il vient à bord d’un hélicoptère». «Qui ?», aurait-il demandé. «Le président Karamé». «Qu’est-ce que cela signifie? Y a-t-il un renversement de situation? Est-ce vous qui allez le tuer?». Et lorsque le président lui demande qu’est-ce qu’il entend par «vous», il répond: «Les Forces libanaises». Le président veut ensuite savoir pourquoi Matar portait une tenue de sport (short et espadrilles), comme s’il savait qu’il allait faire un tour en bateau. Mais Matar précise qu’il s’apprêtait à faire du sport, estimant que Touma avait trop tardé à l’appeler (alors qu’il lui avait promis samedi de le faire tôt). Mais le président insiste: comment s’apprêtait-il à sortir à 7h30, alors qu’il attendait un coup de fil de Touma, qu’il craignait tellement. Mais Matar maintient ses propos, précisant qu’il a attendu son téléphone jusqu’à 7h30. Pourtant, au cours de l’enquête préliminaire, il avait précisé que Touma l’avait contacté entre 6h et 7h. Interrogé sur cette contradiction, il répète qu’il était alors en état de choc, mais il se souvient ne pas avoir dit 6h à l’enquêteur. Matar nie ensuite les propos d’Antoine Chidiac (qui est aussi inculpé dans cette affaire) et qui se trouvait à bord du bateau. Ce dernier avait affirmé avoir entendu Matar dire au passage du premier hélicoptère: «Ce n’est pas ça». Matar précise alors que le bateau est vieux (ce n’est pas un «Hawk» comme le dit l’acte d’accusation), ses moteurs sont bruyants et leur couvercle est à 80 cm du sol. De plus, selon lui, Chidiac se trouvait à l’autre bout, à la place de Ghassan Menassa (l’homme qui selon l’acte d’accusation et la déposition de Matar aurait pressé la radio-commande). Il veut laisser entendre par là que Chidiac était trop loin de lui et ne pouvait entendre ce qu’il avait dit. De toute façon, la cour reviendra certainement sur ce point, lors de l’interrogatoire de Chidiac. Matar nie aussi avoir eu un nom de code «parapluie» aux FL. Pourtant, les FL donnaient des noms de code à de nombreux personnages, même s’ils ne travaillaient pas avec eux (comme le chef de l’Etat, etc.). Il répète qu’il a reçu de Touma au total 9 à 10.000 dollars, et il reconnaît que ces sommes ne venaient pas de Touma lui-même, mais des FL. Pour justifier le fait qu’il ait encaissé de l’argent qu’il a d’ailleurs dépensé pour l’entretien de la base et en guise d’aide humanitaire aux soldats nécessiteux, il répète combien il était dur d’être dans la région de Halate et de ne pas être en accord avec les FL. Il raconte comment une fois, ayant tardé à rappeler Touma, les FL qui avaient une position à 30 m des pistes de Halate se sont mises à jeter des bouteilles vides sur le tarmac. Il parle ensuite de ses positions nationales et du fait qu’il a lui-même appelé les forces syriennes à l’aide pour sauver la base de Kleyate de la percée de l’Armée du Liban arabe. Addoum lui rappelle que devant le juge, il dit avoir reçu entre 1800 et 2000 dollars régulièrement des FL. Il nie cela, se contentant de dire qu’il recevait régulièrement et ce jusqu’au premier clash entre les FL et l’armée des enveloppes contenant 800 dollars. Il répète que c’est son commandement qui lui demandait, comme il le faisait d’ailleurs avec tous les officiers responsables de positions, d’établir des contacts étroits avec les forces de facto. Addoum lui demande s’il était nécessaire qu’il devienne aussi ami avec Touma, allant même jusqu’à utiliser sa ligne internationale à son bureau au bâtiment du service de sécurité à la Quarantaine et il répond qu’il n’a parlé que 2 ou 3 fois avec les Etats-Unis parce que la famille de sa femme y est installée. De plus, son amitié avec Touma a permis de circonscrire de nombreux incidents entre ses soldats et les FL, à Halate. Interrogé aussi, il affirme avoir vu Samir Geagea quatre fois, mais jamais en tête à tête, alors que précédemment, il avait dit l’avoir vu deux fois seulement. Il dévoile ensuite qu’après la fin de la guerre entre les FL et l’armée, on aurait tiré sur son bureau à Halate, alors qu’il se trouvait sur le balcon et on lui aurait dit que le témoin José Bakhos (qui aurait fait un témoignage dans lequel il lui aurait donné un plus grand rôle dans le crime) aurait été l’une des deux personnes qui ont tiré. Matar déclare ensuite qu’il n’a participé à aucun crime et que dans l’affaire Karamé, il est un témoin de la vérité. Addoum lui demande s’il avait été chargé par son commandement de survoler le camp de Aïn Héloué et si, au cours de sa mission, il avait tiré sur le camp, ce qui lui avait valu une sanction que son supérieur, le général Fahim Hajj, avait annulée par la suite. Matar nie la sanction, précisant qu’il avait tiré sur des éléments armés qui avaient aux-mêmes tiré sur son avion. Mais Addoum présente à la cour un document attestant ses dires. Matar nie ensuite la phrase qui figure dans ses premiers interrogatoires et selon laquelle, à bord du bateau, Touma lui aurait dit: «Geagea te salue et il est très content que tu sois avec nous». Cette phrase est capitale car elle est la seule qui déclare explicitement que Geagea aurait été au courant de l’assassinat de Karamé. Matar déclare que s’il l’a dite au cours de l’enquête préliminaire, c’est parce qu’il voulait en finir et que l’enquêteur ne pouvait croire qu’il n’y avait aucun lien entre lui et Geagea. Et Addoum lui demande s’il a l’habitude d’impliquer des personnes innocentes lorsqu’il fait des dépressions. «Non, je n’implique pas des innocents. Mais j’étais trop las pour rectifier. Je pensais que je le ferais devant mon supérieur, le commandant en chef de l’armée. J’ai d’ailleurs demandé à le voir. Mais on m’a dit: écris-lui une lettre. Ce qui m’a causé un nouveau choc...». C’est là qu’il dit qu’il n’a pu rédiger la lettre. On lui a écrit le contenu et il l’a recopiée et signée. «Je ne me souviens que de l’expression «mon général», dit-il. Addoum brandit aussitôt la lettre, dans laquelle Matar mentionne sa peur permanente des FL «car je connais leurs réactions, dans ce genre de situation, à mon égard et contre ma famille», et évoque deux papiers qu’il a signés et dans lesquels il aurait fait des aveux complets. Ces deux papiers font d’ailleurs l’objet d’une polémique entre les avocats de Matar et le procureur et le président y met un terme en levant finalement l’audience. Vendredi, Addoum poursuivra l’interrogatoire de Matar. Mais les avocats de la partie civile, ainsi que ceux de la défense, particulièrement Me Pakradouni, attendent aussi leur tour. Matar a encore tant à dire... Scarlett HADDAD
Si au cours de l’audience d’hier, dans le procès de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rachid Karamé, l’objectif du procureur Addoum était d’épuiser le brigadier Khalil Matar (un des 5 inculpés dans cette affaire), il a réussi au-delà de toute espérance. Après 7 heures d’interrogatoire, non seulement les épaules du brigadier se sont voûtées et sa voix...