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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Europe se mobilise contre le clonage humain

L’Europe a entamé, hier à Paris, une mobilisation sans précédent contre le clonage d’êtres humains au moment où la décision d’un chercheur américain de réaliser un clonage déclenche une vive réaction de l’Administration Clinton et de chercheurs en bioéthique. Le président Chirac, pour sa part, avait mis en garde, hier devant la conférence des comités d’éthique européens, contre «les dérives du clonage humain» (VOIR PAGE 8). Dix-neuf pays européens ont signé hier soir au ministère français des Affaires étrangères un texte qui, de fait, sera le premier instrument juridique international contraignant, interdisant le clonage d’êtres humains et sanctionnant cette pratique. Il n’entrera toutefois en vigueur qu’une fois ratifié par cinq des signataires. Ce protocole complète une Convention européenne sur la biomédecine signée par 22 des 40 pays membres du Conseil de l’Europe. Il exclut toute dérogation à l’interdiction de créer des êtres humains génétiquement semblables à un autre, vivant ou mort, et quelle que soit la technique. Il prévoit de lourdes sanctions pénales en cas d’infraction constatée dans les pays européens. Ces sanctions s’accompagneront d’une interdiction d’exercer pour les chercheurs et praticiens et de la suppression des licences des laboratoires ou cliniques concernés. Des poursuites pourront être engagées contre des laboratoires ou des citoyens européens qui ouvriraient des cliniques en dehors de l’Europe. Le texte a été signé par le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, l’Islande, l’Italie, la Lettonie, le Luxembourg, la Moldavie, la Norvège, le Portugal, la Roumanie, Saint-Marin, la Slovénie, l’Espagne, la Suède, la Macédoine et la Turquie. Il est ouvert à la signature des autres pays membres du Conseil de l’Europe et à d’autres Etats qui ont participé à son élaboration, en particulier l’Australie, le Canada, le Japon, le Vatican et les Etats-Unis. «Le clonage d’êtres humains serait une prédétermination de l’enfant à naître et la porte ouverte à un eugénisme collectif», a déclaré le ministre français de la Justice, Elisabeth Guigou, après avoir signé le protocole au nom de la France. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Daniel Tarschys, a pour sa part mis en garde contre cette pratique, «menace pour l’identité de l’individu». «Il est dans l’intérêt des droits de la dignité de l’homme de préserver la nature fondamentalement aléatoire de la composition du patrimoine génétique des individus», a-t-il commenté. La question du clonage d’êtres humains est d’actualité depuis qu’un chercheur américain, Richard Seed, a annoncé son intention de procéder à brève échéance à une telle expérience et de mettre en place dans la région de Chicago une clinique de clonage humain destinée à créer des enfants pour des couples stériles. Le secrétaire américain à la Santé Donna Shalala a qualifié Richard Seed de «scientifique fou» et assuré que «le président Clinton et ce pays sont opposés au clonage humain». «La communauté scientifique est unanime sur ce point. Nous obtiendrons une loi. Le Dr Seed ne clonera pas d’être humain dans ce pays», a-t-elle prédit. Le président Bill Clinton a appelé samedi le Congrès à voter rapidement une loi interdisant le clonage humain aux Etats-Unis. En France, la question du clonage a également été évoquée au plus haut niveau. Jacques Chirac a ainsi déclaré hier devant la conférence permanente des comités d’éthique européens qu’«on ne résoudra rien en interdisant certaines pratiques dans un pays si les chercheurs et les médecins peuvent les développer ailleurs». Faisant allusion aux projets de Richard Seed, le président français a affirmé que «c’est ainsi que l’on empêchera des dérives aussi importantes que celles qui viennent d’être publiquement envisagées aux Etats-Unis».
L’Europe a entamé, hier à Paris, une mobilisation sans précédent contre le clonage d’êtres humains au moment où la décision d’un chercheur américain de réaliser un clonage déclenche une vive réaction de l’Administration Clinton et de chercheurs en bioéthique. Le président Chirac, pour sa part, avait mis en garde, hier devant la conférence des comités d’éthique...