La secousse asiatique fait trembler les places financières mondiales (photo)

Nouveau rebondissement de la crise financière asiatique, la faillite officielle de Peregrine, la plus importante banque d’investissements de Hong-Kong, a semé le trouble sur les places financières qui de Hong-Kong à Londres en passant par Francfort ou Moscou ont enregistré des baisses spectaculaires hier . L’épicentre de ce nouveau séisme, le énième depuis juillet dernier, se situait à Hong-Kong où Peregrine a été mise officiellement en liquidation hier tandis que les banques du territoire relevaient sensiblement leurs taux d’intérêt. Après avoir connu une petite accalmie à la fin 1997, toutes les places du sud-est asiatique ont réagi à cette nouvelle catastrophe financière: Hong-Kong et Singapour cédaient 8,7%, Bangkok 3% et Bombay 3,8%. Djakarta a cependant progressé de 2,1% ainsi que Manille, qui a repris 1%, et Séoul, qui a grimpé de 3,5%. L’onde de choc s’est propagée en Europe mais aussi aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Russie. Francfort a fermé ses portes sur une perte de 3,5%, Londres a abandonné 1,35%, Zurich 3,10%, Madrid 0,84%, Milan 0,21% et Amsterdam 2,4%. La Bourse de Paris a perdu 1,96% après un recul de 3,7% en cours de séance. Shaun Roache, responsable de la stratégie chez ING Barings à Londres, a affirmé que les investisseurs ont trois sujets de préoccupation en Asie: les turbulences financières, l’impact du ralentissement économique sur les exportations européennes et le risque d’une crise de la dette dans la région. A Moscou, les valeurs russes abandonnaient 10%, Tel-Aviv reculait de 3,2% et Sao Paulo perdait 4,6% en cours de séance en attendant l’ouverture de Wall Street. La Bourse américaine, dont l’évolution est primordiale pour les autres marchés, baissait de 130 points avant de repartir à la hausse: vers 16h20 GMT, le Dow Jones progressait de 0,50% à 7.619,03 points. Vendredi, il avait abandonné 2,85%. Le rendement des obligations du Trésor américain à 30 ans, principale référence, s’établissait à 5,68%, soit le rendement le plus bas depuis l’introduction de ces titres aux Etats-Unis. Même si le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Michel Camdessus, juge que la situation de la Corée du Sud est «nettement meilleure» qu’en novembre, les milieux d’affaires et politiques sont anxieux. «Il y a trop de nouvelles négatives dans la région», estime Herman Chu, analyste chez Anglo Chinese Securities. Les industriels allemands redoutent une perte de compétitivité de leurs produits dans le monde alors que l’économie du pays reste essentiellement portée par les exportations. Detlef Boehle, expert à la Chambre de commerce et d’industrie, s’attend par exemple à une grande agressivité commerciale de la Corée du Sud. Réunis comme chaque mois à Bâle, les gouverneurs des banques centrales des dix pays les plus industrialisés ont assuré lundi qu’«un retour à la confiance interviendra prochainement». Hans Tietmeyer, le président de la Bundesbank, a par ailleurs déclaré que les perspectives économiques pour les pays du G10 étaient «relativement favorables» actuellement mais qu’il existait le risque «d’un impact potentiel» de la crise asiatique. Après les aides apportées notamment à la Corée du Sud par les instances monétaires internationales à la fin 1997, les milieux financiers occidentaux espéraient la crise financière asiatique circonscrite. Au cours des premières séances de 1998, de nombreuses bourses repartaient de l’avant, cherchant à retrouver leurs records. C’était notamment le cas pour Paris qui, lundi dernier, se retrouvait à 22 points seulement en dessous de son record absolu affiché le 3 octobre dernier (3.094 points). Mais les milieux financiers commencent à s’inquiéter des conséquences de la crise sur les résultats des sociétés notamment financières ou industrielles (luxe, acier, etc.). (AFP, Reuters)